Que reste-il du 11 janvier ? L’énorme manifestation d’un peuple réuni va-t-elle aboutir à un gel de l’ouverture de la société française ? La peur va-t-elle l’emporter ? Ce sont ces questions que nous nous posons au vu des débats politiques. Et l’Ecole , avec la question laïque, est en première ligne.
Alors que la ministre consulte sur la « grande mobilisation » pour les valeurs républicaines, les débats à l’Assemblée montrent qu’il n’y a pas consensus sur ce qu’il faut faire après les attentas sanglants. La question de l’intégration qui divise la société française n’a pas été tranchée par les manifestations du 11 janvier.
Pour l’Ecole, le zig zag entre une position de blocage parla laïcité et une posture plus ouverte s’accélère. Selon les débats au parlement et els déclarations du premier ministre, la ministre multiplie des communiqués qui portent des messages différents sur les mêmes questions. En première ligne il y a la question des suites à donner aux refus de la minute de silence. Ce point est devenu la ligne de front entre majorité et opposition.
Porter le débat sur cette question, le situer sur le plan moral a l’avantage d’oublier les bases sociales de la situation. La tension est claire dans le dernier discours de la ministre qui s’ouvre sur un constat des ségrégation pour passer à autre chose et oublier ensuite d’apporter des réponses au constat.
Aller plus loin sur cette pente peut avoir de grandes conséquences pour les enseignants. En première ligne sur le terrain, ce sont les premiers défenseurs de la république. Mais ils ne peuvent l’être que quand ils arrivent à nouer une relation humaine de confiance avec leurs élèves. Plus l’Ecole se situera dans le rejet du monde réel des élèves , que ce soit face aux inégalités sociales ou face aux croyances des élèves, comme nous le dit M Lussault, moins elle pourra construire les valeurs républicaines chez les élèves. Le chemin de la détection et du signalement des élèves déviants, une piste qu’on voit se construire sous nos yeux, entre en conflit avec la mission éducatrice. Le signalement relève jusque là des missions du chef d’établissement.
L’extrême tension qui travers le pays lui donne une occasion de faire bouger les lignes. Les manifestations du 11 janvier semblent ne pas avoir dit dans quel sens…
François Jarraud