Par Julien Cabioch
Sommaire : réaliser un circuit de randonnée, projet All Over avec l’école d’architecture, créer un livre jeu-vidéo au collège
Apprendre au long du chemin de randonnée…
Pour découvrir les espèces animales et végétales autour de vous vous pouvez apprendre par coeur des grimoires. Vous pouvez aussi partir en randonnée avec la professeur de SVT et rédiger un topo-guide avec l’aide de la professeure documentaliste et de la professeure d’arts plastiques. Lecture de cartes IGN, utilisation de boussoles, balisage, recherches documentaires et réalisation d’un herbier : c’est ce qu’ont vécu les élèves de 6ème et 5ème d’Aurélie Arbona. Enseignante en SVT au collège Denys-Puech de Saint Geniez d’Olt (12), elle a conçu cette opération avec la Fédération Française de Randonnée. Empruntons son chemin…
Quelle est l’origine de ce projet « circuit de randonnée » ?
J’enseigne dans un collège rural mais je me rends compte assez régulièrement que les élèves connaissent assez peu leur environnement. Beaucoup ne se promènent jamais sur les chemins, qui sont pourtant très nombreux par ici. Je voulais redonner une dimension « nature » à l’enseignement des SVT en profitant de cet environnement. J’avais entendu parler de l’opération « Un chemin, une école » mené par le Comité de Randonnée Pédestre du département; et après les avoir contacté nous avons défini notre projet : créer entièrement un topo-guide sur un circuit de randonnée local puis baliser ce circuit. Le professeur d’arts plastiques et le professeur documentaliste ont été ravis de se joindre à ce projet. Le cadre s’y prêtait bien puisque nous étions alors en expérimentation: nous avions la possibilité de travailler un après-midi par semaine avec un groupe d’élèves de niveaux 6ème et 5ème et à plusieurs intervenants.
Comment s’est organisé le travail tout au long de l’année ? Combien d’élèves impliqués ?
Le travail s’est déroulé sur une année scolaire à raison d’un après-midi soit 3h par semaine. D’autres projets étaient menés et nous avons fait le choix de faire tourner trois groupes d’élèves sur trois projets; chacun aurait donc un trimestre pour y participer. Il s’agissait de groupes d’une quinzaine d’élèves, de niveaux 6ème et 5ème mélangés. J’étais présente à toutes les séances de travail; ma collègue d’arts plastiques ne devait intervenir qu’à hauteur de 1/3 de l’année. Ma collègue documentaliste est intervenue surtout en tant que personne ressource; et elle a aussi travaillé avec la médiathèque locale.
Voici l’organisation d’un trimestre type:
– une séance de présentation du projet
– une intervention de bénévoles du CDRP 12 pour une séance « initiation à la lecture de carte et à l’utilisation de la boussole » en classe
– une sortie sur le terrain (voire deux), encadrée par des personnels du collège et du CDRP
– des séances de travail en Arts Plastiques
– des séances de travail en SVT
– des séances de recherches
– des séances de rédaction du topo-guide
Concrètement, que font les élèves pendant les séances ?
Le travail était très varié d’une semaine à l’autre: il fallait jongler entre les recherches, les productions, les disciplines et la météo! Concrètement les élèves ont appris les notions de base pour lire une carte IGN et utiliser une boussole. Pour le balisage du circuit ils ont crée un logo reprenant des symboles locaux (comme la marmotte, symbole de la ville; la fraise car il existe une variété locale qui était autrefois cultivée en grande quantité et la croix occitane).
Après avoir fait le choix commun des éléments chacun a proposé son dessin, avec sa mise en couleur. Les élèves ont aussi repéré 4 plantes caractéristiques du circuit; sur lesquelles ils ont travaillé l’aspect scientifique (classification, identification) et artistique (réalisation de planches d’herbier). Ils ont réfléchi à l’aspect « développement durable » en créant une charte du randonneur et une liste d’espèces végétales locales protégées. Ils ont rédigé un descriptif du trajet en réalisant la complexité d’utiliser un vocabulaire précis et adapté pour ne pas perdre les randonneurs! Il y a également eu un gros travail de recherche documentaire sur les légendes locales, les anciennes cultures, le patrimoine observable le long du circuit… Et enfin ils ont réalisé entièrement la maquette du topo-guide (mise en page, texte, photos etc.).
