La pédagogie inversée est-elle en train d’évoluer ? Nicolas Olivier fait partie des pionniers de cette nouvelle pratique pédagogique. En trois ans, il voit ses pratiques de classe changer avec un fil directeur : la personnalisation. C’est ce projet qu’il a présenté au 8ème Forum des enseignants innovants.
Professeur au lycée J Monnet de Franconville (95), Nicolas Olivier est déjà un utilisateur expérimenté de cette pédagogie. Au point d’avoir constitué un groupe de travail qui alimente maintenant régulièrement en capsules vidéo le site académique de Versailles et qui fait référence pour les enseignants de SES.
Vous arrivez à une certaine maturité dans la pratique de la classe inversée . Comment expliquez vous son succès ?
Le point fort de la pédagogie inversée c’est mettre en activité les élèves. On dégage du temps de cours pour mettre en activité les élèves de façon différenciée. Comme les élèves travaillent en classe au lieu d’écouter, le professeur a plus de temps pour personnaliser son enseignement. Il est plus près des élèves et les connait mieux.
Qu’est ce qui a évolué depuis les premiers temps de la classe inversée ?
Au début on faisait des vidéos et on ne savait pas trop comment les intégrer au cours. On a maintenant quelque chose de beaucoup plus affiné. Concrètement les élèves visionnent la vidéo chez eux. Au début du cours il y a toujours une séance d’introduction qui installe une démarche inductive. On fait un debriefing au début du cours. En revenant sur le questionnaire on vérifie ce qui est acquis du cours et on prolonge avec des exercices simples. Ca permet de repérer ce qui pos encore problème. Et on le fait avec un souci d’individualiser.
Ensuite on lance une tache finale en groupe. Les élèves ont quelque chose de précis à faire. En fin du cours je ramasse le travail des 10 groupes qui sera évalué.
On peut dire que le cours est fait à la maison et qu’en classe on fait étude avec des exercices ?
C’est plus que cela. Il y a plein d epetits moments de mise en commun où on explicite ce qu’on fait. Et surtout on accompagne de façon individuelle les élèves.
Est-ce une réponse aux inégalités scolaires ?
En partie oui car on connait bien mieux les élèves. On repère ce qui ne va pas. J’ai le temps d eprendre 10 minutes avec un élève en particulier pendant que les autres travaillent. Pour moi c’est très important. C’est exactement ce que je cherche avec la pédagogie inversée.
Peut-on imaginer que toutes les classes d’un établissement utilisent cette pédagogie ?
Je me suis posé la question. Ce que me disent les élèves c’est que le temps pris par le visionnage concentré de la vidéo c’est environ 30 minutes. Comme ils ont deux vidéo par semaine , on peut dire que les SES leur prennent une heure par semaine à la maison. Ca laisse du temps pour les autre disciplines.
Pour nous ça veut dire qu’il faut penser à faire des vidéos courtes et bien ciblées. C’ets ce qu’on essaie de faire dans le groupe d etravail académique en produisant des vidéos qui sont bien centrées sur le programme sans trop en dire pour permettre le travail d’approfondissement qui va suivre.
En quoi cette démarche st-elle bien adaptée aux SES ?
En ce qu’elle met réellement les élèves au travail. Dans le cours dialogué on échange en fait avec un petit groupe d’élèves. Le professeur est au centre d e tout. Là on casse cela. Les élèves sont obligés de s’investir et le professeur valide le travail de chacun.
Qu’avez vous appris en vous lançant dans cette démarche ?
Beaucoup de choses sur les élèves. Jusque là je voyais la classe comme un bloc. Maintenant je vois mieux les différences entre les élèves. Je les découvre. Intellectuellement je suis plus satisfait de ma pratique pédagogique. J’ai l’impression de mieux remplir ma mission de service publique de donner gratuitement accès à la connaissance.
Propos recueillis par François Jarraud