« La grande lessive donne l’impression de faire une oeuvre collective tout en exprimant ses sentiments personnels ». Tito, élève de 4ème au collège Alviset (Paris 5ème) résume très bien la nouvelle édition de La Grande Lessive. Depuis 2006, La Grande Lessive s’est imposée comme l’expérience pédagogique française la plus fréquentée, la plus ouverte sur la cité et la plus exportée. Le 16 octobre, l’événement a réuni une nouvelle fois des milliers de communautés à travers le monde dans une communions artistique unique.
La Grande Lessive® est une installation artistique éphémère. Elle est réalisée, deux fois par an, à l’aide de fils tendus dans des espaces publics ou privés, sur lesquels des réalisations plastiques (dessins, peintures, photos, images numériques, collages..) de format A4 sont suspendues grâce à des pinces à linge. Improvisée ou organisée de longue date partout où quelqu’un décide de la faire exister, cette action créée en 2006 par la plasticienne Joëlle Gonthier, a pour objectifs de promouvoir l’enseignement artistique et de développer le lien social grâce à des réalisations conçues par des personnes de toutes générations.
Le 16 octobre, Catherine Stella, professeure d’arts plastiques au collège Alviset (Paris 5ème), orne la cour de l’établissement des centaines d’oeuvres réalisées par les collégiens. « La Grande Lessive contribue à la visibilité de notre travail en arts plastiques », nous dit-elle. « Les élèves partagent leurs réalisations et sont très attentifs au travail des autres ». L’exposition sauvage qui a envahi la cour a été organisé en peu de temps. En une semaine, les élèves ont reçu les consignes (une réalisation au format A4, le thème de la transparence) et réalisé leur projet. « La difficulté pour eux c’est d’avoir une idée, de savoir ce qu’ils veulent faire du thème proposé. Et là on est vraiment dans le but du cours d’arts plastiques : s’approprier des notions pour répondre à de questions dans une expression artistique ». Brigitte Le Pen Ven, CPE du collège trouve extraordinaire la participation des élèves. « Ca fait une semaine qu’ils en parlent entre eux. Aujourd’hui ils regardent les travaux. Il n’y a aucune dégradation ». En effet pas une feuille A4 par terre malgré les coups de vent.
« Ma grande satisfaction c’est le développement des pratiques artistiques« , nous confie Joëlle Gonthier. « On s’empare de cette action pour montrer qu’il y a quelque chose qui va au-delà de la classe ». Cette année des milliers de Grandes Lessives ont lieu dans le monde entier ce 16 octobre. Le soleil s’est levé sur la Grande Lessive d’Ho Chi Minh Ville (Vietnam), il se couchera sur les lessives de Californie ou d’Amérique latine. « Le développement se fait en réseau d’écoles, de médiathèques, de musées, d’hopitaux », explique Joelle Gonthier. « La Grande Lessive envahit la voie publique et crée du lien entre les gens ».
Cette année, J Gonthier a fixé comme thème celui de la transparence. « D’un point de vue plastique, travailler sur la transparence apporte beaucoup. Les jeunes ont travaillé entre opacité, transparence et semi opacité. Ils ont joué sur les matériaux. La transparence c’est aussi cette exposition publique ». Le thème peut se décliner aussi bien avec les tout petits qu’avec les adultes, avec des débutants qu’avec des praticiens expérimentés. L’espace d’une journée, l’institution assez opaque qu’est l’Ecole s’est offert le plaisir de la transparence du coeur. Bravo les artistes !
François Jarraud