Le projet s’est effectué en lien avec l’enseignant en arts-plastiques. Quels sont les apports des arts dans ce projet ?
Le premier apport a été de montrer aux élèves les liens possibles entre les SVT et les Arts Plastiques; pour cela la création de pages d’herbier a été une évidence. Nous en avons d’ailleurs sélectionné et scanné pour les insérer dans le topo-guide. L’année précédente nous avions fait du land-art. Le fait que nous puissions intervenir ensemble certains après-midi était important pour réaliser ce décloisonnement.
Des recherches documentaires à la mise en page, les élèves ont pu apprécier la publication de leurs travaux. Quelles ont été leurs réactions à la finalité du travail ?
Les élèves ont été impressionnés lorsqu’ils ont eu le topo-guide entre les mains. Les deux premiers groupes n’avaient fait et vu qu’une ébauche. Seul le dernier groupe avait eu en main la maquette finale; mais même eux ont apprécié de voir leur travail sur papier glacé, imprimé « pour de vrai »! Certaines parties leur ont vraiment donné du fil à retordre comme la rédaction du trajet. Ils ont d’autant plus apprécié de voir le résultat de leurs efforts. J’aimerais faire une petite enquête, savoir combien d’élèves ont amené leurs parents randonner sur le sentier.
L’inauguration du circuit a eu lieu récemment, en présence de personnalités locales. Le topo-guide est disponible à l’office du tourisme et chez les sponsors. Les élèves peuvent être fiers de leur travail.
Comment s’est déroulé le balisage du circuit ? Quelle place avait la Fédération Française de Randonnée dans ce projet ?
Le balisage a eu lieu sur une journée entière, que nous avions libérée pour ces élèves. Une partie s’est faite sous la pluie; nous avons d’ailleurs pique-niqué dans une vieille grange pour se mettre à l’abri. Nous étions encadrés par les membres du CDRP; qui ont fait entièrement réaliser le balisage aux élèves (pose des plaques directionnelles et des logos, peinture de la signalétique). Le CDRP nous a vraiment accompagné tout le long du projet; même financièrement pour l’impression du topo-guide. Ils sont intervenus une dizaine de fois dans l’année, et ce bénévolement. L’association de randonnée locale est aussi sollicitée: son président nous aide à sélectionner un circuit.
Propos recueillis par Julien Cabioch
All Over : Des collégiens architectes de leur établissement
Comment faire un projet architecture au collège ? Dans le cadre des Cordées de la Réussite, deux enseignantes du collège de Carbon Blanc (33) ont entrainé leurs élèves de 5ème dans la conception d’une exposition mêlant observation et créativité. Pascale Blanchard, professeur de SVT et Martine Couturier, professeur de technologie travaillent sur ce projet en lien avec l’Ecole Nationale d’Architecture et de Paysage de Bordeaux. Le projet nommé All Over donne à ces collégiens « une perception différente de leur établissement».
Quel est votre projet All Over cette année ? Quelle est l’origine de ce projet ?
Nous avons travaillé avec deux étudiantes en troisième année d’Architecture du Paysage dans le cadre du projet All Over sur trois thèmes développés sur le site du collège :
– cacher/révéler
– confrontation bâti/végétal
– point de vue extérieur/intérieur.
Le projet All Over a été initié par l’Ecole Nationale d’Architecture et de Paysage de Bordeaux il y a quatre ans et proposé à une quinzaine d’établissements cette année (collèges, Lycées, Lycées professionnels…). Les deux dernières éditions ont été menées dans le cadre des cordées de la réussite et proposées par la DAAC. Le collège de Carbon Blanc a participé l’année dernière (2013-2014) et cette année.
