« L’objectif c’est de permettre la réussite de tous, que chacun puisse atteindre son idéal ». Najat Vallaud-Belkacem et Geneviève Fioraso ont dressé les perspectives de la rentrée universitaire le 24 septembre. Si la démocratisation de l’accès au supérieur progresse, les universités peinent à tenir deux objectif contradictoires : entrer dans la compétition mondiale et assurer leur devoir de solidarité.
« Sur le plan budgétaire on a tenu nos engagements », affirme N. Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. « Avoir un grand ministère va faciliter notre action sur l’orientation du bac -3 au bac +3 », déclare Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur. Elles ont présenté le 24 septembre un dossier sur la rentrée universitaire qui est déjà un bilan des actions entreprises. Il affiche un souci permanent : accompagner la démocratisation de l’université à travers une série de mesures qui couvrent toute la période du bac -3 au bac +3.
La massification du supérieur se poursuit
Cette année toutes les branches du supérieur connaissent une progression sensible. On compte 253 000 inscriptions en universités soit +0.1%, 134 000 en STS (+6%), 52 000 en IUT (+2%), 42 000 en CPGE (+2,5%). En 2013 les inscriptions en STS avaient diminué de 2,4%. Cependant le taux d’inscription dans le supérieur des bacheliers technologiques a baissé régulièrement depuis 2010 passant de 78% à 74%. Celui des bacs pros a fortement augmenté allant de 27 à 33%.
La démocratisation avance
Dans un système éducatif qui lie massification scolaire et ségrégation dans des filières séparées, la question du devenir des bacheliers professionnels et technologiques se pose en des termes nouveaux. L’accès à l’enseignement supérieur est encore inégal socialement : 30% des étudiants ont des parents cadres alors qu’ils ne représentent que 17% de la population. Inversement 10% des étudiants viennent d’un milieu ouvrier alors qu’ils représentent 29% de la population. Certaines filières sont réservées de fait aux enfants des familles favorisées : en CPGE on compte 60% d’enfants de cadres et de chefs d’entreprise et 6% d’enfants d’ouvriers. Le taux d’échec en université reste élevé et inégalitaire. Si 56% des bacheliers généraux de 2008 ont décroché une licence en 2012, c’est le cas de seulement 20% des bacheliers généraux.
« De plus en plus de bacs pros dans le supérieur c’est une bonne chose », explique G Fioraso. « Mais ça veut dire que les universités doivent gérer davantage d’hétérogénéité. Il faut tenir la chaine par les deux bouts , la solidarité et la compétitivité et le rayonnement mondial ». Aussi la loi favorise-t-elle l’inscription des bacheliers technologiques en IUT et des bacs pros en STS. En 2014 34 000 bacs pros ont été pris en STS soit 8 000 de plus qu’en 2013 (+10%). Mais 8000 ont aussi été refusés en STS. 14 000 bacheliers technologiques ont été accueillis en IUT soit 1000 de plus (+7%). Là aussi un millier a été refusé. La loi de juillet 2013 donne aussi la possibilité aux 10% des meilleurs élèves de chaque lycée d’accéder à une filière sélective. Mais il n’y a pas encore de bilan sur l’utilisation des quotas de place.
Par quelles mesures ?
Les ministres ont présenté les mesures prises pour permettre l’augmentation du nombre d’étudiants. D’abord les bourses : on compte 135 000 nouveaux boursiers en deux ans dont 77 000 « boursiers zéro » qui ont obtenu un millier d’euros cette année. Un effort est fait pour le logement étudiant avec 43 000 logements en construction et la mise en place de la caution locative étudiante où l’Etat se porte caution pour un logement étudiant. Les ministres souhaitent développer le nombre d’étudiant entrepreneurs. Ils visent 30 000 créations d’entreprises. 15 millions d’euros d’aides sont prévues.
Restent des réformes plus pédagogiques. Najat Vallaud Belkacem attend beaucoup du numérique et de la création de nouveaux supports pédagogiques. G Fioraso souligne l’impact des Moocs : 360 000 inscrits. Le dispositif APB sera revu pour inclure des informations sur les débouchés et l’insertion professionnelle. Enfin le gouvernement souhaite augmenter le nombre d’étudiants apprentis et passer de 120 à 150 000.
François Jarraud