« Continuez vos efforts ». C’est le relevé de notes que la première association de parents d’élèves envoie à la ministre de l’éducation nationale. « Il reste deux ans et on n’a rien à perdre » estime Paul Raoult, président de la FCPE. Il y a trois ans, le candidat Hollande était venue présenté son programme et prendre des engagements devant la Fcpe. Le 2 avril, l’association fait un « point d’étape » des réformes en cours. Finalement le bilan assez léger invite la Fcpe à soutenir les réformes au moment où la réforme du collège est sous la pression de plusieurs syndicats et où la déroute électorale de la gauche obscurcit l’avenir. De l’aveu de la Fcpe, si « on revient de loin », les progrès sont minimes.
Pour Paul Raoult, président de la FCPE, ce « point d’étape » n’est pas lié aux dernières élections départementales. La première association de parents d’élèves avait prévu de constater « l’écart entre nos exigences, les promesses et le réalisé ». La Fcpe décline en 12 fiches thématiques, de la maternelle au lycée et des rythmes aux droits de l’enfant, cet état des lieux. Si parfois la Fcpe a été entendue, si elle crie même parfois victoire, le bilan semble en deçà des attentes.
Que sont devenues les promesses de 2012 ?
En 2012, le candidat Hollande avait promis devant la Fcpe un « statut de parent délégué ». » Ce décret sera pris », avait promis F Hollande. Progressivement un dispositif de compensation pour payer le temps d’absence en entreprise des élus parents serait mis en place. Trois ans plus tard, le statut n’est toujours pas là. Mais P. Raoult trouve des excuses : indemniser les parents pour leur permettre de venir aux réunions d’établissement sur leur temps de travail couterait 6 milliards.
F Hollande avait fait d’autres promesses en 2012 : « C’est en France que la scolarité dans l’année est la plus courte et les heures de la journée les plus longues », déclarait la candidat Hollande promettant de nouveaux rythmes scolaires. « Des moyens supplémentaires pour l’Ecole ne serviront pas à refaire ce qui a été défait », expliquait-il, « mais à changer l’Ecole ». Trois ans plus tard, la réforme des rythmes scolaires est jugée très positive par la Fcpe. « Les enseignants parisiens admettent que les enfants ont 3 semaines d’avance dans l’apprentissage de la lecture », explique P Raoult en reprenant l’argumentaire du ministère. Les créations de postes promises par la gauche sont bien là mais « absorbées par la croissance démographique » elles changent peu l’école. Il y a toujours le manque de remplaçants. « Quand on demande à parler au responsable dans les académies on obtient un grand silence » raconte P Raoult. La question est au point mort.
Continuer la réforme jusqu’au bout
Alors, la Fcpe se contente de micro reconnaissance comme « la semaine de la démocratie » dans les lycées qui devait donner de la visibilité aux élections des parents. Mais l’initiative annoncée dans la circulaire de rentrée « s’est arrêtée au ministère » reconnait P. Raoult et a trop rarement atteint le terrain. L’orientation choisie par les parents, une vieille revendication de la Fcpe, n’est qu’une expérimentation.
Les dernières déconvenues concernent le collège et l’évaluation. « On avait souhaité une réforme du collège et on n’a qu’une réforme pédagogique » résume P Raoult. La Fcpe voulait changer le fonctionnement du collège. Elle se contente de la réforme en cours qu’elle juge « intéressante » à cause des EPI, les enseignements interdisciplinaires. « On aimerait qu’il y en ait 80% et non 20% ». Sur l’évaluation, P Raoult juge « qu’on revient de loin ». Il annonce que l’évaluation du brevet associera contrôle continu et présentation d’un travail à l’oral. Les professeurs de collège devront indiquer sur les devoir les compétences évaluées ce qui lui semble très bien.
Alors pour la Fcpe, le ministère doit « continuer ses efforts » durant les deux années qu’il reste au gouvernement. « Des syndicats freinent des 4 fers pour que plus rien n’avance », dit-il. « Le Snes, le Snalc, FO font beaucoup de bruit mais ne représentent pas grand chose », dit-il. La ministre semble moins convaincue. Le matin même elle a annoncé que le calendrier annuel sur 36 semaines ne serait plus remis en question. « Cela ne nous convient pas », dit P Raoult.
François Jarraud