Comment s’organise ce lien entre l’école nationale d’architecture et votre collège ?
Nous avons inscrit le collège dans le projet via la DAAC en juin de l’année précédente et une première réunion d’information rassemblant les professeurs des EPLE, le professeur de l’Ecole d’Architecture porteur du projet, et les représentants de la DAAC s’est déroulée dans les locaux de l’Ecole d’Architecture. Nous avons à ce moment là indiqué sur quel semestre nous souhaitions travailler et le niveau des élèves concernés. Les étudiants se portent volontaires (cela leur permet de valider des crédits ECTS « flottants ») et nous contactent directement. Pendant le déroulement du projet, le lien s’organise seulement entre les étudiants et le collège.
Le projet donne lieu à la publication d’un livre, mise en œuvre par l’Ecole d’Architecture à partir des rencontres dans tous les EPLE participants. Les élèves et les professeurs sont invités l’année suivante à la remise du livre à l’Ecole d’Architecture lors de sa parution.
Concrètement que font les élèves tout au cours de cette étude ? Comment se déroulent les séances ?
Les séances se sont déroulées sur trois après-midi et un cours de deux heures de technologie de début mars à mi-avril en classe entière avec les deux professeurs (SVT et Technologie) et les deux étudiantes. Les élèves ont été répartis en cinq groupes de cinq ou six élèves.
– Lors d’une première séance de prise de contact, les étudiantes se sont présentées et ont expliqué leur parcours, puis les élèves leur ont fait visiter le collège et son environnement en leur faisant part de la perception qu’ils en ont. Il faut noter que ce collège se situe dans un environnement naturel agréable (la Plaine du Faisan), qu’ils fréquentent régulièrement lors de leurs loisirs. Les groupes ont été formés par affinités en vue de la seconde séance et les étudiantes ont précisé les axes du projet,
– Seconde séance : chaque groupe d’élèves a choisi un des trois thèmes et ils se sont déplacés sur site prendre des photos pour les illustrer (dans et hors du collège). En salle informatique, les groupes ont transféré les photos sur ordinateur et ont opéré un premier tri (ne garder que deux photos).
– Troisième séance : Après ce tri préalable, les groupes ont mené une réflexion sur le thème choisi, l’ont formulée par écrit et envisagé d’enrichir ces images en donnant libre cours à leur imagination (collage, découpage, superposition… pas de Photoshop) sur les photos préalablement éditées en format A4. C’était leur « brouillon ».
– Quatrième séance (en cours de technologie) : mise au propre sur grand format (A1)/ Enfin, une heure la semaine suivante consacrée à l’installation en vue du vernissage.
Entre travail pluridisciplinaire et ouverture à l’architecture, percevez-vous des attitudes différentes des collégiens ? Développent-ils d’autres compétences ? Des révélations ?
Les élèves ont déjà l’habitude de travailler en technologie en petits groupes (îlots). Au début, les élèves étaient dans l’expectative, ne sachant pas trop comment se positionner, ni ce qu’on attendait d’eux. Par exemple, ils ne savaient pas comment s’adresser aux étudiantes : leur dire « Madame » ? Leur adresser directement la parole ? Ils se tournaient vers nous pour savoir comment ils devaient agir ou parler…
Ce projet leur a permis de développer des compétences diverses : l’observation de leur environnement proche, porter un autre regard; l’expression : artistique, orale lors des échanges entre eux et avec les étudiantes, ainsi que lors du vernissage face au public.
Cela a permis de révéler chez eux une sensibilité artistique, une capacité de réflexion qui les ont portés tout au long du projet. Ils se sont impliqués plus qu’on ne l’avait envisagé, dans un projet commun à un groupe, à une classe.
Quelle est la place des deux professeurs lorsque deux étudiantes en 3ème année d’architecture animent la séance ?
