Politique
Le Sénat fait campagne sur l’Ecole
» Je ne suis pas pour détricoter ce qu’ont fait les prédécesseurs. Mais il aurait mieux valu évaluer avant les effets des réformes « . Catherine Morin-Desailly, présidente de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, condamne le » détricotage » législatif fait par la gauche aux dépens des mesures Sarkozy. Mais elle le pratiquera volontiers aux dépens de la politique éducative menée par la gauche. Aucune réforme n’est à l’abri. Ni les rythmes scolaires, ni la réforme du collège, ni la réforme de l’orientation. A moins de 2 ans des présidentielles, la majorité sénatoriale va faire de l’Ecole son champ de bataille.
Grosperrin invente la « laïcité vestimentaire »
L’habit fait-il le moine ? Pour J Grosperrin, la réponse est affirmative. Auteur en juillet d’un rapport validé par une commission sénatoriale, le sénateur Les Républicains dépose une proposition de loi qui amalgame les mesures les plus démagogiques. Grosperrin milite pour l’instauration de l’uniforme dans les écoles, les collèges et les lycées et ambitionne de soumettre les parents eux aussi à un code vestimentaire. Il demande le rétablissement des sanctions financières pour les parents d’enfants absentéistes. Enfin J Grosperrin demande l’instauration d’un examen d »entrée en 6ème.
Comment l’éducation nationale s’apprête-elle à recevoir des élèves réfugiés ?
L’Alma Mater peut-elle encore être généreuse ? Les déclarations de F Hollande sur l’accueil de 24 000 réfugiés en deux ans donnent l’occasion à l’Education nationale de montrer ce qu’elle fait au quotidien pour l’accueil des élèves allophones. Le 21 septembre, N Vallaud-Belkacem a visité le Casnav de Paris, Centre académique pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés, chargé d’évaluer et trier les jeunes de 11 à 18 ans. Une visite qui conforte une structure en faveur des étrangers alors que les conditions générales d’accueil des migrants ne cessent de se dégrader.
Une circulaire organise les relations Justice – Education
Une circulaire peut-elle remplacer une loi ? Probablement pas. La circulaire publiée le 23 septembre signifiant un « partenariat renforcé » entre le ministère de la Justice et l’Education nationale ne remplacera pas la loi annulée par le Conseil constitutionnel le 13 août. Elle répond à sa façon aux interrogations qui se sont posées après l’affaire de Villefontaine.
Nouveaux programmes
Nouveaux programmes : Coup de communication et pédagogie
Comment faire plaisir à tout le monde quand il s’agit de programmes scolaires ? L’expérience de ces derniers mois a appris au Conseil supérieur des programmes et à la ministre que la question est pleine de dangers. D’où une communication particulièrement travaillée et alignée sur les discours des plus conservateurs. D’où aussi un recadrage partiel des programmes par exemple en histoire-géographie. Mais les nouveaux programmes présentés par N Vallaud-Belkacem et Michel Lussault, le président du Conseil supérieur des programmes (CSP), le 18 septembre, gardent leurs qualités fondamentales : cohérence des disciplines par cycle et ouverture à l’interdisciplinarité, allègement, exemples de situations nouvelles, une relative liberté. Les programmes passeront devant le Conseil supérieur de l’Education les 8 et 9 octobre. Il restera ensuite à les faire passer dans les pratiques. Une question peu traitée par la ministre…
Pour l’AFEF, des nouveaux programmes de français cohérents et ouverts
« Globalement, en français, la réécriture a bien tenu compte des remarques faites, et a judicieusement harmonisé les trois cycles, avec une progressivité par cycle et par année qui nous semblait indispensable… Ces programmes devraient permettre la réorganisation nécessaire des enseignements pour une école et un collège moins inégalitaires ». Pour l’association française des enseignants de français les nouveaux programmes sont cohérents , lisibles , cadrés et ouverts. Cerise sur le gâteau : la nouvelle orthographe est enfin reconnue..
Les nouveaux programmes et les langues
Au coeur de la contestation de la réforme du collège, l’enseignement des langues vivantes est-il bien traité dans les nouveaux programmes ? Jean-Luc Breton, vice président de l’APLV, l’association des professeurs de langues vivantes, fait le point avec le Café pédagogique.
