Il y a ceux que l’on a entendu : P. Hetzel, A. Genevard, G Geoffroy qui ont interpelé la ministre sur l’enseignement des langues anciennes ou la seconde langue vivante. Il y a aussi tous ceux que l’on n’a pas entendu parce qu’ils sont plus près de l’Elysée… Et puis il y a les syndicats qui depuis 2 semaines discutent avec le ministère. Tous ont bien fait. Le ministère de l’Education nationale a refait ses comptes et propose de nouvelles grilles horaires. Il parle « d’avancée significative ». Des réponses sont apportées aux critiques des défenseurs des langues anciennes et des langues vivantes deux.
De nouveaux horaires
Le ministère propose une nouvelle grille horaire qui répond en partie aux inquiétudes des partisans du latin et de l’allemand. La première mouture de la réforme du collège portait l’horaire total des 4 années du collège (de la 6ème à la 3ème) de 110,5 heures professeur à 113,5 heures. La seconde mouture fait un pas supplémentaire : le volume horaire passe à 114,5 heures. Ce n’est pas rien. Une heure de plus sur les 4 années du collège , cela représente 1 200 emplois à temps complet, souligne-t-on au ministère. Et cette avancée modifie la situation sur les points les plus chauds.
L’opposition s’est plainte du manque d’heures de français. Mais l’horaire est dorénavant supérieur d’une demi heure hebdomadaire à l’horaire actuel sur tout le cycle 4 (5ème à la 3ème). Les « marges heures profs » qui servent pour l’accompagnement personnalisé ou les travaux en petits groupes sont considérablement augmentées par rapport aux horaires actuels passant d’une demi heure hebdomadaire de la 5ème à la 3ème à 2 h 75. Cet horaire est amputé d’une demi heure au total par rapport à la première mouture des horaires de la réforme. Le ministère a repris cette demi heure pour financer les changements apportés en langues.
De nouveaux horaires pour les langues anciennes
C’est en langues anciennes que les changements sont les plus importants. La Cnarela, qui regroupe des associations d’enseignants de langues anciennes, a lancé une pétition qui atteint 5 000 signatures. François Martin, son vice-président, souligne le fait que les langues anciennes n’apparaissent plus comme une discipline dans la grille horaire de la réforme. Elles ne sont plus qu’un des 8 enseignements interdisciplinaire (EPI) ce qui rend leur horaire dépendant des autres disciplines. Il réfute l’argument de l’élitisme en arguant que les langues anciennes sont présentes dans les établissements défavorisés. Pour lui l’enseignement du latin pâtit des choix des chefs d’établissement qui refusent les ouvertures alors que la demande est là. La pétition demande « que les Langues et Cultures de l’Antiquité.. continuent d’être proposées à tous les collégiens sous la forme d’un enseignement annuel assuré par des professeurs spécialistes du latin et du grec ancien ».
La nouvelle grille horaire restaure un enseignement des langues anciennes. Les langues anciennes restent proposées dans un EPI Langues et cultures de l’Antiquité. Mais à coté de cet EPI, est proposé aux élèves un « enseignement de complément » de langues anciennes à raison d’une heure en 5ème et 2 heures en 4ème et 3ème. « C’est moins que les horaires actuels », admet le ministère. « Mais les élèves pourront compléter avec un EPI ». Le ministère souligne aussi que les langues anciennes seront prises en compte dans le programme de français comme constitutives de notre langue. Dans le socle une phrase marquera, à la demande du Snes, que les élèves sont « sensibilisés aux origines latines » de la langue. Pour le ministère, ces avancées permettent de répondre aux attentes des enseignants tout en luttant contre l’utilisation des langues anciennes dans les stratégies d’établissement en les offrant à tous.
Et en LV2
La réforme institue la langue vivante 2 dès la cinquième. L’horaire était jugé insuffisant , mobilisant de nombreux enseignants particulièrement en allemand. Marie Thérèse Clerc, présidente de l »ADEAF, l’association des professeurs d’allemand, veut lutter contre une réforme « qui met en danger ce qui a été construit depuis 10 ans pour stabiliser les effectifs de germanistes ». Le ministère propose dorénavant de porter l’horaire de 2de langue à 2,5 heures dès la 5ème. C’est une demi heure de plus sur les trois années c’est à dire une hausse d’une heure et demi, ce qui représente près de 2000 postes. Le ministère souligne que les élèves ayant fait allemand à l’école primaire pourront le poursuivre en seconde langue dès la 6ème. Mais les autres classes « bilangues » , les sections européennes seront supprimées dès la rentrée 2016 au profit de cet enseignement généralisé renforcé de la Lv2.
Cela ne satisfait pas MT Clerc. Interrogée par le Café pédagogique elle estime que le maintien de l’option « bilangue » en 6è est indispensable à la stabilisation de l’allemand qui est exigée par les accords franco-allemands.
L’interdisciplinarité demeure
Les enseignements pratiques interdisciplinaires du cycle 4 (de la 5ème à la 3ème) restent « dispensés à tous les élèves en 5e, 4e et 3e » avec un volume horaire dédié. Les thèmes des EPI sont inchangés : Développement durable; Sciences et société; Corps, santé et sécurité; Information, communication, citoyenneté; Culture et création artistiques; Monde économique et professionnel; Langues et cultures de l’Antiquité; Langues et cultures régionales ou étrangères. Quatre heures leur sont consacrés dans les horaires profs chaque semaine. » Au moins deux thèmes sont travaillés par année par chaque élève. Au moins six des huit thèmes sont travaillés au cycle 4 par chaque élève. Les enseignements pratiques interdisciplinaires incluent une réalisation concrète, individuelle ou collective. Ils font l’objet d’une évaluation ».
La répartition de cet horaire entre disciplines est précisé par el ministère. » La répartition du volume horaire qui leur est dédié entre les enseignements pratiques interdisciplinaires et l’accompagnement personnalisé, (est fixée) dans les conditions ci-dessous : au moins 1 heure hebdomadaire est consacrée à l’accompagnement personnalisé en 5e, 4e et 3e ; la répartition du volume horaire est la même pour tous les élèves d’un même niveau de l’établissement ». Le reste appartient à l’établissement . C’est le chef d’établissement qui décide sur avis du conseil pédagogique et vote du conseil d’administration. Le ministère veut ainsi apporter de la souplesse au collège et renforcer l’autonomie des établissements.
Les associations reçues au ministère
Au ministère on assure que le contact avec les associations professionnelles sont constants et qu’elle seront reçues. « Dans la période actuelle, c’est la moindre des choses ». Il va lui falloir maintenant convaincre que ces avancées sont suffisantes pour maintenir les postes dans les établissements sur els disciplines les plus fragiles comme les langues anciennes et l’allemand.
François Jarraud
Nouvelle présentation de la réforme par le ministère