La séance n’est pas animée par les étudiantes, mais par l’équipe formée par les professeurs et les étudiantes. Il s’agissait d’une co-animation à quatre où les enseignantes n’avaient pas d’attentes en terme de contenus disciplinaires, mais le but était de faire émerger une réflexion et un processus de création (rien n’est juste, rien n’est faux). Les professeurs ont apporté leur « expertise » dans la gestion du groupe classe, la gestion du temps, établi le lien entre les élèves et les étudiantes, et ont aidé les étudiantes à reformuler les consignes ou le discours en terme de vocabulaire…
Les rencontres en amont avec les étudiantes et les phases de concertation tout au long du projet sont primordiales, sur le plan humain, mais aussi pour faire le point après chaque séance et organiser les suivantes. Cela demande une certaine disponibilité et des échanges de mails, de sms… et de pauses café !
Comment s’est conclu votre projet ? Quels regards sont portés par les autres élèves, les adultes sur le travail des 5èmes ?
Le projet s’est conclu par un vernissage où étaient invités tous les acteurs du collège : élèves, parents, professeurs, personnel, ainsi que les élèves allemands et leurs professeurs en séjour au collège dans le cadre d’un échange. Les adultes ont été impressionnés par la créativité et la maturité des élèves de cet âge, ainsi que par la qualité du travail effectué.
Quelques élèves de 3° sont restés après les cours pour assister au vernissage et ont été très touchés par ce qui émanait des affiches.
D’une façon générale, tous les élèves du collège ont montré beaucoup de respect pour ces affiches exposées dans le hall où ils sont près de 540 à passer plusieurs fois dans la journée, aucun n’a été détérioré.
Pour notre part, nous avons été très impressionnées par le cheminement artistique et intellectuel de nos élèves, par l’évolution entre les ébauches et le résultat final.
Et ces élèves de 5èmes impliqués, perçoivent-ils désormais différemment leur établissement ? Pourquoi ?
Il nous semble qu’ils ont maintenant une perception différente de l’établissement, ils se le sont davantage approprié et ont dépassé le regard uniquement « scolaire ». Ils sont très fiers de leur travail et de l’image qui en a été donnée, ils tenaient absolument à le montrer à leurs parents.
D’autres idées pour l’an prochain ?
Nous sommes dans l’incertitude quant à la pérennité du projet All Over, que nous serions ravies de reconduire. Mais nous réfléchissons à un projet interdisciplinaire (SVT/Technologie) en relation avec Bordeaux Métropole et la municipalité de Carbon Blanc sur l’aménagement de la plaine du Faisan sur laquelle est implanté le collège. Nous avons déjà pris des contacts ainsi qu’avec le cabinet d’architecture et de paysage retenu pour travailler sur le projet. Ils se sont tous montrés très favorables à notre proposition. Cela pourrait nous conduire à y travailler sur plusieurs années.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Des collégiens programment un livre jeu vidéo
De la programmation au jeu vidéo, Mikaël Tomicki, enseignant en technologie mène un projet interdisciplinaire original avec ses élèves. Au collège du Vallon à Autun (71), le langage Basic fait son retour et les collégiens se retrouvent au cœur d’un parcours créatif encadré par des enseignants de SVT, français, arts plastiques et éducation musicale. Rencontre avec cet enseignant qui orchestre ce travail interdisciplinaire porté sur 2 années.
Quel sont les objectifs de votre projet vidéo ?
Notre projet consiste en la création d’un livre/jeu-vidéo. Les élèves écrivent une histoire originale, le jeu en reprendra certains passages et il y aura une interaction entre les deux. L’histoire sera publiée sous forme de livre et le jeu vidéo sous forme de CD. Les élèves se réunissent 1 fois par semaine pendant 45 mn à la pause méridienne en présence de professeurs. Le projet se réalise sur 2 années scolaires.
Quel a été le point de départ du projet ?
