A vote électronique, campagne électronique. Nombreux sont les syndicats qui se sont emparés de tous les outils du net pour porter leur message. Twitter, Facebook sont devenus des outils de premier plan pour convaincre des enseignants particulièrement présents sur les réseaux sociaux. Quels usages les syndicats ont-ils développés ? Avec quels objectifs et quels moyens ?
« Ce ne sont pas les nouveaux médias qui vont déterminer notre campagne ». Au Snuipp, comme d’ailleurs également au Snes, on relativise les miroirs aux alouettes que seraient les réseaux sociaux. « Regardez les gilets jaunes », nous dit S Sihr, le jeune secrétaire général du Snuipp. « Sur Internet on a l’impression d’un groupe puissant alors que sur le terrain ils sont inexistants ». Le syndicat dispose d’un compte Twitter avec 98 abonnés. Celui de S Sihr en compte 292. C’est beaucoup moins que certains comptes locaux comme les 717 abonnés du Snuipp 75. Mais il « privilégie le contact humain », nous dit S Sihr. La campagne électorale se fait sur le terrain à travers les militants. Sur Facebook et Twitter, le Snuipp reprnd des thèmes de campagne généralistes comme la rémunération et al formation. Trois personnes contribuent à la campagne sur les réseaux sociaux.
Le Snes est beaucoup plus présent sur Twitter avec 1738 abonnés et une page Facebook. Mais Roland Hubert, secrétaire général, relativise lui aussi l’importance des réseaux sociaux. « Ce n’est pas en inondant la boite aux lettres numérique des enseignants qu’on donne une image de modernité ». Pour R Hubert, « l’important c’est de dire la vérité et pourquoi on se bat ». Si les jeunes enseignants sont bien présents sur les réseaux sociaux, « ils ne veulent pas être enfermés dans une information spéciale pour les jeunes ». Pour JH Cohen, secrétaire national en charge de la campagne numérique, « le Snes est conscient de l’importance des réseaux sociaux mais ne les privilégie pas sur le travail militant de terrain ».
« On a commencé à se préparer bien avant l’élection », reconnaît Franck Loureiro, secrétaire national du Sgen Cfdt en charge de la campagne numérique. Il dirige une équipe de 10 personnes qui travaillent sur la communication numérique. « On sait que 75% des enseignants de moins de 35 ans se connectent au moins une fois par jour. On travaille depuisplus d’un an à une communication spécifique ». Le Sgen dispose d’un compte Twitter (1895 abonnés) et d’une page Facebook. Le syndicat est assez satisfait de sa campagne. « On commence à être assez efficace », estime F Loureiro. « On a un fort taux de reprise de nos tweets car on travaille leur qualité ». Le syndicat ne développe pas de thème particulier. « Nous n’avons pas d’idée sur l’impact de cette campagne mais on sait qu’on touche des personnes qu’on ne touchait pas autrement ».
Modeste par le nombre d’abonnés Twitter (1658), le Se Unsa est celui qui a le plus investi le réseaux sociaux en développant des blogs spécialisés à coté du site national. Il entretient aussi une équipe importante de 80 militants qui travaillent sur les réseaux sociaux. « On a développé nos outils depuis 3 ans », nous confie C Chevalier, le secrétaire général. « On les a autilisé pour nos enquêtes comme celle des 800 000 ». Pour le Se-Unsa, sa page Facebook est le centre d’un « réseau tribal ». « C’est là où se retrouvent le militants. On s’échange des selfies. On communique en réseau ». Le Se-Unsa est le seul syndicat à avoir créé un évenement sur Internet avec un mur de tags Twitter et une balise #Gvotunsa qui est relayée par plus de 2 000 utilisateurs. « Nos militants avaient du mal à s’afficher sur le terrain. Sur les réseaux sociaux ils le font », nous dit C Chevalier. « Ils affichent leur fierté d’être au Se Unsa. C’est un grand vecteur de dynamisme ». Au Se Unsa on se photographie devant son établissement avec le libelle de vote du syndicat. On se prend en photo en équipe locale. Le mur de tags affiche tous ces selfies. Il donne l’impression d’une force syndicale.
Aucun ne l’a dit. Mais un autre indicateur numérique focalise l’attention des syndicats. Le 2 décembre à 17h seulement 29% des électeurs avaient voté sur Internet. A 48 heures de la fermeture des urnes, il reste bien des efforts à faire pour convaincre les enseignants de voter électroniquement.
François Jarraud