Trois ans après leur sortie du système éducatif que deviennent les jeunes ? Le Céreq pose régulièrement cette question et présentait le 23 octobre l’édition 2014 de ces « premiers pas dans la vie active » pour la génération sortie en 2010. A rebours de bien des lieux communs, le Céréq montre que le diplôme compte bien davantage encore dans l’accès à l’emploi et que les jeunes aiment leur travail. Il souligne aussi la montée des discriminations.
Signe d’intérêt pour ses travaux, pour une fois le ministère de l’éducation nationale prêtait ses locaux au Céreq pour une présentation de son ouvrage sur l’insertion professionnelle des jeunes. La ministre est venue souligner l’importance de ce travail. Alberto Lopez, directeur du Céreq, Dominique Epiphane et Pascale Rouaud ont présenté les grandes lignes d’une étude portant sur le devenir en 2013 des jeunes sortis de l’école en 2010.
L’étude confirme d’abord l’importance du diplôme. Certes même les plus diplômés n’échappent pas totalement au chômage. Trois ans après leur sortie de formation, 20% des jeunes sont au chômage. C’est le cas de 6% des détenteurs d’un doctorat et de 10% des jeunes de niveau bac+5. Mais c’est 40% des sans diplôme, 29% des titulaires d’un cap bep, 17% des jeunes n’ayant que le bac. A noter le très bon score des formations social et santé : 2% de chômeurs au niveau bac +2 contre 14%. Dans les formations bac +5, le droit et la gestion ont les taux les plus forts (12%) contre 3% pour les écoles d’ingénieurs. Ce poids du diplôme augmente. En 2013 seulement 24% des sans diplôme accèdent à l’emploi . Ils étaient 38% en 2004.
Les jeunes qui ont échappé au chômage sont satisfaits de leur emploi pour 67% d’entre eux. Un taux qui monte à 85% chez les fonctionnaires. Mais 16% des emplois sont à temps partiel et celui ci est imposé dans 60% des cas. 65% des jeunes estiment que leur travail correspond à leurs compétences.
Les inégalites restent fortes dans l’accès à l’emploi. 71% des enfanst de cadres accèdent à un emploi durable contre 55% des enfants d’ouvriers et 51% des enfants d’immigrés. Un enfant de cadre a deux fois plus de chance de devenir cadre qu’un enfant d’ouvrier. A l’inégalité sociale s’ajoute la discrimination ethnique et même géographique. Ainsi le taux de chômage monte à 34% chez les jeunes résidant en zone urbaine sensible (ZUS) contre 22% hors zus. 12% des jeunes se sentent discriminés.
N. Vallaud-Belkacem est intervenue sur ce terrain. Estimant que « l’école doit s’occuper de ce que deviennent les élèves » elle a déclaré vouloir que « l’école ne conforte pas les discriminations ». Elle souhaite par exemple proposer aux élèves une bourse de stages qui contournerait les pratiques discriminatoires. Mais pour cela elle a besoin de l’aide des collectivités locales.
François Jarraud