Chaque année, le Printemps des poètes veut libérer la poésie des supports, des lieux, des pratiques qui l’emmurent : des livres trop confidentiels, des espaces trop institutionnels, des pratiques trop scolaires. De nombreuses opérations tentent de la diffuser davantage et autrement, à l’École et dans la Cité, pour qu’adviennent de vivantes rencontres. Du 7 au 22 mars 2015, le 17ème Printemps des poètes lance plus particulièrement un appel général à « l’insurrection poétique ». Cet appel retentit dans de nombreux établissements scolaires : d’est en ouest, de l’école au lycée, voici quelques-uns de ces beaux échos, susceptibles de donner des idées à tous : ou comment poétiser l’École en déscolarisant la poésie….
Invitations
« Quand l’image rencontre les mots du poète » : les classes du primaire sont invitées jusqu’au 19 mars à réaliser un « photo-poème » autour d’une « lettre d’une mère arabe à son fils » écrite par Maram al-Masri. Toutes les photos des classes seront réunies sur un mur virtuel constituant une grande mosaïque-poème qui sera dévoilée le jour du Printemps (vendredi 20 mars) : « Ta vie m’est chère / comme celle des enfants de toutes les mères / je te dédie, / mon fils, / à la liberté. »
La « RéClame poétique » invite à « diffuser le plus largement de très courts poèmes (aphorismes, citations, haïkus) sous diverses formes d’affichages et d’accrochages dans l’espace public, de façon simple, légère et éphémère, en partenariat avec les responsables des lieux. » Pistes : des bannières, des affiches-textes, des fanions, des banderoles, des kakémonos, des autocollants, des bandeaux collés sur les contremarches d’escalier, des murs de poésie avec écriture peinte, graff, pochoirs, collages d’affiches…, de l’écriture à la craie ou au feutre lavable sur les vitres, des contraventions poétiques comme au collège Belrem de Beaurainville, des tracts, des poèmes dans les transports en communs (tickets de bus, affiches…), des poèmes sur les panneaux lumineux des villes ou des établissements scolaires, des projections-vidéo sur les murs, des arbres à poèmes, des accrochages de poèmes sur une corde à linge comme à l’école élémentaire de Beaurainville …
Le haïku est un poème d’une extrême concision, une fulguration versifiée, qui tente de capter la sensation d’un instant et qui en Occident s’écrit principalement sur 3 vers (5/7/5 syllabes dans sa forme classique). La contrainte des 140 caractères maximum, spécifique au réseau Twitter, peut stimuler la créativité tout en développant les capacités d’expression. Du 1er au 31 mars 2015 se déroule ainsi la 4ème édition de l’opération « Twit’haïku » : elle invite tous les écoliers, collégiens, lycéens (et les autres) à composer des haïkus sur Twitter. L’opération est animée cette année par le réseau des Bibliothèques de Rennes et tente de dépasser la formule du concours pour relier joliment apprentissage de la littérature et éducation aux médias. Travailler les compétences d’écriture par la poésie, le numérique et l’image, c’est la proposition similaire du projet « Tw’haïku » lancé dans l’académie de Dijon. Les classes de primaire et de collège sont invitées à produire des haïkus en réponse à des photographies publiées par l’équipe de conception : première photographie du 16 au 23 mars …
Les Etranjailleurs de l’académie de Versailles invitent aussi à tenter l’aventure de la poésie sur Twitter (compte @91Etranj) : « Venez faire sonner les mots et jouer avec d’autres classes, d’autres élèves pour échanger lors de ce 17ème Printemps des poètes ! » Un système de balises permet à chacun de participer selon sa classe d’âge aux différents défis proposés selon les jours de la semaine : le lundi avec le lexique de l’insurrection, le mardi autour d’une couleur, le mercredi autour d’une émotion, le jeudi sur un « vers préféré », le vendredi à partir d’une forme poétique particulière.
Evénements
Le 16 mars, au lycée Jean Zay d’Aulnay Sous Bois, Jacques Bonnaffé, parrain de la 17ème édition du Printemps des poètes, délivre une « performance poétique dans le hall de la cafèt’ ». Les élèves y participent par des lectures avec accompagnement musical avant une « rencontre plus intimiste au CDI ».
