C’est le dernier point de la réforme de l’école obligatoire. Quelques jours après un vote négatif sur les nouveaux programmes, le Conseil supérieur de l’éducation a adopté le 15 octobre les textes définissant l’évaluation du cyclé 1 au cycle 4. Quelques modification ont été acceptées par le ministère qui ne rendent pas toujours plus clairs des textes compliqués. Au final, le brevet sera quasiment accordé aux élèves ayant validé le socle au contrôle continu.
» Les nouveaux bulletins et livrets présentés à la presse le 30 septembre sont-ils vraiment ceux que les parents verront ? Pas sûr », écrivions-nous le 30 septembre. Le Conseil supérieur de l’éducation a travaillé sur des décret et arrêtés que nous avions publiés le 28 septembre mais qui, eux , n’ont pas été remis à la presse le 30… Le 15 octobre, le CSE a examiné 4 textes concernant l’évaluation des élèves. D’autres textes à l’ordre du jour, par exemple sur les bourses, ont été ajournés. Un texte a été adopté à la quasi unanimité, il s’agit d’un arrêté sur l’évaluation en maternelle.
Le brevet quasiment donné au contrôle continue
Le texte le plus travaillé concerne le Diplôme national du brevet (DNB). Le projet ministériel prévoit que l’évaluation au brevet se fasse par des épreuves finales et un contrôle continu. L’examen terminal comporte trois épreuves : un oral portant sur un projet mené dans le cadre des EPI ou du parcours Avenir ou du parcours artistique; un écrit portant sur les programmes de français, histoire-géo et EMC et un écrit portant sur le programme de maths, SVT, physique-chimie et technologie. L’épreuve d’histoire des arts disparait. L’épreuve de français histoire géo portera sur un thème commun avec une épreuve de français de 3 h et d’histoire géo EMC de 2h ; les deux le même jour. Le lendemain, l’épreuve de sciences comprendra un sujet de maths (2h) et de sciences et technologie (1h) . Un test de programmation sera obligatoire.
Un amendement, déposé par le Sgen Cfdt, et adopté par 41 voix (unsa, cfdt, fcep) contre 21 (snes, snalc), .a été accepté par le ministère. Il modifie sensiblement la répartition des points au bénéfice du contrôle continu. Les niveaux de maitrise des composantes du socle sont réévalués de telle sorte qu’avec un niveau satisfaisant de maitrise on l’élève ait acquis 320 points sur les 350 nécessaires pour avoir le brevet. Autrement dit la seule maitrise du socle garantit l’obtention du brevet. Pour Vincent Bernaud, du Sgen Cfdt, « cet amendement aligne le texte sur ce que dit la loi d’orientation ».
Le 30 septembre, la ministre avait défendu le principe de la double validation pour le brevet, la chèvre et le chou. Le 15 octobre, en grossissant le poids du controle continu, le ministère change d’avis après deux interruptions de séance. Deux interruptions peut-être dues au risque. L’évaluation au controle continu peut être plus sévère pour certains élèves que celle effectuées avec des copies anonymisées du fait du poids des stéréotypes. Une réalité dévoilée à la conférence sur l’évaluation…
Un seul livret scolaire pour le cycle 3
Le livret scolaire sort aussi modifié de ce CSE. Pour le cycle 2, l’évaluation porte sur 16 domaines : Français : langage oral, lecture, et compréhension de l’écrit, écriture, étude de la langue- Mathématiques : nombres et calcul, grandeurs et mesures, espace et géométrie, Education physique et sportive, Enseignements artistiques, Questionner le monde, Enseignement moral et civique, Langues vivantes (étrangères ou régionales) : écouter et parler et lire et écrire. S’y ajoutent les projets suivis dans les parcours. Au cycle 3, on passe à 17 items : s’ajoutent sciences et technologies, enseignements artistiques détaillés (musique, arts et HDA). Mais la première rédaction ne concernait pas la 6ème qui est en cycle 3.
Un amendement commun Unsa Cfdt unifie le cycle 3 en alignant la 6ème sur les Cm1 et CM2. Cet amendement a été accepté par 36 voix positives contre 18 (Snes Snalc). Selon cet amendement, « Au cycle 3, les bilans périodiques de l’évolution des acquis scolaires de l’élève comportent au moins :
1. un bilan de l’acquisition des connaissances et compétences et des conseils pour progresser ;
2. un suivi des acquis scolaires de l’élève qui mentionne…
– les principaux éléments du programme du cycle travaillés durant la période ;
– les acquisitions, progrès et difficultés éventuelles de l’élève ;
– le positionnement de l’élève au regard des objectifs d’apprentissage fixés pour la période sur une des quatre positions suivantes : objectifs d’apprentissage non atteints, objectifs d’apprentissage partiellement atteints, objectifs d’apprentissage atteints, objectifs d’apprentissage dépassés et, le cas échéant, en classe de 6e la note obtenue par l’élève.
3. en classe de 6ème, une indication des actions réalisées dans le cadre de l’accompagnement personnalisé, ainsi qu’une appréciation de l’implication de l’élève dans celles-ci ;
4. le cas échéant, la mention et l’appréciation des projets mis en oeuvre durant la période dans le cadre du parcours d’éducation artistique et culturelle, du parcours citoyen et du parcours Avenir ». .
En 6ème on pourra choisir le type d’évaluation entre un modèle collège et un modèle école. Pour Vincent Bernaud, le programme informatique devrait simplifier la saisie par les enseignants de ces informations. Pour Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du Snes, au contraire, les nouveaux textes vont rendre les choses moins lisibles par les familles. POur les enseignants, pas sur non plus que ce soit plus simple. Par exemple qui décidera finalement de ce choix ?
L’évaluation carrément modifiée ?
Au final, les textes adoptés changent les documents officiels remis aux familles. Ils incitent à une évaluation par compétences sans interdire les notes. Impossible de dire si l’évaluation sera plus « bienveillante » comme l’annonce la ministre. Car impossible de changer les pratiques simplement avec des textes.
François Jarraud