Histoire-géo : De nouveaux programmes sous influence…
Soumis au feu roulant des critiques les plus folles des plus conservateurs pendant des mois, les programmes d’histoire-géographie subissent les principales modifications dans ces nouvelles versions des programmes. Si Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes (CSP), argumente encore pour leur défense, la ministre a largement cédé la partie. Recadrés, soumis aux pressions des lobbys, les nouveaux programmes d’histoire sont obsédés par le récit national. Pire, ils sont peut-être infaisables…
Réforme du collège
Collège : L’intersyndicale pense remonter la pente
« Le taux de grévistes est supérieur à celui de juin. La mobilisation va se prolonger le 10 octobre ». Interrogé durant la manifestation parisienne des opposants à a réforme du collège, François Portzer, président du Snalc, veut croire au succès de ce mouvement. Le 17 septembre 16% des professeurs de collège étaient en grève selon le ministère, un tiers des enseignants selon le Snes ou le Snalc. L’intersyndicale Snes, Snalc, FO, Cgt, Sud appelle à une manifestation nationale le 10 octobre.
Collège : L’intersyndicale appelle à manifester le 10 octobre
L’intersyndicale (Snes-Fsu, Snep-Fsu, Snfolc, Snetaa-Fo, Sfsdpep-Fo, Cgt Educ’action, Sneip-Cgt, Snalc-Fgaf, Sies-Faen, Sncl-Faen, Cnga Et A&D Cfe-Cgc, Snuep-Fsu, Sundep Solidaires) des opposants à la réforme du collège ne désarme pas . Considérant que » la mobilisation contre la réforme du collège est toujours aussi forte chez les personnels du second degré » elle » engage les collègues à refuser toute anticipation de mise en œuvre de la réforme sous quelque forme que ce soit, et en particulier à ne pas se porter volontaires pour les groupes de travail ou les formations ». L’intersyndicale appelle l’ensemble des personnels à une manifestation nationale à Paris le samedi 10 octobre 2015.
L’élève
Semaine de l’engagement : Faux départ au lycée Condorcet
La démocratie lycéenne doit-elle être au service de l’entre soi ? En choisissant un lycée hyper privilégié pour marquer, le 22 septembre, « la semaine de l’engagement lycéen », N Vallaud-Belkacem ne fait que souligner l’extrême faiblesse de sa politique lycéenne. Deux ans après son lancement par G Pau-Langevin, l’Acte II de la vie lycéenne reste aux oubliettes de la politique ministérielle. Sa mise en scène parisienne n’est qu’une « mascarade » pour la première organisation lycéenne. La citoyenneté lycéenne est aussi une victime de janvier 2015.
Au coeur de l’engagement lycéen : La Fédération des maisons des lycéens
« Les Maisons des lycéens sont des étapes importantes dans la formation des jeunes. Ils y acquièrent des compétences ». Kalilou Sylla peut en témoigner. Ce tout jeune lycéen a su convaincre des organisations respectables de l’éducation nationale (la Ligue de l’enseignement, l’Esper, l’Occe etc.) de l’aider à monter la Fédération des maisons des lycéens (FMDL). Les MDL sont-elle appelées à devenir les fers de lance de la démocratie lycéenne ?
Décrochage : L’Education nationale entre injonction présidentielle et action locale
Réunissant les correspondants académiques sur le décrochage scolaire le 23 septembre à Paris, N Vallaud-Belkacem les a invité à la fois à travailler les réformes pédagogiques et les relations avec le tissu local. Des propos généraux, des incitations peu précises que marquent l’absence d’engagements précis du ministère. Si la lutte contre le décrochage concerne tout le monde, quelle est la part réelle de l’Education nationale ?
Décrochage : Que dit la recherche ?
L’Ecole peut-elle quelque chose contre le décrochage ? Trois études récentes apportent des éclairages nouveaux sur les mécanismes du décrochage. Elles montrent clairement du doigt les responsabilités de l’Ecole. Ainsi le travail de PY Bernard et C Michaut explique que les décrocheurs sont aussi des jeunes qui en ont « marre de l’école ». E. Maurin, D. Goux et M. Gurgand montrent à contrario que l’école peut, à moyens constants agir efficacement contre le décrochage en travaillant sa relation aux parents. Une dernière étude réalisée par L Hernandez, N Oubrayrie-Roussel et Y Prêteur montre aussi l’impact des pairs dans le processus de décrochage.
Numérique
Bruno Devauchelle : Faut-il encore former les enseignants au numérique ?
