« On est défavorables à la sélection… On veut assurer la démocratisation de l’enseignement supérieur ». N Vallaud-Belkacem et T Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, ont soigneusement balisé leur intervention sur les « améliorations » apportées à APB, le dispositif d’orientation post bac. De nouvelles règles sont mises en place pour désengorger les filières les plus demandées. Le ministère semble enfin décidé à faire appliquer la loi sur les quotas de bacheliers professionnels et technologiques. Mieux adapter l’offre et la demande est une bonne chose, surtout si l’offre arrive à suivre..
« Parmi les élèves entrés à l’école en 1995, 40% des enfants de cadres supérieurs ont un master contre 4% des enfants d’ouvriers ». N. Vallaud-Belkacem rappelle l’objectif fixé par le gouvernement de démocratiser le supérieur. Et pour cela il faut disposer d’un outil d’orientation. Depuis 2009 c’est APB qui décide de l’affectation dans le supérieur de près de 600 000 lycéens chaque année.
APB a ses ratés. En 2013, chez les bacheliers généraux et technologiques, 10% des élèves ne s’inscrivent pas ou ne finalisent pas leurs voeux. 13% des élèves ayant suivi la procédure AP et ayant été reçus au bac ne donnent pas suite à la proposition d’APB. La procédure est assez opaque pour les filières sélectives. Pour 4 d’entre elles, il a fallu imaginer des tirages au sort pour réguler la demande. Enfin les IUT et les STS inscrivent encore de nombreux bacheliers généraux alors que des bacheliers technologiques et professionnels ont du mal à y entrer. Pour répondre à ces difficultés, le ministère veut à la fois améliorer l’information et les procédures.
Une offre groupée
S’agissant des filières les plus demandées (dites « à capacité d’accueil limitée » CAL) que sont le droit, le Paces (médecine), les Staps et psychologie, APB examinera une offre groupée. C’ets à dire que le jeune demandera par exemple « droit en Ile de France », ce qui sera considéré comme un seul voeu, et APB décidera de l’affectation précise. Le jeune pourra quand même entrer 4 établissements précis. De cette façon là, le ministère est sur de remplir les places sur un territoire assez vaste. En échange, le ministère promet une aide pour le transport et le logement.
Avec le même souci, chaque jeune devra obligatoirement indiquer une filière non sélective. Cette disposition est destinée à orienter au mieux les candidats qui ne seraient acceptés dans aucune filière sélective.
Un guide et un mooc
Les ministres ont aussi annoncé un effort d’information. D’abord auprès des jeunes : le logiciel devrait leur transmettre en push au moment de leur choix des informations sur les débouchés, les rémunérations des différentes filières. Le ministère ouvre un site d’auto évaluation pour les jeunes souhaitant faire des études scientifiques. Tous les lycéens pourront bénéficier d’une « classe transplantée » en université pour mieux les découvrir.
Ensuite auprès des enseignants : le ministère promet à la fois un guide pratique d’APB téléchargeable et un Mooc. Enfin les professeurs principaux pourront accéder aux choix des élèves pour mieux les conseiller. Les enseignants pourront aussi demander l’appui d’un commission d’orientation post secondnaire. Elle étudiera les voeux des lycéens et émettra un avis.
T Mandon a aussi annoncé la publication de l’algorithme d’APB. Mais, là, pas sur que ça simplifie la tache..
François Jarraud