Faute de places en lycée professionnel, des centaines de jeunes sont amenés à accepter des filières non désirées voire à redoubler au collège le temps que des places se libèrent. Apparemment réussie « techniquement », la rentrée 2015 commencent à livrer ses limites. Derrière le vernis de la rentrée sans fautes, les victimes des insuffisances de l’éducation nationale sont toujours les mêmes.
Alors que la ministre de l’Education nationale effectue le 8 septembre un déplacement en Seine Saint-Denis pour montrer l’efficacité des mesures spécifiques prises dans le département, de rapides enquêtes montrent les limites de la rentrée 2015 « réussie ».
Redoubler sa 3ème faute de place en lycée
La surprise est venue de là où on ne l’attendait pas : le département de l’Ain. « L’année dernière ils étaient 40.Cette année ils sont 60. » Selon Joëlle Bozonnet, présidente de la Fcpe de l’Ain, 60 jeunes ont été contraints de redoubler leur 3ème faute de places dans les lycées professionnels du département. « C’était la seule solution pour espérer avoir une place », soupire-t-elle. Ces jeunes ne demandaient pas de spécialité prestigieuse mais des filières classiques comme la restauration, l’ébénisterie, ou la mécanique. « On est servi en dernier dans l’académie . Les moyens partent vers Lyon et Saint-Etienne », nous dit J Bozonnet. « La ministre donne des postes mais nous on gère surtout du négatif ». En fait le département a ouvert une filière professionnelle cette année mais c’est insuffisant au regard de la croissance démographique forte. « Pour ces jeunes, le risque de décrochage est énorme », explique J Bozonnet. Contacté, le rectorat de Lyon n’a pas donné suite..
Ce sont toujours les mêmes qui payent…
Revenons au 93. Le Snuipp souligne les tensions sur les postes dans le département. 435 demandes de sortie n’ont pas été admises l’été dernier même pour des professeurs des écoles ayant 39 ans d’ancienneté alors que le ministère n’utilise pas toutes les possibilités de recrutement. Pour réussir la rentrée, les remplaçants ont été mis sur le terrain, estime le Snuipp, ce qui va poser problème dès cet automne.
« Ce qui n’a pas changé c’est le rapport à l’institution scolaire. On est dans la défiance envers l’Education scolaire. On ne croit pas qu’elle garantisse la qualité de la formation dont nos enfants ont besoin », nous a dit R. Arenas Munoz, président de la FCPE 93. Pour lui des centaines de collégiens et lycéens n’ont pas eu la filière qu’ils souhaitaient à a rentrée. Interrogé, le responsable du service d’orientation du rectorat confirme. Selon lui, 2 jeunes sur dix en voie professionnelle n’est aps admis sur son premier voeu, soit environ 3 600 jeunes. La divergence c’est les conclusions qu’en tirent le rectorat et les parents. Pour Mehdi Cherfi, directeur du SIAO, il n’y a pas de corrélation entre le risque de décrochage et le respect des voeux des élèves. R. Arenas Munoz ne partage pas cet avis. Dans sa commune, Montreuil, 19 jeunes qui étaient sans affectation à la rentrée ont décroché. « Dans le 93 le plafond de verre existe toujours. Nos enfants perdent toujours un an de scolarité par rapport aux autres jeunes Français ».
François Jarraud