Dans un communiqué publié le 3 septembre, la ministre de l’éducation nationale annonce le départ d’Eric Debarbieux et la nomination d’André Canvel comme délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire. C’est l’occasion de saluer une personnalité exceptionnelle rue de Grenelle.
» Éric Debarbieux a su développer, avec son équipe, non seulement une véritable capacité d’intervention dans les situations de crise, mais également construire, sur la durée et au quotidien, une action de prévention et de lutte contre les violences en milieu scolaire associant tous les acteurs éducatifs, les partenaires institutionnels et le milieu associatif », écrit la ministre. « Tout en organisant et en animant des sessions de formation et d’intervention en académie et en milieu scolaire, Éric Debarbieux a porté, avec son équipe, la campagne nationale contre le harcèlement à l’école, la mise au point des ressources en ligne sur le site internet dédié et le prix national « Mobilisons-nous contre le harcèlement ».
Parmi les figures ternes des hauts fonctionnaires de la rue de Grenelle, Eric Debarbieux ne passait pas inaperçu. Il échappait aux règles feutrées du sérail. Nommé chargé de mission par Luc Chatel, il faisait capoter une campagne de N Sarkozy ramenant le thème de la violence scolaire à celui du harcèlement. Le 17 septembre 2012, l’ancien chargé de mission de L Chatel est nommé délégué ministériel à la prévention de la violence scolaire par Vincent Peillon. Trois jours plus tard, il publie un rapport qui montre l’urgence d’une refondation profonde d’un système éducatif dont le fonctionnement pyramidal est rejeté par les enseignants…
Véritable spécialiste de la violence scolaire, il a réussi à sortir cette question d’une vision strictement sécuritaire et médiatique pour concevoir avec le ministère, et pas toujours dans le bonheur.., une politique à long terme qui fait rentrer la France dans le camp des pays qui affrontent vraiment la question.
Sa présence rue de Grenelle avait beaucoup de sens. Elle signifiait qu’une action en politique éducative peut dépasser la politique politicienne et qu’elle peut même survivre aux alternances politiques. Eric Debarbieux quitte l’Education nationale pour piloter une vaste enquête scientifique sur les sujets qui le passionnent. Il va manquer rue de Grenelle.
François Jarraud