Si l’enseignement catholique soutient avec tant de vigueur les réformes, à commencer par celle du collège, c’est qu’il les « accueille » à sa façon. Présentant la rentrée de l’enseignement catholique le 8 octobre, Pascal Balmand, secrétaire général, a joué avec brio de la proximité et de la différence. L’enseignement catholique participe au service public d’éducation de la République française. Il va appliquer les réformes et défend la laïcité. Mais il comprend les unes et les autres à sa façon. Au final, la différence lui réussit : l’enseignement catholique gagne partout des effectifs.
L’école catholique progresse partout
Pour Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, l’année commence bien. L’enseignement catholique gagne 20 000 élèves (+1%) et cela quasiment partout, seul l’enseignement agricole stagne. Cette progression est générale cette année, alors que les années précédentes elle était toujours très localisée. L’enseignement catholique bénéficie de 688 nouveaux postes, un nombre que P Balmand juge insuffisant, mais qui représente en moyenne un nouvel enseignant pour 29 élèves. Pour P Balmand, ces nouveaux moyens » ne permettront que difficilement d’absorber les effets de notre progression ». Mais, surtout, pas de triomphalisme. C’est sur le terrain identitaire que l’enseignement catholique veut marquer ses points.
Pour les réformes
« Les réformes comportent globalement des éléments dignes d’attention et d’intérêt », explique P Balmand. La réforme du collège « comporte 3 aspects positifs : l’accompagnement personnalisé, l’accent mis sur l’interdisiciplinarité enfin la construction d’un espace partiel d’autonomie pour chaque collège ». Même jugement positif sur les nouveaux programmes qui « expriment un réel souci de cohérence et de lisibilité… et font une large place aux savoirs fondamentaux et à la maitrise des outils ». Les enseignants des collèges catholiques participeront aux formations académiques. Puis les organismes de formation catholiques proposeront des temps de formation supplémentaires aux enseignants et chefs d’établissement. L’enseignement catholique se situe nettement dans les partisans des réformes introduites par le gouvernement, même si ce point de vue n’est pas partagé par une partie des militants catholiques.
Mais avec maintien des bilangues et du latin
Cette position favorable aux réformes ne va pas de soi. Car l’enseignement catholique a publié un bilan de la réforme du lycée fort critique qui montre par exemple que les dispositifs phares (accompagnement personnalisé par exemple) divisent et pose problème. Or ils sont l’ossature de la réforme du collège. Interrogé par le café pédagogique sur cette contradiction, P Balmand estime que le bilan montre surtout une déception devant une réforme qui ne va pas assez loin.
En fait la position de l’enseignement catholique est d’autant plus facile à tenir que P Balmand ne cache pas que l’application de la réforme permettra , par l’autonomie qui est prévue dans la réforme du collège, de maintenir là où on le voudra les enseignements des langues anciennes et les classes bilangues. Ainsi sur les classes bilangues supprimées (sauf cas de continuité) dans la réforme du collège : « on ne va pas contourner les textes réglementaires », explique P Balmand. « Mais ces textes confèrent à l’établissement un espace de créativité. Donc j’imagine que beaucoup de collèges qui ont des classes bilangues, sans contourner les textes, auront la possibilité de maintenir des propositions intéressantes ». Raisonnement identique pour les langues anciennes : « au total le volant horaire est équivalent à l’actuel », estime P Balmand. « Les LCA font partie de la tradition catholique. Ce cap sera maintenu ». Et il précise qu’avec les mêmes textes les collèges publics peuvent faire de même.
Pour Bruno Lamour, secrétaire général de la Fep Cfdt, le premier syndicat enseignant du privé, la question de la réforme n’est pas close. « Il ne suffit pas de faire des directives il faut accompagner les enseignants », nous dit-il. « Sinon on passera à coté de la réforme et elle ne sera pas appliquée sur le terrain ». Une question qui se pose décidément à tous les niveaux de l’enseignement catholique.
François Jarraud
Premier bilan de la réforme du lycée
L’enseignement catholique fera s a propre charte de la laïcité