« Aujourd’hui est un jour remarquable pour l’orientation. Ca fait 50 ans que ça n’avait pas bougé. Là on met en mouvement les structures ». Le 28 novembre, François Bonneau, vice-président de l’Association des Régions de France en charge de l’éducation, signe la convention liant l’Etat et les régions pour la naissance du Service public régional d’orientation, le SPRO, en présence de N. Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation, et Patrick Kanner, ministre de la Jeunesse et de la Ville. Confié aux régions, le SPRO veut être une réponse concrète aux demandes d’orientation du public, de la sortie de l’école à la fin de vie professionnelle. Mais comment faire d’un maquis de structures différentes, un service public capable d’accueillir réellement tous les publics ?
Comment mettre en adéquation choix personnel et réalités économiques ?
Le Service public régional d’orientation découle de la loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle. Elle confie à l’Etat l’orientation dans les écoles, les établissements scolaires et l’université. Et elle donne aux régions la coordination de tous les services d’orientation pour les demandeurs d’emploi, les actifs et les décrocheurs. Expérimenté depuis septembre 2013, le SPRO doit être mis en place à partir du 1er janvier 2015. Le 28 novembre, François Bonneau, président de la région Centre et vice-président de l’Association des régions de France signe la convention liant l’Etat et les régions avec N. Vallaud-Belkacem et P. Kenner, représentant 6 ministères.
« Ce qui fait la réussite d’un jeune c’est la capacité à mettre en adéquation son choix de formation avec la réalité professionnelle », explique N Vallaud-Belkacem. Dans la situation de chômage généralisé du pays, la question de l’adéquation entre formations et tissu économique est au cœur de la réforme de l’orientation. F Bonneau écarte « l’adéquationnisme immédiat ». « Quand je dis qu’il faut prendre en compte l’économie c’est avec une vision à long terme et européenne », explique-t-il.
Comment coordonner tant d’acteurs différents ?
La loi de 2013 confie aux régions l’animation et la coordination de tous les organismes qui concourent à l’orientation. Il y en aurait près de 8 000 en France avec des statuts biens différents qu’il s’agisse des CIO, de l’Onisep, de Pôle Emploi, des bureaux jeunesse, des missions locales, d’associations etc. Le SPRO doit assurer l’accueil personnel et numérique de tous les publics. Il doit leur proposer une information fiable et personnalisée et des conseils et un accompagnement pour leur orientation.
La question du devenir des CIO a longtemps paralysé le projet de SPRO. »Fallait-il débattre pour savoir si leur personnel était d’Etat ou régional », demande F Bonneau. « On n’est pas entré là dedans. L’éducation à l’orientation fait partie des projets des établissements scolaires. C’est la mission de l’Etat et ça la reste. Notre société a une demande plus large. Notre société a une demande plu s large. On met en place un SPRO dans lequel les CIO hors temps scolaire peuvent trouver leur place ».
La grande question est donc celle de la coordination de structures de nature très différente. « On a pris le point de vue de l’usager », explique F Bonneau. « La profusion de structures sur le terrain est un frein. Elle ne provoque pas l’élan mais le découragement. On met les services en réseau. Avec le même potentiel, on obtient un système qui a plus d’effet. Quand on met le sacteurs ensemble on donne à voir une mobilisation. La personne qui rencontre cette dynamique se met en mouvement ».
Pas plus de 2 portes à pousser
Concrètement, le SPRO devrait appliquer la règle des « pas plus de deux portes à pousser ». En entrant en contact avec un service d’orientation quel qu’il soit, la personne devrait bénéficier d’un diagnostic de sa demande. Elle devrait alors être dirigée vers le service d’orientation correspondant précisément à ses besoins.
Expérimenté en région Centre comme dans 7 autres régions, le SPRO suppose le développement d’une culture commune d’orientation entre les différents services et une information partagée sur les dynamiques économiques locales. En région Centre, un cahier des charges a été rédigé après étude des attentes et un programme d’appui aux acteurs de l’orientation sur leur connaissance du territoire est mis en place. En Auvergne une plate forme numérique unique d’orientation sera ouverte début 2015.
Créer des synergies entre des acteurs différents pour permettre des continuités dans l’orientation professionnelle des jeunes et des adultes est une lourde tache pour les régions. Elles devront notamment prendre en charge les décrocheurs.
François Jarraud