Depuis le renoncement à imposer une certification (C2i2e) d’une véritable maîtrise du numérique pour les métiers de l’enseignement, on ne cesse d’entendre dire que le problème est la formation des enseignants. Eux-mêmes d’ailleurs, à l’instar de leurs dirigeants, entonnent volontiers ce refrain sans jamais aller beaucoup plus loin. N’oublions pas l’histoire de l’informatique et du numérique scolaire et rappelons ici que dès 1983, ces mêmes propos faisaient florès dans les colloques et autres séminaires aussi bien scientifiques que politiques. Pas de plan sans un volet formation… Le grand plan numérique envisage d’ailleurs trois journées de formation et les DAN vont en parler (ainsi que de leur propre formation) dans leurs journées de regroupement. Les publications de toutes sortes qui confirment ce manque de formation oublient toujours de désigner ce que l’on appelle réellement formation et quelles sont les modalités spécifiques du développement des compétences numériques dans les contextes d’enseignement. En d’autres termes qu’est-ce qu’on désigne lorsque l’on emploie le terme formation sans entrer dans le détail, même en adossant à ce mot celui d’accompagnement ?
Un robot au collège
Que peut bien faire un robot à l’école ? L’expérience est tentée à Brest par Monique Argoualc’h. Fascinée par cette drôle de machine, elle en observe les effets sur les collégiens qui lui sont confiés en dispositif relais. Si le robot ne remplace pas l’enseignant, il participe bien à l’éducation et l’apprivoisement réciproque de ces jeunes et du collège. Le robot fait l’homme ?
Bruno Devauchelle : Numérique, éthique et citoyenneté
Les textes récents sur l’Enseignent Moral et Civique entrent en vigueur en ce moment. On ressent fortement cette année l’émergence de la problématique de la citoyenneté et de l’éthique des TIC en éducation. Malheureusement, ces deux notions peuvent rapidement devenir des étendards bien davantage que des bases de travail. Pourtant le questionnement n’est pas vraiment nouveau, mais il se réactualise avec les évènements dramatiques qui ponctuent régulièrement les unes des médias et les conversations du quotidien au travail voire à la maison. Le ministère de l’éducation apporte sa pierre à l’édifice, mais le discours porte davantage sur les valeurs de la république que sur la citoyenneté et l’éthique. En d’autres termes on est plutôt dans le cadre, celui proposé par la république, que dans la personne et son rapport à l’éthique et à la citoyenneté, en amont des valeurs de la république. Deux entrées complémentaires, mais bien différentes dans la démarche. Le site Eduscol le montre bien dans sa première phrase : « L’École transmet les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité ; laïcité ; refus de toutes les discriminations. Les élèves étudient les grands textes qui les fondent. » Ces valeurs prennent sens si elles font lien avec la personne. Or l’entrée retenue dans cette phrase emblématique ne laisse pas de place au Sujet. Le fait de n’utiliser que le mot élève est révélateur de cette distance que l’institution éducation nationale entretient avec la jeunesse et ses pratiques non scolaires.
Etablissement
Gilbert Longhi : Gouverner un établissement
Alors que la Cour des comptes s’apprête à publier, le 29 septembre, un rapport sur les lycées qui devrait faire du bruit, il est peut être temps de revenir sur le rôle du chef d’établissement. Grand sachem ou bureau des pleurs, comment a évolué sa fonction ? Gilbert Longhi, ancien proviseur, revient sur l’histoire d’une fonction pour réfléchir à ce que pourrait êtr eune éthique du chef d’établissement.
Développer l’esprit d’entreprendre : Un premier bilan au Nouveau Brunswick
C’ets quoi l’esprit d’entreprendre ? Dans le contexte français c’est lié à l’idée de réhabiliter l’image de l’entreprenariat, de réconcilier le pays avec ses entreprises, d’utiliser l’Ecole pour changer les représentations sociales et peser sur l’orientation. Au Nouveau Brunswick, l’esprit d’entreprendre est pris dans un sens plus personnel : la capacité à s’impliquer et à développer des compétences et des attitudes qui permettent d’évoluer dans son environnement social ou professionnel. Dans cette province canadienne, le système éducatif francophone a fait de l’épanouissement des élèves sa priorité. Il publie une première évaluation de son programme pédagogique sur l’esprit d’entreprendre qui mérite réflexion au moment où le ministère parle de bienveillance en éducation et d’engagement lycéen.