La 3ème édition de l’université Mer-Education vient de s’achever à Brest (29). La formation a regroupé des enseignants de toute la France et Territoires d’Outre-mer mais aussi du Maroc et du Brésil. Comment réussir la rencontre entre chercheurs et enseignants ? Comment faire naître des idées de projets pluridisciplinaires chez les enseignants ? Secrets de fabrication de Mer-Education avec Anouck Hubert, chargée de mission à l’Institut Universitaire Européen de la Mer, qui considère les enseignants comme des VIP.
Quel bilan tirez-vous de cette 3ème édition de Mer-Education ?
Une très belle troisième édition, un groupe d’enseignants heureux et motivés, de belles rencontres et de bons moments partagés entre enseignants et chercheurs. L’université d’été Mer-Education, ce sont des contenus scientifiques de haut niveau mais aussi et surtout un moment privilégié de rencontres.
En quoi cette formation est-elle pluridisciplinaire ?
Les chercheurs qui interviennent sont issus de différentes disciplines des sciences humaines et des sciences dites dures, ils ont tous en commun des objets d’études en lien avec la mer. Ils illustrent dans leurs propos leur interdépendance et leur travail en équipes interdisciplinaires.
Les enseignants qui participent ont également des disciplines d’enseignement très variées, je pense qu’ils ont en commun une grande motivation pour leur métier, une curiosité intellectuelle et un lien particulier à la mer.
Quels retours avez-vous des enseignants ? Quels projets ont déjà été mis en place suite à ces universités d’été dans les établissements scolaires ?
Les enseignants sont surpris d’être traités comme nos VIP « Very Important Professseurs », ils sont accueillis comme nos chercheurs lors de colloques internationaux ni plus, ni moins. Ils sont également étonnés du nombre, de la qualité, de l’implication et de l’humilité, simplicité et accueil des chercheurs. C’est difficile de recueillir tous les projets qui sont nés des précédentes éditions, les enseignants prennent souvent directement contact avec les scientifiques, et je ne sais pas tout ce qui a été concrétisé, il faudrait vraiment que je trouve le temps de compiler tout cela.
Beaucoup de chercheurs donnent de leur temps pour former ces enseignants et échanger avec eux. Sont-ils difficiles à convaincre ? Comment vivent-ils ces universités d’été ?
Oui les scientifiques sont difficiles à convaincre. Donner de leur temps pour contribuer à la formation professionnelle des enseignants ne sera pas pris en compte dans leur évaluation qui est basée sur leurs publications et sur les budgets des projets de recherche qu’ils arrivent à décrocher.
Alors quand je les aborde, je leur parle de la valorisation socio-économique, qui est souvent entendue exclusivement dans sa composante économique mais bien peu dans sa dimension « valorisation sociale » de la recherche. Et puis, je donne de la valeur à leur participation, en leur demandant de payer un prix pour avoir la chance de participer à l’université d’été : ils doivent impérativement partager un repas avec les enseignants avec interdiction de s’assoir avec leurs collègues chercheurs. Cette façon d’aborder les choses les surprend et les intrigue, et cela « filtre » les scientifiques qui sont prêts à réellement se mettre au service et rencontrer les enseignants.
Comment vivent-ils l’université d’été ? Ils ont le souci de bien faire, de s’adapter à un nouvel auditoire, ce n’est pas facile pour eux de sortir de leurs habitudes de communications scientifiques lors des colloques et séminaires de recherche. Donc cela les inquiète, et cela leur demande du temps, mais au final ils sont heureux d’avoir pris part à l’aventure et me remercient de les avoir entrainés.
Pendant la semaine, vous mettez une attention particulière à l’accueil de chacun. L’hébergement à l’hôtel et les repas sont également d’excellente qualité et très appréciés par les professeurs. N’est-ce pas cela aussi le secret d’une université d’été réussie ?
Nous sommes heureux que des enseignants répondent à notre invitation surtout en cette dernière semaine de vacances avant la rentrée scolaire, lorsque nous avons imaginé l’université d’été et choisi cette période, nous n’étions pas certains d’avoir des volontaires.
Nous les accueillons comme nous accueillons nos invités lors des colloques scientifiques, c’est surtout qu’ils n’ont pas l’habitude d’avoir ce type d’accueil …. Cela participe à la valorisation des enseignants qui font un boulot formidable
Que nous réserve la 4ème édition de Mer-Education ? Quelles démarches pour les enseignants intéressés ?
Le thème sera défini avec les partenaires lors d’une réunion en octobre, mais nous avons l’idée d’aborder un thème autour des énergies et ressources minérales marines afin de solliciter des scientifiques de laboratoires de recherche qui n’ont pas encore participé.
Les demandes d’inscriptions seront ouvertes en avril-mai, il faudra bien décrire ses motivations et éventuels projets interdisciplinaires. Pour la sélection, la priorité sera donnée aux enseignants venant en équipe interdisciplinaire avec un projet en tête.
Entretien par Julien Cabioch
