S’agissait-il de détourner l’attention des médias de écoles cadenassées par les adversaires des rythmes ? Dans ce cas, Najat Vallaud-Belkacem a échoué. Mais la ministre a réussi à montrer comment les nouveaux rythmes peuvent dans un quartier populaire soutenir une politique éducative ambitieuse. Mais pour cela elle a du affronter des mères de famille pas commodes et pleines d’ambition pour leurs enfants. Qui a dit que les parents des quartiers populaires se désintéressent de la scolarité de leur enfant ?
Quartier du luth à Gennevilliers. L’école Diderot A, qui fait partie d’un RRS, est au pied d’une interminable barre de logements sociaux qui s’allonge sur plus de 500 mètres avenue Lénine. La municipalité est communiste et le maire, Patrice Leclerc, précise bien qu’il est dans l’opposition.
Pour autant la ville mise sur les nouveaux rythmes pour diminuer les inégalités scolaires. « On s’est demandé comment on peut apporter le plus possible de pré-requis culturels aux enfants », explique le maire. La ville a imaginé 5 cycles de découverte, deux sur les pratiques culturelles et artistiques (visites d’un coté, pratique artistique de l’autre), un cycle sport, citoyenneté, sciences et tice. Chaque classe y consacre un après-midi par semaine, toujours le même pour une classe. Chaque classe suit aussi tous les cycles sur 5 périodes. Ainsi à cette rentrée les CP font du sport jusqu’à la Toussaint, alors que les CE1 sont en citoyenneté et les Cm2 en éducation artistique. »Si on est clair sur les objectifs on se mobilise sur les contenus », explique le maire. « On voudrait un second axe de la réforme des rythmes axé sur les contenus du périscolaire », ajoute-il. 39 animateurs titularisés encadrent les élèves des écoles élémentaires. Au total la ville consacre 3000 euros par élève set par an au périscolaire. Une somme colossale pour cette commune populaire, rendue possible par le boom immobilier lié à l’arrivée du métro et du tramway.
Pour Philippe Raynaert, directeur de l’école Diderot A, « la mairie a su mettre les enfants et les parents au centre du dispositif. Les enseignants doivent travailler différemment mais accueillent positivement la réforme ». Une affirmation impossible à vérifier : les enseignants ont été tenus à l’écart des médias durant toute la visite ministérielle… La municipalité s’est inspirée des idées de C Leconte pour mettre en place une longue matinée de cours, de 8h30 à 12h 5 jours par semaine, y compris le mercredi. L’après midi les cours s’arrêtent à 15h50. Les enseignants ont une après midi libérée du fait du périscolaire. Les familles récupèrent leur enfant aux mêmes horaires que l’année dernière.
« J’ai choisi de venir dans une école qui démontre qu’on peut appliquer la réforme et y trouver son compte », affirme N Vallaud-Belkacem. Elle salue un temps périscolaire « utilisé de façon utile et enrichissante ». Pour la ministre la réforme « a des vertus incommensurables pour les apprentissages des enfants », notamment « les enfants ont d el’avance pour l’apprentissage du calcul et de la lecture » dans les communes qui ont déjà appliqué les nouveaux rythmes.
Mais les grands gagnants de la journée ce sont les parents. La ministre a été poursuivie par les représentantes des parents d’élèves et par de simples mères de famille. On lui demande d’intervenir pour trouver un emploi à un jeune qui a fait une classe prépa. « Ecrivez-moi », dit la ministre. Une autre lui demande de bien expliquer au directeur ce qu’elle souhaite pour l’orientation de son enfant. Les représentantes des parents d’élèves se plaignent des remplacements non effectués quand un professeur est absent. Elles obtiennent de la ministre d’être reçues par elle au ministère. N Vallaud-Belkacem voulait ouvrir son ministère aux parents. Ca y est . C’est fait.
François Jarraud