Grande affaire du quinquennat, l’école aura disparu des voeux présidentiels pour 2016, sauf à considérer l’apprentissage come le nec plus ultra de l’éducation nationale. L’année 2016 verra la mise en place hative de la refondation afin que se prépare déjà un autre horizon politique.
Pour les enseignants, 2016 s’ouvre par la publication durant les vacances de tous les textes organisant l’évaluation des élèves à l’école et au collège. Des textes qui mettent fin à un débat lancé par B. Hamon dans la suite de la loi d’orientation de 2013. Au final, c’est un compromis que met en place N Vallaud-Belkacem pour mettre fin à un sujet épineux.
Des nouveaux programmes à tous les étages
2016 devrait voir la même accélération pour les nouveaux programmes. Là le ministère fait de l’inédit. Ce sont tous les nouveaux programmes de l’école et du collège qui devraient entrer en application en même temps en septembre 2016. Le fait que ce rythme soit impossible à tenir pour les enseignants ou que l’argent manque pour changer les manuels ne semble pas arrêter le ministère. Au collège, l’Etat ne financera que la moitié des manuels. A l’école, les maires se débrouilleront…
La réforme du collège mal engagée
La réforme du collège est menée avec la même rapidité. Du terrain remonte bien du mécontentement. Même si les manifestations ont été modestes depuis la fin de l’année scolaire, on sait que les réunions de formation se passent plus souvent que d’habitude difficilement. C’est vrai dans des académies réputées contestatrices mais des échos d’académies perçues comme plus « faciles », comme Besançon par exemple, montrent que l’opposition à la réforme ne faiblit pas. Les rectorats travaillent d’arrache pied à réduire cette opposition notamment par des cartes des langues qui multiplieraient les bilangues de continuité en allemand. Elles étaient promises pour fin décembre et sont très attendues.
Toute cette précipitation tient au calendrier présidentiel. Il faut tourner la page des réformes pour amorcer la campagne sous de meilleurs auspices. Le budget 2016 devrait apporter des créations de postes visibles à l’école et au collège et donc une amélioration perceptible sur le terrain. Ce sera peut-être au prix d’une dégradation au lycée où la croissance démographique va se poursuivre.
La réforme de l’évaluation à venir
Une dernière réforme reste à faire en 2016. La ministre a promis une réforme de l’évaluation des enseignants. Le sujet est extrêmement dangereux. L’encadrement souhaite une évaluation administrative renforcée qui lui semble le seul moyen de gouverner l’institution. L’échec du décret Chatel sur l’évaluation des enseignants du secondaire est toujours vécu par de nombreux membres des corps d’encadrement comme une reculade inadmissible. La ministre devra trancher entre une conception très partagée par l’encadrement et son rejet par les enseignants. La récente réforme du référentiel des inspecteurs montre que l’inspection individuelle restera de toutes façons la norme de l’évaluation des enseignants.
Ecole sécuritaire ou inclusive ?
2016 sera-t-elle l’année d’un remaniement ministériel marquant le changement de cap ? C’est déjà l’atmosphère politique qui change. La campagne se fait sur les questions sécuritaires. L’école n’y échappe pas. La transmission des valeurs nationales est devenue un objectif prioritaire comme la détection des risques de radicalisation. Comment concilier cette atmosphère politique, pour ne pas dire politicienne, de plus en plus pesante avec les idéaux de la loi d’orientation ? Pour la ministre, c’est probablement le principal défi des mois à venir.
François Jarraud