« L’esprit du 11 janvier doit désormais inspirer notre action dans la durée », déclarait le 20 janvier le président de la République. A nos yeux, dès le 21 janvier l’esprit était en vacances. F. Hollande a beau rappeler la priorité donnée à l’éducation , ce n’est pas sur l’éducation nationale qu’il mise pour répondre au défi de l’intégration.
Prononcé par le premier ministre le 20 janvier également, le mot « apartheid » laissait entendre une réponse sociale à ce défi. S’il est un domaine où l’apartheid existe c’est bien le monde scolaire. Dès leurs tendres années, une partie de la jeunesse découvre qu’elle est à part. Elle construit son cursus scolaire dans des établissements où la ségrégation est installée. Elle apprend que la République ce n’est ni l’égalité ni la fraternité. On aurait pu attendre du président de la République qu’il apporte des réponses concrètes à cette situation par exemple des mesures en faveur de l’éducation prioritaire et de la mixité sociale. Or il n’y a rien dans ses propos sauf 45 millions de fonds sociaux, ce qui fait peu par établissement secondaire. Peut-être la ministre pense-t-elle que la nouvelle répartition des moyens répond à cette problématique ? Dans ce cas la démonstration reste à faire et il serait bon qu’elle soit faite.
Le discours sur les valeurs républicaines se réduit rapidement dans les propos présidentiels en un discours sécuritaire. La République c’est certes l’ordre mais c’est l’ordre construit sur la justice. Sans des efforts visibles en ce sens, inutile de prêcher les valeurs de la république à des jeunes pour qui elle est concrètement relégation.
Dans son discours du 21 janvier François Hollande parlait-il à tous les Français ? Il semblait davantage soucieux de répondre aux ténors de la droite qu’à construire l’Ecole inclusive. L’Acte II de la refondation va-t-il étouffer la refondation ?
François Jarraud