Laura Navarro, professeure d’espagnol dans l’académie de Versailles à l’EREA de Montgeron, nous présente le travail qu’elle a mené avec ses élèves par le biais d’eTwinning. Récemment, elle nous avait présenté son projet de webradio franco-espagnole. Aujourd’hui, son deuxième projet, sélectionné pour le 8e Forum des Enseignants Innovants, met en relation des élèves de l’EREA Jean Isoard et une classe ULIS du collège Prado de Santo Domingo en Espagne. Par le jeu de l’interdisciplinarité, de l’usage des TICE et d’un travail d’équipe affirmé, la collaboration devient gage de réussite et de partage.
Qui a participé à cette aventure?
Ce projet a été réalisé exclusivement avec des élèves TSA/TSL, TDAH: les élèves de l’EREA Jean Isoard à Montgeron et les élèves de la classe ULIS du collège Prado de Santo Domingo de Alcorcón. Compte-tenu du manque d’autonomie et des difficultés des élèves, ils ont travaillé par groupe de 2/3. Chaque élève français avait un partenaire espagnol, et ont « enquêté » autour des différents évènements qui se sont déroulés dans la vie de Dali, en France et à l’international à chaque période de sa vie.
Quels objectifs vous étiez-vous fixés lors du lancement de ce projet?
Les objectifs étaient connaître la vie et l’œuvre de Dalí, développer les outils linguistiques en langue cible et source, développer la créativité et favoriser les usages des TICE dans le cadre du développement de la connaissance et de la créativité
En utilisant eTwinning, vous mettez le travail collaboratif au coeur du projet. Comment vous en emparez-vous dans les activités quotidiennes de la classe?
Tout d’abord, j’ai écrit en grand sur la porte de ma salle « somos un equipo, juntos podemos » (nous sommes une équipe, ensemble nous pouvons »). Tel est l’esprit d’un projet eTwinning, et de mon enseignement en général, où je tente d’insuffler des valeurs qui me sont chères, comme « le dépassement de soi » , « l’entraide », « la coopération », « le partage », « l’esprit d’équipe ».
Afin de susciter la motivation et l’intérêt des élèves, nous avons mis en place un panneau en liège qui reprenait tous les objectifs de notre projet et qui a évolué tout au long de l’année.
Ainsi, les élèves ont pu avoir un visuel sur le travail accompli. Aussi, nous nous sommes envoyés des photos de la classe et avons communiqué via Skype et cartes postales afin de rendre ce projet « moins virtuel » et afin de se fixer des objectifs communs.
La communication a été réalisée via le forum du Twinspace et Skype. Avec les élèves nous nous sommes fixés des objectifs et échéances ensemble. Nous avons également utilisé l’ENT Lilie et réalisé un cahier de texte destiné exclusivement au projet eTwinning.
Les élèves français et espagnols ont tenté de se compléter. Lors des échanges via Skype, les élèves ont pu se mettre d’accord sur quelles parties ils souhaitaient travailler. Les élèves espagnols ont effectués les recherches qui correspondaient à la biographie de Dalí, les élèves français ont pu reformuler en espagnol les informations sélectionnées au préalable.
Pour ce qui est de la partie « France », « Espagne » et « International », les élèves se sont repartis les évènements, ont effectué les recherches et ont rédigé leurs articles. Les élèves espagnols étaient là pour corriger les articles des élèves français étant donné que l’espagnol est leur langue maternelle. Les élèves français et espagnols ont écrit sur un Edupad (document collaboratif), ainsi les élèves espagnols pouvaient corriger les fautes et à tout moment nous pouvions voir où en était le travail.
Pour l’émission de radio finale, les élèves ont, via Skype, listé quelques personnages que Dalí a connus dans sa vie. Les français ont écrit et enregistré des questions, les espagnols ont répondu, et les élèves français ont procédé à l’assemblage de tous les enregistrements grâce à Audacity.
L’ interdisciplinarité a également joué un rôle important. Lequel?
Ce projet a été intégré dans l’enseignement de l’Histoire des Arts. En effet, avec la collègue d’arts plastiques, nous avons pu travailler en interdisciplinarité. Grâce à leur connaissance de la vie de Salvador Dalí via le cours d’arts plastiques et le projet eTwinning (approfondissement de sa vie, connaissance de ses principales œuvres), les élèves ont pu développer leur mémorisation (une problématique chez les élèves DYS).
Ce travail a donc été bénéfique pour l’épreuve d’Histoire des Arts et a permis aux élèves de travailler en équipe, coopérer, prendre des initiatives et d’acquérir un vocabulaire basique adapté au niveau, faire des efforts de prononciation. Ils ont bien compris que le résultat final dépendait de l’implication et de l’investissement de chacun d’entre eux.
Pourquoi avez-vous fait le choix de mettre Salvador Dalí au centre des interactions?
Tout simplement parce que c’est mon artiste préféré ! et que je tente de communiquer ma passion pour la culture hispanique et ses figures majeures au sein de mes cours. Si je sais qu’on va parler de Picasso ou de Frida, je mets mon T-shirt Picasso, Frida… ! si on fait de la web-radio, je sors mon T-shirt Webradio hispánica ! Je ne me déguise pas en prof d’espagnol, je le vis à 100% avec les élèves.
Enfin, pouvez-nous parler des réalisations qui témoignent de la réussite des élèves grâce à ce projet?
Dans le cadre du projet eTwinning, nous avons réalisé 4 revues collaboratives Le Dalí Parisien et une émission radio conjointe. Aussi, grâce à ce projet, nous avons pu réaliser des activités annexes au collège autour de Salvador Dalí: réalisation d’une émission Webradio Histoire des Arts spéciale Dalí, visite de l’Espace Dalí à Paris, exposition des œuvres crées par les élèves (création d’un Espace Dalí) dans le hall du collège.
Nous avons obtenu le label européen pour ce projet . Nous sommes le premier EREA de France à l’obtenir. Les élèves sont désormais convaincus que « Seul on va plus vite, mais qu’ ensemble on va plus loin ».
La remise des prix a été réalisée début décembre, à l’EREA en présence de Béatriz Beloqui, IA- IPR d’espagnol, Blandine Boureau, correspondante eTwinning pour l’Académie de Versailles et Madame Cognard, Directrice de l’EREA. Les élèves étaient très fiers et moi aussi. Ce label témoigne de la réussite des élèves et nous motive à continuer à travailler en équipe pour progresser et réussir ensemble.
Propos recueillis par Stéphanie Fizailne