Il aura fallu 7 heures de débats et une trentaine d’amendements pour que le socle commun sot adopté par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) le 12 mars. Le nouveau « programme des programmes » n’a pas pu empêcher la division des membres du CSE, le Snalc, la Cgt et Sud votant contre le texte, la Fsu s’abstenant. Il a pourtant atteint un certain niveau de consensus, la ministre s’engageant notamment sur l’évaluation. « Un remarquable travail collectif qui met l’école sur de nouveaux rails » estime Florence Robine directrice de l’enseignement scolaire. L’essentiel reste pourtant à faire avec la publication et l’adoption des programmes et des évaluations.
Une journée particulière
« Qui a un kitekat ? » Vers midi le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) commençait à juste titre à s’inquiéter pour son déjeuner alors que l’examen du socle n’avait pas encore vraiment commencé. Ça restera une journée particulière dans l’histoire du CSE. Le 12 mars, il a adopté le socle commun au bout de 7 heures de débats acharnés. Le texte présenté par le CSP s’était pourtant élevé à un niveau de généralisation qui devait faciliter le consensus. Après la consultation, l’administration avait pris soin de modifier l’article 3 en précisant que l’évaluation du socle se ferait par rapport aux programmes. C’était reporter à plus tard le débat sur l’évaluation du socle et garantir qu’il n’y aurait plus de double évaluation : brevet d’un côté et LPC de l’autre.
La réunion a commencé par les longs exposés des organisations présentes devant la ministre qui a ouvert la réunion. Ils ont occupé toute la matinée. Avec quelques surprises, par exemple quand l’UNL, une organisation lycéenne, demande un socle au lycée, ou encore quand le Sgen Cfdt souligne la nécessité d’aligner les trois socles de connaissances et compétences qui cohabitent en France.
Oppositions syndicales
Les débats sur le texte ont permis aux organisations syndicales de construire leur position face au socle. Le Snalc a tenté de proposer un socle disciplinaire largement rejeté. Il a ensuite combattu sur les détails tentant par exemple d’imposer que les élèves connaissent toutes les règles de grammaire et non seulement « les principales » ou que les langues anciennes soient traitées comme le français.
Le Snuipp a fait passer plusieurs amendements intégrant dans le socle la notion de « plaisir de lire » et ouvrant l’école en faisant reconnaitre les sorties scolaires.
Le Snes a rappelé l’hostilité des enseignants au socle de 2005 et a défendu une ligne disciplinaire. Mais il a échoué à faire voter des amendements qui revenaient sur des points importants du socle. Ainsi le Snes a tenté de faire retirer du socle ce qui concerne « l’apprendre à apprendre » (13 voix pour Snes et Snalc, 36 contre). Il a échoué à faire intégrer « l’accès à l’abstraction et à de formes de raisonnement » dans les objectifs du socle ou à faire retirer la dimension « transversale » de la contribution des disciplines au socle. Le camp réformiste (Unsa, Cfdt, Fcpe, Unl) a réussi à conserver son unité, même s’il s’est divisé sur des points précis, et à faire adopter le texte du socle sans grande modification.
Les avancées théoriques du texte
Au final, le nouveau socle est adopté par le CSE par 38 voix pour (Unsa, cfdt, fcpe, unl), 7 contre (Snalc, Cgt, Sud) et 16 abstentions (Fsu). Le camp du refus du socle est maintenant constitué par les organisations qui privilégient les approches disciplinaires. C’est l’absence de visibilité sur les contenus concrets et sur l’évaluation qui justifie l’abstention finale de la FSU sur le texte. Car l’essentiel des choix pédagogiques sera dans les programmes.
La ministre a souligné l’importance du pas franchi le 12 mars. » Pour la première fois, l’organisation des apprentissages, les moyens d’accès à l’information et à la documentation, les outils numériques, la conduite de projets individuels et collectifs, sont identifiés comme devant faire l’objet d’un enseignement explicite. L’acquisition des méthodes, qui reste aujourd’hui du domaine de l’implicite pour trop d’élèves, notamment ceux issus des familles les plus défavorisées et les plus éloignées de la culture scolaire, est une des ambitions centrales du nouvel accompagnement personnalisé qui sera mis en place au collège dès 2016″.
