Comment présenter la rentrée universitaire quand le budget de l’enseignement supérieur n’est pas encore fixé ? C’est l’exercice délicat qu’ont tenté de faire N Vallaud -Belkacem et Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, le 16 septembre. Au coeur des problèmes la question de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Le nombre d’étudiants augmente fortement et le gouvernement se fixe 60% de diplômés du supérieur comme objectif. Encore faudrait il que le budget suive…
La chance d’avoir davantage d’étudiants
« C’est une chance que d’avoir de plus en plus d’étudiants », affirme N Vallaud Belkacem le 16 septembre à l’occasion de la rentrée étudiante. Elle annonce 65 000 étudiants supplémentaires à cette rentrée avec une forte progression des universités « redevenues attractives », selon elle. La moitié de cette hausse se prote sur 4 spécialités : le droit (+12%), les Staps (+10%), la médecine (+17%) et la psychologie (+8%). Les classes prépas connaissent aussi une hausse importante alors que les STS sont en décroissance.
N Vallaud Belkacem et Thierry Mandon énumèrent les réformes accomplies. La forêt de diplômes a été élaguée pour plus de visibilité : on est passé de 5000 masters à 251 par exemple. Les universités ont été regroupées en COMUE ou en associations pour être plus visibles à l’internationale. Les aides au logement étudiant ont été augmentée avec notamment la caution de l’Etat (CLE) pour 10 000 jeunes. Les bourses ont été revues. La ministre annonce une refonte d’APB pour qu’il apporte plus d’information aux lycéens notamment sur les filières post bac pro.
La croissance démographique face au budget
Et les défis de l’enseignement supérieur ? Les universités ont-elles les moyens d’accueillir ce flux supplémentaire d’étudiants , demande le Café pédagogique ? « On a obtenu que le budget soit préservé », explique Thierry Mandon. « On espère un peu plus ». « Ce sont les universités qui font l’allocation de leurs moyens », dit la ministre. « Les moyens doivent être corrélés aux réalités politiques et aller en priorité aux universités qui accueillent et aident les nouveaux étudiants ».
Puisque la démocratisation du supérieur est mise en avant avec l’objectif de 60 % de diplômés du supérieur, que va faire le gouvernement pour les bacheliers professionnels ? Ce sont eux qui font augmenter le nombre d’étudiants depuis qu’un bachelier pro sur deux souhaite faire des études supérieures. Le rapport Stranes, validé par l’Elysée, a fixé l’objectif de 60% mais en créant une filière spécifique pour les bacs pros avec un diplôme spécifique. Les bacs pro perdraient, comme les bacs technos, le droit d’accès au supérieur. Ils pourraient être soumis à un examen et leur orientation serait dirigée. Interrogée par le Café pédagogique, N Vallaud-Belkacem ne tranche pas. « On en reparlera en octobre », dit-elle. « C’est un des chantiers majeurs qui passe par la refonte d’APB et l’accompagnement renforcé des étudiants ».
Quels moyens pour la démocratisation ?
Pourquoi se fixer 60% de diplômés du supérieur ? « La France peut aller au delà de l’objectif européen de 50% », répond la ministre. Les Espe ont-elles les moyens de fonctionner et leurs relations avec les universités sont-elles bonnes ? Alors que les Espe de Créteil et de Nantes manifestent et se plaignent du manque de moyens, la ministre ne semble pas au courant..
N Vallaud Belkacem et T Mandon semblent surtout pris dans une contradiction. Le gouvernement fait de la démocratisation du supérieur un objectif politique. Mais eux ont à la gérer avec un budget identique. En 2015-2016, la question de la démocratisation c’est d’abord la question du budget de l’enseignement supérieur…
François Jarraud
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