L’Ecole française fait-elle un effort suffisant pour son éducation prioritaire ? Dans un pays champion des inégalités sociales à l’Ecole, le dispositif d’éducation prioritaire est présenté depuis 1982 par le ministère comme la solution capable d’inverser la situation. Le 23 septembre, Najat Vallaud-Belkacem a présenté en détail les mesures qui entreront en vigueur à la rentrée 2015. Sont-elles au niveau des inégalités scolaires ? Peut-on soigner les établissements prioritaires et ne rien changer à l’Ecole qui les entoure ?
Un « rapport de diagnostic » publié en 2013 a estimé l’effort de l’éducation nationale en faveur du prioritaire à 1,5% du budget de l’éducation nationale, soit environ 800 millions. Une somme très inférieure aux recommandations de l’OCDE et peut-être surestimée si l’on en croit un rapport de la Cour des comptes. La nouvelle politique prioritaire devrait augmenter l’effort national puisque quelques centaines d’emplois spécifiques seront créés et que les enseignants en zep verront leur indemnité doublée.
Est-on au niveau des besoins ? Alors que la France est, avec la Nouvelle Zelande, la championne des inégalités sociales de réussite scolaire selon l’OCDE, le 1% du prioritaire parait bien maigre. « Que veut dire « prioritaire », interroge Marc Douaire, président de l’OZP. « Un ministre aura-t-il le courage de dire que le budget de l’éducation prioritaire passe avant les autres ? Avant celui des options ou celui des CPGE par exemple », nous a -t-il dit. Sur le terrain, des Dasen font ainsi passer des moyens vers le prioritaire au nom d’une politique. « Mais il faut oser mécontenter les maires », explique M Douaire. « Et les maires des communes favorisées sont puissants ». Le Café pédagogique a pu constater d’autres Dasen, comme dans le 92, font des choix contraires…
Ainsi soutenir l’enseignement prioritaire ne relève pas que de choix financiers. C’est surtout une volonté politique. La thèse de M Valdenaire, en 2011, a montré qu’on peut remédier à al difficulté scolaire à coût constant. M. Valdenaire a calculé l’effet de la réduction du nombre d’élèves en zep. « La diminution de 5 élèves des tailles de classes de ZEP conduirait dans notre hypothèse basse, à une réduction des inégalités de 37% au primaire, 13% au collège et seulement 4% au lycée », écrit-il. Il explique que cette réduction pourrait se faire par simple transfert de moyens des écoles privilégiées vers les défavorisées.
Les solutions retenues par le ministère s’écartent de ces voies courageuses. Elles cherchent le compromis avec les acteurs dans et hors éducation nationale. Cela leur interdit tout effort financier important. Ca les empêche aussi de redistribuer les moyens. Au lieu d’une réduction réelle du nombre d’élèves par classe, on a le « plus de maitres que de classes ». Au lieu d’inciter les enseignants expérimentés à venir dans les écoles difficiles on y installe de force des débutants. On veut bien aider les pauvres. A condition qu’ils ne dérangent pas.
François Jarraud
Et si on réduisait la taille des classes