Prochain combat le 10 avril
Mais le plus dur reste bien à venir. A commencer par l’évaluation. Là dessus le Cse a adopté deux points importants. D’une part le fait que l’évaluation du socle portera sur les programmes. Il n’y aura donc pas de LPC pour évaluer le socle indépendamment des évaluations des contenus disciplinaires, ce qui était une exigence de la Fsu. « Le ministère nous a donné des garanties en séance aujourd’hui sur ce point », souligne S Sihr, secrétaire général du Snuipp Fsu. Le CSE a opté pour le refus de la compensation entre les domaines et entre les composantes du premier domaine (43 voix contre 16). Ce point rompt avec la culture disciplinaire traditionnelle. Il fixe ainsi un idéal difficile à atteindre dans un système scolaire où les disciplines sont très nombreuses. Il y aura donc un gros travail d’adaptation de cette règle à faire pour chaque cycle de façon à ne pas pousser las élèves à l’échec. Le débat sur l’évaluation aura lieu au CSE du 10 avril. Et celui là pourrait bien être encore plus long et difficile que celui du 12 mars.
François Jarraud
Un socle qui fixe de grands principes
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/02/17022015Article63[…]
Lussault : Il n’y aura pas de LPC
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/02/09022015Article63[…]
Le projet de socle du 12 février
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/socle2015.pdf
Le nouveau socle commun rédigé par le Conseil supérieur des programmes (CSP) est-il susceptible de relever le niveau éducatif des jeunes français ? La réponse ne se trouve pas dans le socle, publié le 18 février, qui pose des principes généraux mais ne définit pas précisément les connaissances et compétences précises à acquérir. Le socle ne fixe pas plus les outils d’évaluation même s’il précise des conditions dévaluation. Le texte se situe un cran au dessus des disciplines et des savoirs scolaires en indiquant les grandes familles du savoir. Au système ensuite, aux disciplines, aux enseignants de faire avec.. Ce sont les programmes de cycle qui apporteront des réponses aux questions des enseignants.
Cinq domaines croisant les disciplines
« Le socle, qui définit un cahier des charges pour les grands attendus de fin de scolarité obligatoire, doit toujours être appréhendé en relation avec les programmes de cycle, qui l’opérationnalisent ». Le préambule du nouveau « Socle commun de connaissances, de compétences et de culture », rédigé par le Conseil supérieur des programmes (CSP) et publié le 18 février, fixe d’emblée les choses. Vous ne trouverez pas dans le socle d’injonctions prescriptives précises et utilisables en classe. Il faudra attendre les programmes pour observer ce qui pourrait changer concrètement dans les classes.
L’aspect le plus innovant du socle c’est de délimiter 5 domaines de la culture scolaire qui dépassent les disciplines scolaires classiques. « Les cinq domaines ne se déclinent pas séparément. Ils ne correspondent pas à de nouvelles disciplines qu’il serait possible d’appréhender distinctement les unes des autres, mais définissent de grands enjeux de formation », précise le CSP. Ces 5 domaines sont :
1- Les langages pour penser et communiquer
2- Les méthodes et outils pour apprendre
3- La formation de la personne et du citoyen
4- Les systèmes naturels et les systèmes techniques
5- Les représentations du monde et l’activité humaine
Apprendre à apprendre enfin au programme
De tous ces domaines l’élément marquant est de consacrer un domaine aux « méthodes et outils pour apprendre ». « Il vise un enseignement explicite des moyens d’accès à l’information, à la documentation et aux médias, des outils numériques, de la conduite de projets individuels et collectifs et de l’organisation des apprentissages, sans les déconnecter des disciplines », explique le CSP. Ce sera un défi pour le système éducatif que d’intégrer cet enseignement dans la cadre de l’école et du collège. Comment enseigner des compétences aussi importantes mais aussi difficiles que celles de ce domaine 2 ? Citons par exemple : » Pour acquérir des connaissances, il met en oeuvre les capacités essentielles que sont la curiosité, l’attention, la mémorisation, la mobilisation de ressources, la concentration, l’aptitude à l’échange et au questionnement, le respect des consignes. Il sait identifier un problème, s’engager dans une démarche de résolution, mobiliser les connaissances nécessaires, rectifier une erreur, mettre à l’essai plusieurs solutions, accorder une importance particulière aux corrections ». Ce domaine inclut également la maitrise « des techniques usuelles de l’information et la documentation » ainsi que « les techniques et règles des outils numériques ».