Le 17 mars, au collège Anna de Noailles à Luzarches, plusieurs brigades poétiques interviennent toute la journée dans tout l’établissement, des cuisines à l’administration en passant par les salles de classe, pour déclamer des poèmes d’insurrection.
Le 19 mars, un jeu de piste a lieu dans la cité scolaire Raymond Poincaré à Bar-le-Duc : les équipes sont composées d’élèves de CM, 6ème, seconde et 1ère ; 8 challenges poétiques sont à accomplir tels que lecture à voix haute, création de définitions poétiques ou de lipogrammes… Le lendemain dans la même cité, les élèves défilent avec pancartes en scandant des poèmes : les pancartes seront ensuite plantées dans les espaces verts.
Les 19-20 mars, au collège Ennemond Richard, à St-Chamond, les élèves réalisent une émission radiophonique : une classe enregistre des poèmes lus pour les partager avec une autre classe de 3ème d’une autre établissement de la ville.
Le 20 mars, les élèves de l’école François Rabelais à Precigne présentent un spectacle poétique : sous chapiteau, avec l’aide de la Houlala Compagnie, ils mettent en scène, disent, chantent, miment les poèmes qu’ils ont écrits.
Le collège Pierre Darasse à Caussade veut faire « place au poème » : les travaux poétiques des élèves sont suspendus aux arbres, des citations de poèmes étudiés sont écrites sur les vitres de l’établissement (réfectoire, toilettes, administration, salle des professeurs…), des affichettes avec noms et portraits de poètes accompagnés d’une citation sont placardées sur les portes des salles de classe…
Au collège Jean Perrin du Kremlin-Bicêtre sont organisés des ateliers d’écriture sur les thèmes « voir et habiter un lieu » pour les cinquièmes, « s’habiter soi » pour les quatrièmes. Pour l’occasion, des poèmes sont sélectionnés pour habiller « poétiquement » le collège ainsi que l’escalier principal (« métaphore du voyage et de l’introspection »). Le thème de l’insurrection poétique est « une occasion pour nos élèves de prendre la parole et d’habiter ce lieu de passage qu’est l’école ». Un concours de récitation de poème en langue étrangère ponctuera cette manifestation poétique, annoncent les organisateurs.
Au collège La Bruyère à Osny, en collaboration avec le professeur d’arts plastiques, les élèves réalisent un court métrage poétique autour de la thématique « révolte végétale. »
Au lycée polyvalent Antoine Bourdeille à Montauban, des élèves du lycée professionnel en seconde gestion-administration s’emparent de l’espace public et calligraphient sur les vitres de l’établissement des aphorismes poétiques sélectionnés ou rédigés par eux.
Au CDI et dans divers lieux du collège-lycée Vincent Auriol à Revel se déroule une exposition originale : des QR codes qui cachent des haïkus ! Les élèves peuvent les scanner avec leurs smartphones pour lire « ces poèmes brefs et évocateurs, qui vous entraîneront dans l’univers de la poésie japonaise et au-delà… »
Sur un blog spécialement créé pour l’occasion, des lycéens stambouliotes préparent activement depuis des semaines leur rencontre à venir avec Bernard Friot, auteur (entre autres) de l’indispensable « Agenda du (presque) poète ».
A Brest et Landerneau, les lycéens investis dans le projet « Voix d’aujourd’hui » autour de la poésie contemporaine parcourent (entre autres) le recueil « Rouges » de Michaël Glück par des activités (re)créatives et numériques. Le 19 mars, ils échangent avec le poète dans leurs lycées respectifs et animent une rencontre avec les abonnés d’une médiathèque de la ville. L’occasion de faire résonner encore plus ses vers :
« de chaque mot
je fais une oreille
à l’écoute du monde
le souffle m’est silence
qui s’habille d’un cri
j’appelle
le riverain de l’autre rive »
Jean-Michel Le Baut
Le site du Printemps des poètes
La RéClame poétique
Les Photo-poèmes
Twit’haïku
Tw’haïku
Les Etranjailleurs
Les Qr-haïkus
Des textes poétiques d’insurrection proposés par le prix des Découvreurs
En attendant Friot
En attendant Mickaël Glück
Le Printemps des poètes au lycée de l’Elorn à Landerneau