La programmation informatique est devenue un élément essentiel dans notre société car elle permet de faire fonctionner de plus en plus d’objets qui nous entourent et il est important qu’un élève connaisse un minimum de logique de programmation mais le collège, actuellement, propose très peu l’utilisation de la programmation. J’ai donc cherché comment proposer aux élèves des bases de programmation tout en ayant un aspect ludique et j’ai eu l’idée de créer un jeu vidéo.
Faire un jeu vidéo permet de faire intervenir plusieurs domaines et ayant déjà eu par le passé, à plusieurs reprises, des expériences d’interdisciplinarité, j’ai proposé à des collègues s’ils souhaitaient se joindre à moi. J’ai toujours apprécié ces travaux interdisciplinaires chacun apportant ses connaissances pour bâtir un projet commun plutôt que de les utiliser chacun de son côté, cloisonnés dans notre salle. Les élèves découvrent ainsi une cohérence entre les différentes disciplines.
Votre projet est vraiment interdisciplinaire. Avec quels autres enseignants travaillez-vous ?
Un groupe d’élèves crée l’histoire du jeu avec une enseignante de français, un autre travaille sur les graphismes du jeu avec une enseignante d’arts plastiques, un autre groupe prépare un travail de recherche sur certaines espèces animales ou végétales rencontrées dans le jeu avec une enseignante de science de la vie et de la terre, un autre groupe travaille sur la musique du jeu avec un enseignant d’éducation musicale et un dernier groupe d’élèves travaille sur la programmation avec moi, enseignant en technologie.
Je tiens à souligner l’investissement de mes collègues : Françoise Clos (Arts Plastiques), Sophie Roy (SVT), Eric Dedieu (Education Musicale) et Claude Gréco (Français) qui s’investissent autant que moi dans ce parcours créatif dans le monde du jeu vidéo.
Dans ce premier projet chaque élève ne travaille donc pas sur la même chose mais on pourrait très bien imaginer ce même projet avec les élèves travaillant sur tous les domaines du jeu. Il serait également possible de faire intervenir toutes les matières, j’ai d’ailleurs déjà réfléchi à un futur projet de jeux vidéo pour lequel ce serait le cas.
Comment les élèves perçoivent-ils ce projet qui se prépare sur 2 années ?
Ils ont encore du mal à s’imaginer la finalité du projet. En effet, certains n’arrivent pas à croire que faire imprimer leur histoire sous forme de livre ou même créer un jeu et le faire presser sur CD soit possible.
Vous partez volontairement sur un « jeu rétro » et vos élèves découvrent le langage Basic en programmant leur jeu. Pourquoi ces choix ?
Je ne suis pas un expert en programmation mais j’ai déjà pratiqué plusieurs langages. Le basic, qui est un langage ancien, m’a semblé être le plus facile d’accès pour des élèves de collège. Même s’il ne permet pas de faire autant de choses que d’autres langages, il permet quand même d’apporter la logique de la programmation. Je me suis donc mis à chercher des outils utilisant le basic pour la création de jeux vidéo et par hasard je suis tombé sur un logiciel gratuit mais malheureusement plus développé depuis un bon moment(2010), appelé Basiegaxorz, qui permet de programmer sur une ancienne console de jeu des années 1990 : la Megadrive de la société Sega.
Cette console n’a bien évidemment plus rien à voir avec les consoles actuelles mais elle fait partie de l’histoire du jeu vidéo. Je me suis dit que les plus jeunes, qui aiment les jeux vidéos se devaient de connaître les « ancêtres » de leurs jeux actuels. De plus, les jeux actuels sont quand même bien plus difficiles à gérer, il n’y a qu’à voir le nombre impressionnant de personnes qui participent à la création d’un jeu vidéo. Dans les années 80, 2 personnes suffisaient.
Le jeu que nous allons créer sera compatible avec la console d’origine mais aussi avec un émulateur qui permet de simuler la console de jeu. Il sera donc possible de jouer à notre jeu sur pc mais aussi sur tablettes.