Le domaine 1 associe lui aussi le numérique aux autres langages. Et d’abord le français. « L’élève parle, communique, argumente à l’oral de façon claire et organisée ; il adapte son niveau de langue et son discours à la situation, il écoute et prend en compte ses interlocuteurs. Il trouve de l’intérêt à lire… L’élève s’exprime à l’écrit pour raconter, décrire, expliquer ou argumenter de façon claire et organisée, dans un français orthographiquement et syntaxiquement correct ». Mais il doit aussi « comprendre, s’exprimer en utilisant une langue étrangère ou régionale ». Du côté de sciences, « l’élève pratique le calcul, mental et écrit, exact et approché, il estime et contrôle les résultats, notamment en utilisant les ordres de grandeur. Il résout des problèmes impliquant des grandeurs variées (géométriques, physiques, économiques…), en particulier des problèmes de proportionnalité et utilise les langages formels ». » Il connaît les principes de base de l’algorithmique et du codage ; il pratique des langages simples de programmation », a ajouté le CSP. Enfin l’élève doit aussi maitriser « les langages des arts et du corps ».
Dans le domaine 3 qui concerne la formation du citoyen, le CSP a jouté un paragraphe sur la vérité. « Ce domaine fait appel à une réflexion sur la question de la vérité, dont la recherche dans les différents champs du savoir se fonde sur une démarche rationnelle, mais qui peut faire appel à d’autres formes de l’expérience humaine et de la culture ». L’approche doit être concrète : « Ce domaine est mis en oeuvre dans toutes les situations concrètes de la vie scolaire ».
Le domaine 4 concerne les systèmes naturels et techniques. On notera que » l’élève sait mener une démarche d’investigation.. Il manipule, explore plusieurs pistes, procède par essais et erreurs ; il modélise pour représenter une situation ». Toutes démarches mises en valeur dans l’enseignement des sciences récemment et qui pénètrent lentement dans les classes.
Le domaine 5 qui concerne « les représentations du monde et de l’activité humaine » tient sans doute à coeur du président du CSP qui est géographe. Il est tourné vers l’explication du monde contemporain. » L’élève identifie ainsi les grandes questions et les principaux enjeux du développement humain, il est capable d’appréhender les causes et les conséquences des inégalités, les sources de conflits et les solidarités, ou encore les problématiques mondiales concernant l’environnement, les ressources, les échanges, l’énergie, la démographie et le climat.. Il sait situer un lieu ou un ensemble géographique en utilisant des cartes, en les comparant et en produisant lui-même des représentations graphiques. Il lit des paysages, identifiant ce qu’ils révèlent des atouts et des contraintes du milieu ainsi que de l’activité humaine, passée et présente. Il établit des liens entre l’espace et l’organisation des sociétés. »
Des principes pour l’évaluation mais pas de LPC
On attendait le CSP sur l’évaluation du socle. En effet le socle précédent, celui de 2005, avait été traduit pour les enseignants en un pensum bureaucratique, le Livret personnel de compétences, qui les avait dégouté de la notion même de socle. Pour chaque élève les enseignants devaient répondre à une liste interminable de 120 compétences pour valider le socle. M. Lussault nous avait assuré que le nouveau socle ne proposerait pas de LPC. C’est effectivement le cas. Mais le socle fixe des principes d’évaluation. Et l’évaluation des compétences sera abordée dans les programmes de cycle avec un double souci d’évaluation verticale dans le cycle de chaque domaine et horizontale d’évaluation globale des 5 domaines. Cela pourrait bien se traduire dans un outil d’évaluation des compétences que le récent rapport du jury de la conférence sur l’évaluation a baptisé « livret de cycle » et « livret de compétences » pour le brevet.
Le socle établit que » la maîtrise du socle est validée par l’obtention du diplôme national du brevet et permet à l’élève de choisir sa voie de formation, professionnelle ou générale et technologique. Lorsque l’obtention n’est pas réalisée en fin de troisième, l’institution scolaire doit trouver les solutions de poursuite de formation et proposer des modalités de validation. » Il précise que « la mise en oeuvre du socle doit comprendre des procédures d’évaluation adaptées… L’évaluation doit s’appuyer sur une réflexion et un travail collectifs dans les écoles et les établissements ». On comprend qu’il faudra que les programmes de l’école et surtout du collège organise cette exigence. Verra-t-on des temps de travail d’équipe inscrits dans les horaires ? Il semble qu’on s’achemine plutôt vers des travaux interdisciplinaires tels ceux annoncés par le jury de la conférence sur l’évaluation.
