Twitter va-t-il faire naitre de nouvelles communautés enseignantes ? Les 14 et 15 mars, à Toulouse une cinquantaine de professeurs d’éducation musicale, tous actifs sur twitter, se sont rencontrés en réponse à un appel lancé par Cathy Jund et Nicolas Olivier. Du travail du week end sort de nouveaux projets que l’on peut suivre avec la balise #EdmusConnect, évidemment sur Twitter.
L’idée d’une rencontre autogérée entre acteurs réunis par les mêmes valeurs humaines et pédagogiques et motivés par le désir de prolonger des échanges amorcés sur le web a rencontré un succès inespérés. Professeurs explorateurs et un peu extra-terrestres, ils se sont rencontrés sur le réseau social Twitter. Le réseau aux 140 caractères a vu l’émergence spontanée d’une équipe constituée de pseudos tels que @nicoguitare, @Edmusicale1, @zikcollege, @Remi_Masse, @vLeroux, @verlacoc, @EDMJeanColmar et @Zikmuable. Jalons fédérateurs de la balise #edmus (pour éducation musicale) qu’ils ont eux mêmes instaurée.
Travaillant depuis quelques mois par deux, trois, ou tous ensemble, en fonction des goûts, affinités, passions ou des chantiers respectifs qui se rejoignent, leurs travaux se rassemblent souvent et finissent par être partagés sur le web. Chacun des échanges, par messages privés, mail, visio-conférence, téléphone, publics contribuent à tisser des liens d’amitié entre eux dans les rires, la joie, et la bonne humeur. La rencontre #EdmusConnect est la suite logique de cette aventure, avant tout humaine.
Une rencontre pédagogique
Le soutien de l’APEMu (l’association des professeurs d’éducation musicale) et l’hébergement gracieux de la rencontre à l’ESPE de Toulouse, ont offert toutes les conditions pour permettre à une quinzaine d’ateliers de se dérouler tout au long de la journée du samedi. Il a été question de création musicale sur tablette et ordinateur. Plus précisément, de quelle façon la création peut être mise en place en classe ou en salle informatique, avec quels objectifs d’apprentissage, quelle séquence, quels moyens techniques, quels gestes musicaux face à l’outil numérique. Le tout, mis en œuvre par les participants sur poste informatique et/ou sur tablette.
Une partie programmation d’applications musicales a montré la possibilité de concevoir des programmes répondant aux besoins précis des enseignants d’éducation musicale. Il s’agit par exemple de programmer des formes graphiques associées à des zones d’action sur le son, contrôlé par une surface tactile ou depuis une souris, le tout pouvant également réagir différemment selon le geste.
La posture pédagogique n’était pas en reste avec des interventions autour de la classe inversée et de la pédagogie par îlots en éducation musicale. Là encore les participants ont été mis en situation afin de vivre ces situations d’apprentissages.
Des ateliers autour des tâches complexes, de la ludification du cours et de la twittclasse ont montré des scénarios proposant aux élèves de se muer en enquêteurs sur l’opéra et des échanges réels sur Twitter avec des artistes lyriques actuels. Ces approches ont contribué à forger le postulat de donner du sens aux apprentissages et à rendre concret ce que l’on fait à l’école pour les élèves.
Gumboots et Hang
Non numérique mais tout aussi musicaux et pertinents pédagogiquement, des ateliers de percussions corporelles et de GumBoots (percussion sur bottes en caoutchouc) ont rythmé la journée. Cette pratique fait appel au corps tout entier, à la latéralisation et à la synchronisation. À travers l’apprentissage du rythme, les difficultés des enfants dyspraxiques et/ou dyssynchroniques sont mises en évidence. L’enseignant peut être à même de distinguer les enfants arythmiques (qui gardent le sourire sans se rendre compte de leurs erreurs), de ceux qui présentent des troubles “dys”. Ces derniers, conscients de leurs problèmes de synchronisation, souffrent et se dévalorisent jusqu’à se mettre en situation de refus d’apprentissage. Cet atelier a permis, au-delà de la question de l’apprentissage de nouveaux rythmes, de transmettre des solutions de remédiation, imaginées et expérimentées sur le terrain, tant sur le plan de la gestion émotionnelle, que sur le plan de la re-synchronisation psychomotrice, donnant l’opportunité à ces élèves d’être en situation de réussite.
Un concert pédagogique animé par David Charrier fut l’occasion de découvrir un instrument rare et pourtant très jeune : le Hang. Mélange entre gamelan, gong et ayant des similitudes avec le udu, l’instrument à mi-chemin entre percussion et instrument mélodique émet des sons, doux et ronds, emplissant l’espace sonore. Ses sonorités enivrantes ponctuées d’explications théoriques et musicales ont rassemblé l’ensemble des participants de la rencontre.
C’est ainsi qu’une quinzaine d’enseignants des premiers et seconds degrés mais également spécialisé, allant de l’EPS à la Technologie en passant par les sciences physiques, l’anglais ou les lettres sans oublier les enseignants stagiaires et les étudiants, se sont mêlés aux 35 professeurs d’éducation musicale présents. Leurs objectifs étaient multiples : des enseignants du premier degré venaient pour s’inspirer des activités musicales afin de les transposer dans leur classe. Tandis que les enseignants du second degrés venaient découvrir l’éducation musicale à l’heure du numérique. Tous étaient également invités à apporter leur vision extérieure à la matière musique lors de la table ronde clôturant journée.
Un compte-rendu détaillé est en cours de création et pourra prochainement être consulté sur le site de l’action EdMusConnect. La question de tous maintenant est : où et quand se déroule la prochaine rencontre #EdmusConnect !?
Nicolas Olivier