Vous cherchez un lieu ouvert à la créativité des élèves ? Alexandre Benassar, enseignant en construction mécanique, a ouvert un Fablab au lycée Henri Nominé de Sarreguemines (57). Il permet les échanges entre élèves et le développement de nombreux projets comme, par exemple, un potager hydroponique pour cultiver des légumes ou encore un skateboard électrique. Derrière cet inventaire à la Prévert, un projet innovant et des conseils pour ouvrir, vous aussi, votre fablab dans votre établissement.

Qu’est ce qu’un fab lab au lycée ?

Fabulis fonctionne de la même façon qu’un fablab associatif ou d’entreprise. Le lieu est ouvert à tous (élèves, professeurs, personnes extérieures). Fabulis fait partie des fablab affiliés à la Fab Foundation du MIT, nous respectons une charte. Le point le plus important pour moi est l’ouverture sur l’extérieur. Malheureusement beaucoup de lieux estampillés Fablab dans les grandes écoles ou les facultés ne jouent pas le jeu de l’ouverture et donc du partage.

Comment fonctionne concrètement votre fablab ? Comment partagez-vous les ressources ? Etes-vous en réseau ?

Fabulis partage l’espace de travail avec une ULIS pro. Ce sont les élèves de l’ULIS pro qui vont accueillir les autres élèves, leur présenter l’espace de travail et les former entre autres à l’impression 3D.

Les élèves peuvent fréquenter le lieu en dehors de leurs heures de cours, mais aussi pendant, accompagnés ou non de leur professeur. Depuis la mise en place de vigipirate les personnes extérieures sont obligées de prendre contact avec moi pour venir au Fablab.

La documentation des projets dans les fablab est un point indispensable, mais très dur à mettre en place. Les utilisateurs de Fabulis ont à leur disposition des Ipad pour documenter leur projet. Ils peuvent ainsi prendre autant de photos et vidéos qu’ils souhaitent pour illustrer leur projet. La documentation est mise en ligne sur le Wiki du Fablab de Metz qui est un de nos partenaires.

Le réseau des Fablab en France (plus de 80) est très important même s’il est encore mal structuré. Fabulis a pu rencontrer tous les acteurs du réseau Français et participer à la structuration du réseau lors du Fablabfestival 2015 organisé chaque année par Artilect qui est le fablab de Toulouse.

Quelle est l’origine de votre projet ?

J’ai créé avec d’autres personnes, il y a maintenant 3 ans, le Fablab de Metz qui est associatif. Le Fablab de Metz est un partenaire indispensable et j’encourage toutes personnes voulant mettre en place un Fablab dans leur structure à s’appuyer sur un lieu déjà existant.

A la rentrée 2014, ma direction a changé et je travaille maintenant avec une équipe de direction qui me suit à 200 %. Enfin le plus important, nous avons ouvert une nouvelle section au Lycée, une ULIS pro avec son coordinateur Batptiste Melgarejo qui m’a permis d’installer le Fablab au sein de cette structure unique en France.

Quels projets d’élèves sont déjà en cours de réalisation dans le fablab de votre lycée ? Combien d’élèves fréquentent ce lieu ?

Les élèves viennent réparer des objets endommagés, prototyper des pièces pour leurs projets de fin d’année, fabriquer des robots à base d’Arduino, réaliser des imprimantes 3D pour chez eux et beaucoup d’autres projets des plus divers. Les projets du moment sont un mini bateau télécommandé pour larguer de l’amorce à la pêche, un potager hydroponique pour cultiver des légumes et un skateboard électrique.

Avec ce peu de recul pour l’instant, quels avantages voyez-vous à avoir un tel lieu dans un lycée ?

Ce lieu permet à tous les élèves de bénéficier d’un lieu de création et de prototypage d’objets. Les élèves ne travaillent pas face à un enseignant, sous ses consignes, mais s’approprient le lieu et le temps. Ils y évoluent le plus librement possible, les formateurs restant garants d’un cadre, mais plus élargi et polymorphe que celui habituel de la formation enseignée en classe. C’est un lieu de rencontre et de partage qui est aujourd’hui indispensable dans notre lycée et dans toutes bonnes structures scolaires.

La structure est encore trop jeune pour en tirer des enseignements et des conclusions. Nous nous sommes lancés dans une phase de recherche en neuroscience d’une durée de 3 ans pour analyser les bien-fondés d’une telle structure.

Quels conseils donneriez-vous à des enseignants volontaires pour ouvrir ce lieu de créativité et d’échanges dans leur établissement ? Des écueils à éviter ?

Rapprochez vous d’un Fablab, pour cela la carte des Fablab Français est disponible à cette adresse. Attention aux revendeurs de machines 3D et autres machines à commandes numériques qui inondent l’éducation nationale, depuis bien trop longtemps, de machines équipées de logiciels propriétaires et de consommables à des prix exorbitants.

Pour finir, quelles ambitions pour l’an prochain avec le fab lab et vos élèves ?

Nous allons créer une micro-entreprise pour développer un de nos projets phare « le potager de fenêtre hydroponique », nous allons développer et distribuer le projet à grande échelle sous forme de campagne de financement participative. Les objectifs seront de financer un voyage en Chine afin de présenter notre projet lors de la réunion mondiale des Fablab et si la campagne de financement fonctionne bien nous nous équiperons d’une découpeuse laser, mais là je rêve sûrement, c’est cela aussi les Fablab.

Propos recueillis par Julien Cabioch

Fablab de Sarreguemines

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