Un texte mesuré mais des applications à venir
Le socle précise que l’évaluation inclut les travaux de groupe des élèves et des projets. Elle doit « éviter les calculs artificiels de moyennes, qui font perdre le sens du projet global de formation. Refuser les mécanismes de compensation ». Enfin l’évaluation doit être graduée plus précisément que « acquis / non acquis ».
Il n’y a rien d’étroitement prescriptif dans ce socle. C’est cette qualité qui le fera rejeter par certains, qui attendaient un document précis et coercitif, et qui le fera accepter par d’autres, ceux qui craignent le retour du LPC. Après l’échec du socle commun de 2005, le CSP a su produire un document qui rend le socle intelligible et qui présente ses objectifs comme un challenge intellectuel pour les enseignants. Reste à voir comment les groupes de travail disciplinaires utiliseront le socle et comment ils sauront dépasser les ambitions des savoirs disciplinaires pour les rendre accessibles cycle par cycle. C’est seulement quand on aura les programmes des cycles que l’on pourra évaluer ses impacts sur le système éducatif.
François Jarraud
Le socle
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/socle2015.pdf
Son préambule
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M. Lussault : Il n’y aura pas de LPC
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/02/09022015Article63[…]
Le nouveau socle commun va-t-il enfermer les enseignants dans une nouvelle paperasserie ou au contraire leur ouvrir des espaces nouveaux de liberté ? A quelques jours de la publication du nouveau socle commun, Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes (CSP) en présente les grands axes et les principes. Fini les grilles de compétences à remplir, nous dit-il. Il annonce « un saut culturel » pour l’éducation nationale, celui de la responsabilité et de l’initiative.
C’est cette semaine que le nouveau socle commun prévu par la loi d’orientation doit être validé par le Conseil supérieur des programmes. Présenté comme « le programme des programmes », le socle doit à la fois donner le « la » aux programmes disciplinaires et porter le bagage culturel minimum que chaque jeune doit avoir acquis à al sortie de l’école obligatoire. C’est pour satisfaire cette exigence que le précédent socle, imposé par la loi de 2005, avait imagine un « livret personnel de compétences » (LPC) qui était devenu un cauchemar pour les enseignants. Michel Lussault aborde sans fard cet aspect aussi du socle…
Vous avez lancé une vaste consultation sur le nouveau socle commun. Allez-vous en tenir compte ?
On essaye d’en tenir compte parce que le CSP pense que la consultation est un moment de construction des programmes. On pense que dans le processus de rédaction des programmes il faut un moment où les enseignants et les corps d’inspection se saisissent de cette proposition. On a montré avec le programme de maternelle qu’on a tenu compte de la consultation et on fera de même avec le socle commun et les programmes des cycles 2, 3 et 4 qui seront publiés début mars.
Sur le socle, grâce à la consultation, on a beaucoup travaillé sur la lisibilité des domaines pour diminuer les ambiguïtés. On les a réécrit dans la perspective des élèves en se basant sur ce que fait l’élève. Ca nous semble important car les futurs programmes ne définiront pas les activités des enseignants mais les attendus de connaissance, de compétence et de culture des élèves. En cela ils seront très différents des programmes anciens qui programmaient des séquences pour les enseignants.
Avez-vous un exemple de réécriture après la consultation ?
Par exemple le domaine « outils et méthodes pour apprendre » a été bien reçu lors de la consultation. Mais il y avait des ambiguïtés. On l’a réécrit en le tournant vers les activités des élèves. Par exemple il est écrit maintenant : « Pour organiser son travail l’élève se projette dans le temps, anticipe et planifie ses tâches. Il gère les étapes d’un devoir… Il comprend le sens et la finalité d’une consigne. Il sait qu’un même mot peut avoir un sens différent selon les disciplines ». Tout est centré sur ce que l’élève sait et fait. A partir de cela, les enseignants et l’inspection peuvent générer des situations pédagogiques. On inverse donc la manière habituelle de faire en partant de ce que les élèves maitrisent.
Les professeurs ont gardé un mauvais souvenir du socle précédent. Allez-vous les enfermer dans des grilles de compétences à remplir ?
