Alors que la France fait partie des très rares pays à exiger un master même en maternelle cette formation de haut niveau n’échappe pas à la critique de l’OCDE dans Regards sur l’éducation 2014. Ultra formés sur le plan académique, les enseignants français le sont mal sur le plan pédagogique. Et la formation continue n’arrange rien. Mais qui s’en soucie ?
Pour l’OCDE, le niveau de formation des enseignants français est parmi les plus élevés de l’OCDE, particulièrement au primaire. « Un master n’est requis pour enseigner dans l’enseignement préprimaire qu’en Angleterre, en France, en Islande et en Italie », note l’OCDE. « Ce niveau de formation est également requis pour enseigner dans l’enseignement primaire dans 11 des 35 pays dont les données sont disponibles, et dans la filière générale du premier cycle de l’enseignement secondaire dans 17 pays et du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans 22 pays ».
Mais c’est surtout la qualité de la formation qui est interrogée. « En France, 90 % des enseignants s’estiment bien ou très bien préparés quant au contenu de la matière qu’ils enseignent (contre 93 % en moyenne TALIS). À contrario, près de 40% des enseignants se sentent insuffisamment préparés au volet pédagogique de leur métier, soit la proportion la plus élevée des 34 pays participant à l’enquête TALIS ». Les enseignants français sont donc ceux qui se sentent les moins préparés à exercer réellement le métier.
Où en sont les ESPE ?
Les enseignants français ont des demandes importantes concernant l’utilisation des TICE ou l’individualisation de l’enseignement. Mais ces besoins ne sont pas couverts par la formation continue, estime l’OCDE. » Environ 88 % des enseignants déclarent avoir suivi une activité de formation continue au cours des 12 mois précédant l’enquête TALIS », rappelle l’OCDE. « En France, ce pourcentage est inférieur (76 %)… Les formations proposées aux enseignants sont également moins intensives en France. Ainsi, le nombre de jours de formation dans des cours ou ateliers est, par exemple, deux fois moins élevé en France qu’en moyenne dans les pays de l’enquête TALIS (4 jours par an, contre 8 jours par an en moyenne TALIS) ». Les raisons qui freinent la participation des enseignants « sont davantage à mettre au compte du manque d’incitations, de l’incompatibilité de l’emploi du temps professionnel (ou familial), ou de l’inadéquation, aux yeux des enseignants, de l’offre de formation avec leurs besoins ».
Pour Eric Charbonnier, expert éducation de l’OCDE, « la réforme de la formation des enseignants est la réforme la plus utile des réformes engagées dans la refondation. C’est elle qui portera les meilleurs résultats. Or on n’en parle pas ». Pou rl’OCDE il serait intéressant de savoir ce qui se passe dans les ESPE et de pouvoir suivre de près si toutes ont réellement changé la formation initiale des enseignants.
François Jarraud