« Quand on ouvre un chantier c’est un travail long avec des versions différentes et des compromis ». La ministre ne le dira pas mais la nouvelle évaluation, mise en place à l’école et au collège à la rentrée 2016 et présentée à la presse le 30 septembre, est un dernier compromis qui ménage la chèvre et le chou. Conforme aux grandes lignes des documents que nous avons présenté le 28 septembre, la nouvelle évaluation des collégiens et écoliers concilie les partisans des notes et des compétences. Au centre du système, un fichier informatique que les enseignants devront alimenter et au collège, du travail pour le professeur principal chargé de finaliser sur les compétences…
Les nouveaux bulletins
Les nouveaux bulletins et livrets présentés à la presse le 30 septembre sont-ils vraiment ceux que les parents verront ? Pas sûr. En effet l’évaluation des compétences et des disciplines se fera dans un fichier national unique, à charge pour les écoles et les établissements d’en extraire les données pour imprimer les documents remis aux familles.
La ministre arrive ainsi à dire qu’il y aura un « livret unique et uniforme pour toute la France » et « qu’ils sera adaptable et qu’on n’imposera rien aux équipes ». En fait un arrêté définit le contenu qui devra être saisi. Rien n’empêchera les équipes d’adapter la version imprimée distribuée aux familles .
Pour le cycle 2 cette évaluation porte sur 16 domaines : Français : langage oral, lecture, et compréhension de l’écrit, écriture, étude de la langue- Mathématiques : nombres et calcul, grandeurs et mesures, espace et géométrie, Éducation physique et sportive, Enseignements artistiques, Questionner le monde, Enseignement moral et civique, Langues vivantes (étrangères ou régionales) : écouter et parler et lire et écrire. S’y ajoutent les projets suivis dans les parcours.
Au cycle 3, on passe à 17 items : s’ajoutent sciencs et technologies, enseignements artistiques détaillés (musique, arts et HDA).
Au collège, (y compris la 6ème qui fait partie du cycle 3), les bilans périodiques sont toujours dans un « suivi des acquis scolaires de l’élève, réalisé sur la base des connaissances et compétences » et il est question d’une moyenne » ou tout autre positionnement de l’élève au regard des objectifs d’apprentissage fixés pour la période ». Les notes demeurent ou pas selon ce que décidera le collège. S’y ajoutent « une indication des actions réalisées dans le cadre de l’accompagnement personnalisé, ainsi qu’une appréciation de l’implication de l’élève dans celles-ci » et au cycle 4 « la mention et l’appréciation des projets réalisés dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires, en précisant la thématique travaillée et les disciplines d’enseignement concernées ».
S’ajoutent des bilans de fin de cycle qui comprennent uniquement « une évaluation du niveau de maîtrise de chacun des domaines et de chacune des composantes du premier domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». C’est-à-dire les 4 composantes du domaine 1, « les langages pour penser et communiquer ». Il s’agit de « comprendre et s’exprimer en français », dans une langue étrangère ou régionale; en utilisant les langages mathématiques et scientifiques ou encore en utilisant les langages des arts et du corps. Les 4 autres domaines participent mais de façon non détaillée : méthodes et outils pour apprendre, formation du citoyen, systèmes naturels et systèmes techniques et représentations du mode et de l’activité humaine. L’évaluation se fait selon 4 niveaux : « Maîtrise insuffisante ; Maîtrise fragile ; Maîtrise satisfaisante ; Très bonne maîtrise ». Ces livrets de fin de cycle au collège sont mis en forme par le professeur principal. Interrogée sur ce point par le Café, la ministre nous répond qu’il lui appartient d’aller voir ses collègues. Et « qu’il faudra reconnaitre cette mission ». Dans cette perspective, la validation du socle ne sera un travail d’équipe que là où on le voudra (et pourra vraiment). Seuls ces bilans devraient être enregistrés dans le fichier national.
Au final, « on n’a rien modifié en ce qui concerne la notation » précise bien la ministre. Les écoles qui le voudront pourront continuer à utiliser des notes (mais elles sont rares). Les collèges qui le voudront pourront utiliser une évaluation par compétences. Comment cela sera-t-il possible avec un fichier unique reste encore assez mystérieux. Mais la ministre s’est engagée.
L’évaluation au brevet additionne compétences et épreuves terminales
L’évaluation au brevet comprendra des épreuves finales et un contrôle continu. L’examen terminal comporte trois épreuves : un oral portant sur un projet mené dans le cadre des EPI ou du parcours Avenir ou du parcours artistique; un écrit portant sur les programmes de français, histoire-géo et EMC, et un écrit portant sur le programme de maths, SVT, physique-chimie et technologie. Ces trois épreuves compteraient pour 300 points sur 700. Pour la ministre « c’est la première fois qu’une épreuve orale est présente au brevet », alors que l’épreuve d’histoire des arts est déjà orale… L’épreuve de français histoire géo portera sur un thème commun avec une épreuve de français de 3 h et d’histoire géo EMC de 2h ; les deux le même jour. Le lendemain, l’épreuve de sciences comprendra un sujet de maths (2h) et de sciences et technologie (1h) . Un test de programmation sera obligatoire.
Le contrôle continu représentera 400 points répartis au vu du « niveau de maîtrise de chacun des domaines et de chacune des composantes du premier domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture atteint par le candidat ». En fait seraient évalués les 4 composantes du domaine 1 « les langages pour penser et communiquer ». Il s’agit de « comprendre et s’exprimer en français », dans une langue étrangère ou régionale; en utilisant les langages mathématiques et scientifiques ou encore en utilisant les langages des arts et du corps. Les 4 autres domaines participent mais de façon non détaillée : méthodes et outils pour apprendre, formation du citoyen, systèmes naturels et systèmes techniques et représentations du mode et de l’activité humaine. En clair toutes les disciplines sont mobilisées mais certaines (celles qui contribuent au domaine 1) pèsent plus lourd.
Pour la ministre cette double validation « permet de croiser les regards sur les élèves ».
Le brevet sera remis au cours d’une cérémonie organisée au collège début septembre.
Une évaluation plus bienveillante ?
Interrogée par le Café pédagogique sur la place de la bienveillance dans cette évaluation, la ministre annonce que celle-ci trouvera place dans la formation des professeurs de collège cette année . « Ils apprendront à faire une évaluation formative avant de faire une évaluation sommative ». Le ministère reprend ainsi une recommandation de la conférence nationale.
Le ministère a-t-il au final ménagé la chèvre et le chou demande le Café pédagogique ? « Quand on ouvre un chantier c’est un travail long avec des versions différentes et des compromis », répond la ministre…
François Jarraud