C’est l’école primaire qui est clairement ciblée par la nouvelle campagne du ministère de l’Education nationale contre le harcèlement présentée le 29 octobre par Najat Vallaud-Belkacem. Un clip et une campagne médiatique, des outils pour les écoles : le ministère veut toucher des publics différents pour faire reculer un harcèlement qui peut marquer et empêcher d’apprendre. Avec un point d’orgue le 5 novembre, journée de lutte contre le harcèlement.
« La nouvelle campagne interpelle l’école primaire car c’est dès le plus jeune âge que débute le harcèlement », a expliqué la ministre. Elle a souligné la difficulté pour les enseignants et les parents de détecter les cas de harcèlement. Aussi, la journée nationale de lutte contre le harcèlement, le 5 novembre a précisément pour objectif de sensibiliser élèves, enseignants et parents et de délier les langues. « L’objectif c’est que les victimes sortent du silence mais nous voulons aussi interpeller les témoins » , a dit la ministre.
Sensibiliser l’opinion
La campagne contre le harcèlement s’appuie sur un clip vidéo ciblant les 7 à 11 ans qui sera diffusé sur France télévision. Le clip de une minute invite les victimes et les témoins à parler aux adultes. Un numéro vert, le 30 20, est ouvert. Les appels sont reçus par les référents académiques qui peuvent ainsi contacter les chefs d’établissement. Des « ambassadeurs lycéens » seront aussi déployés dans les établissements après formation.
Pour les enseignants, le ministère prolonge les efforts de formation des années antérieures. 250 référents harcèlement seront disponibles en académies. Le nombre de formateurs devrait doubler d’ici la fin 2016 pour atteindre 1500. Au total 300 000 enseignants et personnels de direction devraient être formés en 18 mois.
Des documents pédagogiques pour les écoles et collèges
Le ministère publie des documents pédagogiques téléchargeables gratuitement sur le site « Non au harcèlement ». Il s’agit d’abord d’un guide destiné aux professeurs des écoles qui donne des éléments pour améliorer le climat scolaire. Il évoque la gestion de la cour , des sanitaires, la mise en place d’un plan de prévention, l’accueil des parents.
Un « protocole de traitement des situations de harcèlement » donne des pistes concrètes pour recevoir le harceleur et ses parents. Il aide aussi à détecter les signaux faibles qui accompagnent le harcèlement. Le protocole dit quoi faire de façon très précise. Il comprend également des grilles d’observation qui permettent l’échange d’information.
Le ministère publie aussi un « cahier d’activités » pour lutter contre le harcèlement. Il exploite les vidéos et les affiches présents sur le site Non au harcèlement. La démarche convient aussi bien au primaire qu’au collège. D’autres ressources sont présentées rapidement en fin de livret.
Enfin, le Bulletin officiel du 29 octobre publie la circulaire sur le prix Non au harcèlement 2016. Le prix invite les enfants et adolescents, du cycle 3 jusqu’au lycée, à réaliser une affiche ou une vidéo de prévention du harcèlement, dans le cadre du plan de prévention de leur établissement. « Il s’agit de rendre les élèves acteurs de la prévention, car seule une approche globale, leur confiant une place dans la lutte contre le harcèlement, est efficace. Il s’agit en particulier de mobiliser les témoins des phénomènes de harcèlement, qui sont les plus à même de prendre position, de parler aux adultes et ainsi de rompre la loi du silence », dit la circulaire. « Toutes les passerelles interdisciplinaires sont les bienvenues », ajoute-elle.
Travailler dans la durée
Depuis 2010, sous la direction d’Eric Debarbieux, auquel la ministre a rendu hommage, le thème de la lutte contre le harcèlement et donc du climat scolaire s’est imposé à la place des démarches sécuritaires. Un nouveau délégué ministériel, André Canvel, a la charge de prolonger et amplifier cette action.
La campagne présentée le 29 octobre sort du monde scolaire pour toucher toute la population. Elle s’appuie sur des marques qui financent le clip (Walt Disney), le prix (MAE), le numéro vert (SFR) etc. Cette évolution vers la société n’est pas du qu’au souci d’efficacité de la Journée de la lutte contre le harcèlement. Ce que prépare le ministère c’est aussi la survie du dispositif au-delà de 2017. La lutte contre le harcèlement qui a survécu à une alternance politique se prépare à dominer une seconde.
François Jarraud