Quel regard portez-vous sur les réformes à venir et l’arrivée de la programmation dans les cours ?
La réforme du collège est nécessaire. Il y a eu une grande consultation nationale et j’attends de voir les textes définitifs avant d’avoir un avis. Concernant ma discipline, la technologie, ce qui est pour l’instant proposé, fait que sur le cycle 4 (5e,4e, 3e ) nous perdons une demi-heure de cours par semaine.
Pourtant, à notre époque où la technologie est absolument partout, il est important que les jeunes aient une culture technologique qui leur permette d’utiliser les objets qui nous entourent correctement. Pour cela, ils doivent comprendre comment ils fonctionnent, comment les utiliser à bon escient. De plus, la technologie est une matière qui fait la jonction entre toutes les autres, en effet, nous utilisons les notions vues chez elles. Par exemple dans le programme actuel de 5e, qui porte sur les habitats et ouvrages, à l’aide d’une maquette je fais réaliser une structure en voute. Tous les ans, les élèves me disent que leur professeur d’histoire leur en a parlé. Ils savent que la pièce du milieu est la clé de voute. J’ai énormément d’exemples de ce genre et de toutes les matières : sciences physiques, svt, arts plastiques, éducation musicale. En technologie, nous mettons en application tout ce qui est abordé dans les autres matières et je ne comprends pas pourquoi cette discipline est si peu valorisée.
Avec la proposition du nouveau programme nous aurons donc 4h30 sur les niveaux 5e, 4e, 3e au lieu de 5h actuellement. Ces 4h30 pourront être réparties sur les 3 années. Comme j’ai compris, les élèves pourraient très bien ne pas avoir technologie en 5e mais avoir 4h30 répartis sur les niveaux 4 e, 3e. Imaginons qu’un élève change d’établissement à la fin de son année de 5e et qu’il se retrouve dans un collège qui instaure de la technologie en 5e, 4e, et pas en 3e, il lui manquera une année de cours.
Concernant la programmation, il est enfin temps que celle-ci soit abordée. Mais il y a avant cela un autre problème à résoudre. En effet, bien souvent mes élèves de 6e ne sont pas sur le même pied d’égalité concernant l’utilisation de l’outil informatique. A notre époque, savoir se servir d’un ordinateur est aussi important que de savoir écrire, lire, compter. Mais le problème c’est que cet écart de connaissance informatique ne se comble pas avec les années passées au collège, même avec l’utilisation de plus en plus importante de l‘ordinateur.
Avant de leur apprendre à programmer, ce qui est, comme je l’ai déjà dit, très important, il faudrait déjà leur apprendre à se servir correctement des outils numériques mis à leur disposition, c’est-à-dire, leur faire des cours d’informatique.
Pour finir, quelle « plus-value pédagogique » percevez-vous à proposer un tel projet ? Quelles compétences supplémentaires développent les collégiens ?
Ces travaux permettent de mettre en œuvre de nouvelles situations d’apprentissage et ainsi favoriser l’épanouissement de l’élève. Il améliore la maîtrise de la langue, développe des compétences info-documentaires, il apprend à maîtriser les outils numériques et à développer ses compétences algorithmiques et informatiques. Il peut acquérir les valeurs, les repères d’une culture numérique tout en développant le travail interdisciplinaire dans le but de réaliser un projet concret et collectif.
Ces travaux permettent également de répondre à certains objectifs de notre projet d’établissement :
– Développer les performances et les résultats des élèves en les impliquant dans un projet concret.
– Développer le partenariat avec les structures locales : presse, musées, écrivains.
– Développer le volet culturel en faisant notamment appel à la littérature jeunesse et classique pour élaborer l’histoire, au cinéma dont les élèves sont fortement imprégnés.
– Développer l’axe des valeurs de la République par le travail en équipe qui nécessite respect, écoute et tolérance.
– Développer la connaissance des métiers du numérique avec une sortie au salon des jeux vidéos à Paris.
Propos recueillis par Julien Cabioch
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