Le budget de l’éducation nationale ferait-il l’unanimité ? Ce serait étonnant. Mais la remise du rapport de B. Pompili (EELV) à la Commission des affaires culturelles et de l’éducation, le 14 octobre, a fait l’objet d’un débat consensuel, en l’absence des spécialistes de l’opposition. C’est donc dans l’hémicycle que l’affrontement aura lieu. La Commission s’en est tenue à un débat sur l’inclusion des enfants handicapés dans le premier degré, un thème finalement consensuel.
Dix ans après la loi de 2005 sur l’intégration des enfants handicapés dans l’école, B Pompili a retenu un thème qui était aussi central dans la loi de refondation, celui de l’école inclusive. « Notre école aggrave les inégalités et éprouve d’extrêmes difficultés à prendre en compte et à vaincre les difficultés particulières d’apprentissage d’une partie des élèves », dit-elle. « C’est donc dans la réalité qu’il convient désormais d’inscrire le principe d’inclusion, ce qui appelle un profond changement de mentalité ».
Des progrès
Elle souligne les progrès réalisés. « Le nombre d’enfants handicapés scolarisés dans les écoles primaires a doublé en dix ans, pour dépasser 150 000 soit 2,2 % du total des élèves. Mieux, 69 % d’entre eux ont été scolarisés dans les classes ordinaires (dont 42 % avec un AVS) tandis que la part des élèves en classe pour l’inclusion scolaire (CLIS), se repliait à 30 %. L’État consacre désormais 1,5 milliard d’euros par an à ces politiques, dont 600 millions d’euros pour la rémunération des AESH (le nouveau nom des AVS), 700 millions d’euros pour celle des enseignants spécialisés et 200 pour celle des personnels d’animation et d’encadrement. Par ailleurs, en application de la loi de refondation de l’école, on assiste depuis quelques années à une réelle individualisation des parcours, définissant les besoins des élèves et les outils que l’école peut mobiliser pour y répondre ».
Accélérer les investissements
Mais le rapport demande « une accélération des investissements » pour scolariser les 10 à 30 000 enfants handicapés encore privés de scolarisation et permettre la mise en oeuvre des parcours individualisés. B Pompili dénonce le faible nombre de médecins scolaires, ce qui bloque l’application des PAP comme nous l’avait dit S Cluzel, présidente de la Fnaseph, le 7 octobre. Elle dénonce aussi la rareté des enseignants référents (1 pour 500 élèves).
Mais « l’école inclusive exige un complet changement d’esprit », affirme-t-elle. » Le premier enjeu est donc de faire émerger une culture de travail en équipe où les équipes éducatives, les équipes médico-sociales et les parents feront converger leurs compétences et leurs efforts au service de l’enfant, dans la spécificité de ses difficultés d’apprentissage ». Changement d’esprit par rapport au « scandale » de l’absence d’accès aux activités périscolaires. » Fin 2013, seulement 35 % de ces derniers ont accès aux activités périscolaires et 66 % à la cantine, alors même que depuis février 2015 les collectivités peuvent bénéficier de dispositifs financiers », note-elle.
Un maitre ressources dans chaque école
Elle demande la mise en place d’un pôle ressources inclusion dans chaque circonscription scolaire permettant d’aider les enseignants et d’un « maitre ressources inclusion » dans chaque école. » Ce maître ressources serait aussi un précieux interlocuteur pour les trop nombreuses familles qui se sentent aujourd’hui exclues de l’accompagnement pédagogique de leurs enfants. » Enfin la maquette des ESPE evrait mieux tenir compte dela formation au handicap.
En conclusion, » L’école inclusive a un coût, c’est une évidence, mais si on envisage ces effets en termes de réduction de l’échec scolaire, d’intégration dans la vie sociale et professionnelle, d’autonomisation, l’investissement est rentable pour toute la société », dit-elle.
Une position peu contestée par les députés de la commission. Xavier Breton (Les républicains) est intervenu pour mettre en doute ‘intérêt d’augmenter le nombre des Rased « un dispositif jamais évalué objectivement » et demander l’évaluation des « bonnes pratiques ». MG Buffet (communiste) a demandé l’augmentation du nombre des médecins scolaires.