« Écouter Lire le Monde » se définit comme « un projet mondial de lecture ». François Bourdon, enseignant au primaire à Montréal, aussi cofondateur de l’« iClasse », est l’instigateur de ce projet : il veut ainsi « créer des liens entre les élèves de partout sur la planète autour d’une même histoire pour qu’ils puissent partager leurs appréciations ». Chaque année est proposée une sélection d’ouvrages à destination d’élèves de tous niveaux : les enseignants intéressés peuvent s’en emparer pour susciter de stimulantes interactions et de formatrices collaborations. En 2014-2015, plus de 350 classes se sont inscrites à cette aventure collective qui fait d’internet un espace d’échanges scolaires et culturels, et du livre, le lieu d’où se déployer vers le monde. Incontestablement, le projet « Écouter Lire le Monde » favorise chez les élèves une belle dynamique de lecture et chez les enseignants une tout aussi belle dynamique de créativité pédagogique. « Plus on est de fous, plus on lit » ?
Voici quelques exemples de réalisations de classes en cette année 2014-2015. A Gatineau, les écoliers de Mme Nathalie ont lancé des devinettes via Twitter sur des livres de Mario Ramos tandis que ceux de Mélanie Ouellet à Terrebonne réalisaient une vidéo créative sur son ouvrage « C’est moi le plus beau ». Les élèves de Carl Parent à Saint-Lambert de Lauzon, sur la rive sud de Québec, ont utilisé les applications Minecraft ou World of Cubes pour recréer à leur façon « L’école des gars » de Maryse Perkens. Celle-ci a échangé avec les classes volontaires en direct par visioconférence. A Québec, les élèves de Julie Chandonnet ont fixé leurs horizons d’attente sur les histoires et les personnages via des cartes mentales ou l’application Thinglink. En France, au collège Leonard de Vinci de Saint-Aubin du Médoc, les collégiens ont écrit et partagé une suite à « La plus grosse poutine du monde » d’Andrée Poulin. A Dieppe, dans le Nouveau-Brunswick, les élèves ont échangé leurs impressions de lectures à travers leurs commentaires sur le blog de leur enseignante Nadine Lanteigne…
Qu’est-ce que le projet « Ecouter Lire le Monde » ?
Écouter Lire le Monde est un projet mondial de lecture interactive qui s’adresse à tous les niveaux scolaires. Le but est de créer des liens entre les élèves partout sur la planète autour d’une même histoire pour qu’ils puissent partager leurs appréciations.
L’idée de transmettre l’amour de la lecture à nos élèves est présente en chacun de nous. Ce désir est une valeur essentielle en éducation, quel que soient l’âge, l’origine ou la langue maternelle de nos élèves, les moyens pour y parvenir, pour y motiver chacun et chacune sont multiples ; vous en utilisez sûrement déjà quelques-uns qui permettent aux élèves de partager et d’enrichir leurs réflexions en collaboration avec leurs camarades de classe. Ça me trottait dans la tête depuis déjà un bon bout de temps. Comment relier les élèves de mon école et du monde à travers les livres ? Comment inviter les enfants à se réunir selon leurs intérêts et leurs compétences, et non leur âge, autour d’un projet commun de lecture ?
Avec la puissance du web en mode 2.0 et sa capacité d’interaction globale, cette opportunité de partage devient sans frontières; nous pouvons aujourd’hui échanger nos idées, nos opinions et nos appréciations avec la planète entière en quelques clics. C’est au courant de l’année scolaire 2010-2011 que j’ai eu vent du Global Read Aloud Project. En créant un espace de partage qui va au-delà des frontières et qui réunit les élèves de la planète, le projet incite de façon simple et signifiante à la collaboration, aux échanges et au goût de lire. Pour sa première édition, en 2011, l’idée a séduit plus d’une quarantaine de classes dans la francophonie, surtout en Amérique du Nord. L’an dernier, pour la 3e édition, nous avons atteint plus de 415 classes pour un total de 9500 élèves participants. Pour cette édition 2014-2015, nous avons plus de 350 participants et plus de 9000 élèves inscrits ! Suivez-nous sur Twitter avec le mot-clic #ELM14.
