La date vient d’être fixée : c’est les 27 et 28 janvier 2015, à Paris, que le Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire (CNESCO) organisera sa conférence de consensus sur le redoublement. Un mois après la conférence ministérielle sur l’évaluation des élèves, le Cnesco réunira une conférence de consensus sur le redoublement. Il lance un appel à candidature pour constituer le jury qui sélectionnera les contributions scientifiques et arrêtera les recommandations finales sur le redoublement. Vous avez jusqu’au 7 novembre pour vous porter candidat.
« Ce sera la première fois que les travaux des chercheurs, les expériences des praticiens et les avis des décideurs seront partagés afin d’aboutir à des conclusions scientifiques qui seront largement diffusées dans la communauté éducative grâce à des partenariats multiples. Ces conférences permettront à la fois d’aider les parents dans leur rôle d’éducateur et d’éclairer les acteurs de terrain de l’éducation dans leurs pratiques », nous dit Nathalie Mons. Professeure de sociologie à l’université de Cergy Pontoise, présidente du Cnesco, elle organise la conférence de consensus sur le redoublement qui aura lieu les 27 et 28 janvier au lycée Paul Bert de Paris. Elle nous explique pourquoi elle lance cet appel à candidature.
Pourquoi lancez vous un appel à candidature pour constituer un jury pour la conférence de redoublement ?
C’est la formule que nous suivrons pour tout notre cycle de conférence de consensus. La première porte sur le redoublement mais viendra très vite celles sur la numération et la lecture au primaire. Pour nous, la conférence de consensus sur le redoublement vise à établir dans la durée un dialogue entre des experts et des membres de la communauté éducative afin d’établir des recommandations fondées sur les résultats de la recherche, les connaissances scientifiques et les pratiques de terrain, nationales et internationales. Ces recommandations se concrétisent, sous la forme de conclusions écrites par un jury d’acteurs de terrain après qu’il ait auditionné des experts. C’est un outil majeur et efficace de dialogue entre le monde de la recherche et les acteurs de terrain. Les praticiens sont donc un acteur majeur de la conférence. On les retrouve à tous les stades de notre conférence qui dure une petite année.
C’est-à-dire ? Une conférence qui dure une année ?
Oui, la réflexion autour du redoublement doit s’inscrire dans la durée et à chaque étape associer des acteurs de terrain, ainsi bien des professionnels d e l’éducation que des membres de la société civile. La phase exploratoire de la conférence a débuté en avril dernier, au sein du Cnesco et de l’IFÉ/ENS de Lyon, par une analyse de la littérature scientifique qui a permis de vérifier que la thématique du redoublement avait donné lieu à une littérature abondante.
Dès ce stade nous avons sollicité des praticiens et des parents dans des panels exploratoires pour appréhender les préoccupations et les pratiques actuelles autour du redoublement. Je ne cache pas que nous y avons découvert notamment dans les panels collège et lycée qui réunissaient des enseignants, inspecteurs et personnels de direction une forme de désarroi : les équipes pédagogiques ont bien entendu les injonctions institutionnels pour limiter le redoublement mais s’interrogent sur les solutions alternatives que leurs établissements peut offrir. Il est temps d’y répondre car ces interrogations risquent de se transformer en sentiment d’impuissance. Notre conférence de consensus présentera des exemples très concrets d’établissement qui ont mis en place des politiques alternatives au redoublement, par exemples des écoles de cycle dans le primaire ou des collèges qui ont développé des dispositifs de suivi individualisé efficaces pour leurs élèves à risque. Ces entretiens nous ont aussi permis de lever certains tabous. Une partie des redoublements sont à mettre en lien avec l’offre scolaire, par exemple au lycée il faut bien remplir des classes et des filières qui sont souvent dimensionnées avant les conseils de classe, ceci est peu dit mais nous devrons lever le problème durant les journées publiques de la conférence en janvier.
Vous avez aussi fait appel aux professionnels de l’éducation pour élaborer les questions de la conférence ?
Oui tout à fait et cet appel a été largement entendu. Nous comptions sur la participation d’une petite trentaine d’établissements aux contextes diversifiés, à l’arrivée, plus de 150 établissements ont répondu présents. Ils sont en train de nous envoyer leurs questionnements, que nous rendrons publics en novembre. C’est passionnant à lire, c’est comme si l’on rentrait dans une salle de classe où se tiendrait un débat sur le redoublement et le suivi des élèves en difficulté.
Ne craignez vous pas que le décret de la ministre sur le redoublement mette à mal toute la réflexion collective que vous êtes en train de construire ?
Non, pas du tout. Ces deux actes vont être complémentaires. Du coté ministériel on agit dans une orientation politique générale. Au Cnesco on engage une réflexion pour voir de façon très concrète , avec des exemples pris dans les établissements scolaires, comment on peut faire face au redoublement. C’est le changement par le haut et par le bas. Pour faire bouger l’Ecole il faut à la fois une décision politique et un travail de conscientisation sur le terrain.
Quel est le rôle du jury ?
Ecouter, interpeller les experts et produire des recommandations autour du redoublement.
Lors des deux journées de séances publiques, les analyses scientifiques des experts seront examinées par le jury d’acteurs de terrain. Ses membres sont choisis pour représenter la diversité des parties prenantes liées au redoublement : des enseignants, des personnels de direction, d’inspection et de vie scolaire, des administratifs, des parents, des représentants de collectivités territoriales et d’associations d’éducation populaire, d’entreprises…). À l’issue des séances publiques, le jury remet ses recommandations portant sur le redoublement et les autres solutions de lutte contre les difficultés scolaires. Leur rédaction est collégialement assurée par le jury et animée par le président du jury.
Quelles qualités vous semblent essentielles pour un juré ?
Etre curieux, ouvert, prêt au dialogue, au consensus…
Comment faut-il candidater ?
Il faut déposer sa candidature avant le 7 novembre sur un site spécial ouvert par le Cnesco. Peuvent être candidats les professionnels du système éducatif qui s’intéressent à la question du redoublement. Les séances publiques de la conférence se tiendront le mardi 27 et mercredi 28 janvier 2015 à la cité scolaire Paul Bert (Paris XIVème). La journée de délibération du jury aura lieu le jeudi 29 janvier 2015. Les frais relatifs à l’activité de jury (déplacement, hôtel, restauration) seront entièrement pris en charge par le Cnesco.
Propos recueillis par François Jarraud
Le site pour déposer sa candidature