Il n’y aura aucune indication de grille à remplir dans le socle. L’évaluation des acquis du socle doit se penser dans le cadre de l’activité de l’élève au sein d’un cycle. On a pris la décision de renvoyer les aspects précis d’évaluation dans les programmes de cycle. On rappelle dans le socle des principes généraux de l’évaluation comme le fait qu’elle doit être tournée vers la réussite des élèves. Mais il n’y aura pas de proposition de carnet de compétences ou de grille d’évaluation dans le socle. C’est un sujet en discussion avec la Dgesco (direction de l’enseignement scolaire du ministère de l’éducation nationale). Mais je tiens la position de dire que le socle n’est pas un document prescriptif en matière d’évaluation. C’est une position assez forte. On prend le parti de dire que les situations d’évaluation sont à définir par les enseignants dans le cadre d’un processus d’apprentissage. On est très méfiant par rapport à des grilles d’évaluation. La bonne évaluation se fait en fonction des élèves et de leur parcours. On avait déjà souligné cela pour le diplôme du brevet où on allait plutôt vers un contrôle en cours de formation et une évaluation de projets. On pense que vouloir référer au socle une grille d’évaluation est une erreur. C’est dans les programmes qu’il y aura des évaluations.
Quelle marge d’autonomie seront données par le socle aux enseignants ?
Les attendus de chaque domaine fixent de grands attendus de culture scolaire mais ne décident pas d’une méthode ou d’une programmation pour les atteindre. Le socle est une plate forme générative. Les enseignants se l’approprieront comme ils le souhaiteront et le transformeront en activités d’apprentissage. Les programmes seront plus précis mais ils laisseront une vraie marge de manoeuvre aux enseignants. On redonne du sens à la liberté pédagogique. Le programme ne sera pas une grille figée disant aux enseignants ce qu’ils doivent faire. Les enseignants construiront leurs activités en fonction de ce qu’ils estiment devoir faire dans leur situation pédagogique. Il y aura moins d’indications.
On garde les mêmes domaines ?
On a toujours un domaine sur les langages qui associe la langue française, le slangues étrangères et les langages scientifique et du corps. Il ya le domaine des méthodes et outils pour apprendre. C’est lui qui nous donne le plus de mal pour l’écrire clairement. Le domaine 3 concerne toujours al formation de la personne et du citoyen. Le domaine 4 traite de la compréhension des systèmes naturels et techniques. Le domaine 5 traite de la représentation du monde et des activités humaines.
Il y a un fort écart entre ces domaines et les disciplines scolaires. Comment cela va-t-il être gérable par les enseignants ?
Le socle fait le pari de refonder l’école par les contenus. Dans ce cadre le socle est moins disciplinarisé que le précédent. Il se conçoit comme le programme des programmes de cycle. On n’entrera pas par les disciplines mais par trois niveaux :
1- les attendus globaux du cycle
2- la contribution de chaque discipline au domaine du cycle : là il y aura un panorama montrant comment les disciplines contribuent à la consolidation des savoirs et des compétences dans chaque domaine.
3- la présentation de l’opérationnalisation disciplinaire : on pose des repères de progression et de programmation.
Tout cela va générer un débat que l’on souhaite.
La bataille va donc se porter dans les disciplines ?
Un des enjeux majeurs ce sera de faire en sorte que els disciplines se retrouvent dans les domaines. On ne cherche pas à casser les disciplines. La complémentarité entre domaines et disciplines se verra nettement dans la partie 2 des programmes. Il faudra que s’ouvre très vite l’étape suivante, celle de l’édition par la Dgesco et les inspections de ressources pour les enseignants qui transformeront les indications programmatiques en propositions d’activités.
C’est un vrai saut culturel. De quel modèle vous inspirez vous ?
On est allé voir dans les pays européens. Peu partagent la conception traditionnelle française des programmes. La plupart laissent plus de marge aux enseignants. On s’est inspiré par exemple du programme scolaire des cantons romands en Suisse où on a un bon équilibre entre programmation et reconnaissance de l’initiative enseignante. Le saut sera fort, c’est vrai. Je me prépare à des périodes où le CSP sera l’objet de critiques.
Peut-on changer l’École avec un socle et des programmes ?
En tous cas on ne peut pas changer l’école sans s’attaquer aux contenus. On fait le pari d’une réelle aspiration au changement chez les enseignants. Beaucoup nous disent que les programmes actuels sont trop lourds et trop prescriptifs. Qu’ils veulent changer de méthode et travailler collectivement. Cette aspiration au changement doit être accompagnée par les nouveaux programmes. Les programmes présenteront cette idée que les contenus peuvent faire évoluer l’École.
Propos recueillis par François Jarraud
Sur le site du Café
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