Comment s’opère la sélection des ouvrages ? Sur quels critères ?
Les enseignant(e)s qui le désiraient proposaient des titres d’œuvres pour les différentes catégories de lecteurs par l’entremise d’un formulaire en ligne. Ensuite, les titres ayant été proposés le plus grand nombre de fois étaient soumis au vote pour déterminer les œuvres finales.
Comment les enseignants peuvent-ils s’emparer du projet ?
Pour participer au projet, il suffit de s’inscrire sur le site officiel ecouterelirelemonde.net, puis de trouver d’autres classes participantes avec qui se connecter. Le rythme de lecture est disponible sur le site officiel, mais rien n’empêche les participants d’adapter l’échéancier à ses besoins. C’est un projet libre et flexible. En gros, tous les participants entament la lecture, à voix haute ou d’une autre manière, d’une des œuvres proposées, à raison de quelques chapitres par semaine, selon l’agenda établi pour chacun des romans. Ensuite, chacun est invité à partager sa compréhension, ses réactions et ses appréciations avec les autres lecteurs en utilisant le ou les outils de leur choix.
Comment les élèves sont-ils amenés à échanger et collaborer autour de leurs lectures ?
Les outils les plus fréquemment utilisés sont Twitter, avec le mot-clic #ELM14, et les blogues de classe. Nous avons aussi vu certains groupes organiser des babillards collectifs sur Padlet ou lino, d’autres créaient un document Google partagé dans lesquels les participants pouvaient collaborer. Certaines classes se parlaient même par Skype ou Hangout. Les outils utilisés sont laissés à la discrétion des participants pour maximiser la participation.
Le projet existe depuis déjà plusieurs années : à la lumière de votre expérience, quels profits tirent vos élèves d’une telle lecture en réseau ?
Évidemment, la découverte d’autres classes et l’ouverture sur le monde sont les plus grands avantages de ce projet, en plus de développer le goût de la lecture évidemment ! Le côté social est sans contredit le plus grand motivateur du projet !
Vous animez par ailleurs le projet « iclasse4 » : de quoi s’agit-il ?
L’iClasse4 est l’environnement d’apprentissage que nous avons créé à partir des concepts iClasse. Nous sommes une firme de consultants en éducation dédiée à l’accompagnement des enseignants et les enseignantes dans l’intégration des technologies qui s’appuie d’abord et avant tout sur la transformation des pratiques pédagogiques. Fruit d’une thèse de doctorat, les principes théoriques et pratiques d’iClasse misent sur la motivation, l’engagement et l’estime de soi des élèves pour permettre une utilisation efficace des technologies en classe. iClasse offre des formations et un accompagnement vers la redéfinition de l’apprentissage. Notre approche s’apparente à l’innovation de rupture: nous allons où les autres n’osent pas aller. Nous provoquons un changement de culture pédagogique en permettant à tous les intervenants en éducation de transformer leur pratique, peu importe les outils disponibles.
Notre réussite, là où plusieurs échouent, tient au fait que nous avons développé une gestion de classe et une pédagogie efficace, basée sur les résultats de recherche doctorale, qui favorisent l’engagement et la motivation. Les changements que nous proposons tiennent compte des besoins réels des enfants et de l’apport des technologies dans les apprentissages. Les enseignant(e)s inscrit(e)s à nos formations vivent les mêmes succès dans leur milieu grâce à notre offre de développement professionnel à long terme, soit un accompagnement continu vers une certification iClasse.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut
Le site du projet
Sur Twitter
iClasse
« L’Ecole des gars » en Minecraft
Productions de collégiens de Saint-Aubin du Médoc
Echanges avec Maryse Peyskens
Le blogue de Nadine Lanteigne
Vidéo autour de Mario Ramos
Horizons d’attente sur Thinglink