L’événement majeur de la rentrée scolaire c’est l’application partout des nouveaux rythmes scolaires dès le 2 septembre. Elle devrait mettre fin à une contestation qui a agité l’enseignement primaire durant deux années. Ce sera le cas le plus fréquent. Mais la contestation n’a pas totalement disparu. D’autant que la mise en place des rythmes se fait souvent dans la précipitation et le désordre.
Trois syndicats enseignants, la Cgt, Sud et FO, appellent à faire grève le 2 septembre contre l’application de la réforme des rythmes scolaires à cette rentrée. Pour la CGT » les maires n’ont pas toujours les moyens de mettre en place des activités périscolaires de qualité. La mise en place de ces activités se fait souvent en oubliant l’intérêt des élèves. Il y a en outre un rejet massif des enseignants, qui perçoivent cette réforme comme un sacrifice supplémentaire qui s’ajoute aux mesures prises par le précédent gouvernement (notamment le gel du point d’indice depuis 2000) et ne voient pas de perspectives d’amélioration de leur situation ». Pour la CGT, « il faut d’abord travailler sur les éléments qui fatiguent les élèves, les effectifs par classe, les locaux et réfléchir sur le temps des familles et le temps de travail des parents ». Ce mot d’ordre ne devrait pas être suivi de façon importante car les enseignants ne veulent pas manquer ce premier rendez-vous avec leurs élèves. Mais le mécontentement reste palpable.
Du coté des élus, quelques maires continuent à faire de l’obstruction. A Marseille, la ville annonce qu’elle ne sera pas prête à mettre en place les activités périscolaire. La ville de Limeil Brévannes annonce vouloir fermer l’école le mercredi. Ces deux communes UMP ont pris la tête du mouvement contre les nouveaux rythmes avec le relais des « gilets jaunes » qui s’inspirent de la JRE pour lancer une journée nationale le 3 septembre. Un élu socialiste, le maire de Fos-sur-Mer a été gagné par la fièvre marseillaise : à Fos on restera à 4 jours. La ministre a pris soin le 31 août de prévenir les élus qu’elle ferait appliquer la loi. « La loi s’appliquera partout », a-t-elle déclaré à l’AFP. « Il faut que les communes respectent la loi ». Les préfets devraient faire ouvrir les écoles là où c’est nécessaire et les maires y perdre des plumes.
Pour autant la ministre reconnait que des problèmes existent. C’est aussi l’avis du premier syndicat du primaire, le Snuipp, qui souligne le « flou et la disparité dans les mises en place » des nouveaux rythmes. D’après le syndicat, 53% des élèves auront 4 journées de classe de 5h15 et une matinée de 3 heures (décret Peillon), 20% 3 journées de 6 heures et 2 matinées de 3 heures (décret Hamon), 13% 2 journées de 6 heures et 2 journées de 4h30 et une matinée de 3 heures (dérogation Peillon) et les autres encore d’autres rythmes. Pour les parents, les Dasen et les enseignants remplaçants cette situation génèrent des problèmes nouveaux. D’autant que les disparités sont aussi territoriales. Ainsi dans le 93, 24 villes ont un horaire fixe chaque jour, 6 une alternance 2 journées courtes 2 journées longues, 10 un après midi libéré par semaine (Hamon), 3 communes ont opté pour le samedi main travaillé… Autre inégalité territoriale dénoncée par le Snuipp : celle de la qualité des activités périscolaires et leur gratuité. Dans certaines communes, la mairie finance les TAP (activités du temps périscolaire) en supprimant des crédits pédagogique sou des postes d’ATSEM.
Enfin le mécontentement généré par la réforme des rythmes pourrait s’exprimer d’une nouvelle façon. Dans plusieurs départements, les syndicats Snuipp appellent à ne pas faire les les heures d’APC au motif que le temps d’accueil des enfants du matin n’est pas payé. Astreints à travailler le mercredi matin, les professeurs des écoles ont arrêté la fin des cadeaux. Mais peut-on enseigner sans donner ?
François Jarraud