Alors que le gouvernement a décidé d’équiper tous les écoliers et collégiens de tablettes PC d’ici 2020, baptisée ExTaTe, l’étude dirigée par François Villemonteix ne prétend pas démontrer que les tablettes vont régler les problèmes de l’école ou les aggraver. Elle suit leur scolarisation dans quelques écoles et observe ce qui se passe. L’étude montre surtout la nécessité d’accompagner les équipes enseignantes dans les usages.
« Les points de vue sont ponctuels et circonstanciels, ils ne peuvent constituer à eux seuls la base d’un discours général sur l’utilisation des tablettes à l’école primaire ». Nous voilà prévenus. L’étude de François Villemonteix concerne un nombre réduit d’écoles utilisatrices de tablettes Ipad et Android. Elle ne prétend pas répondre à « la » questions de l’efficacité pédagogique des tablettes mais observe avec finesse les questions adressées aux enseignants et à l’encadrement (IEN) quand les tablettes paraissent.
« L’un des changements concerne la gestion par les élèves de leur activité », note l’étude. « La tablette, par son absence de latence et par sa présence sur la zone de travail de l’élève, la rend mobilisable à tout instant par ce dernier et contribue à rationaliser son activité. Les phases préliminaires à la réalisation d’une tâche sont rapidement franchies au profit de la tâche elle-même. Cette contraction du temps se ressent aussi dans la tâche elle-même où l’élève peut mobiliser une ressource d’appui au profit d’une tâche. « Il n’y a plus de rupture dans la chaîne, dans le plaisir de lire, parce que le gamin qui ne connaît pas un mot, il clique dessus, la définition tout de suite ». Un enseignant y voit également un intérêt du point de vue de la gestion d’élèves ayant plus de difficulté à se concentrer sur des tâches d’une durée importante », note F Villemonteix.
L’étude comprend des analyses précises des usages en maths et en français. Ainsi, en français « comment transforme-t-elle l’organisation de l’activité d’écriture dans une dynamique de
démarches innovantes ? », interroge F Villemonteix. « Alors que les séances avec les exerciseurs n’ont pas une véritable spécificité, hormis la structure classe qu’elles induisent, les séances articulant oral/écrit ou texte/image en ont une, car elles sont susceptibles de modifier le rapport à l’écriture scolaire. Cela peut éventuellement aider les enseignants à proposer des situations d’écriture innovantes, en rupture avec les différents jets traditionnels et l’application de modèles, s’ouvrant à une littératie plus conforme aux utilisations de l’information écrite de la vie quotidienne en vue d’atteindre des buts personnels ou d’étendre ses connaissances hors la classe L’étude met à jour des cas d’usages pertinents, à valeur ajoutée pour les élèves et qui s’accompagnent d’une réflexion approfondie de la part des enseignants, autant sur des considérations didactiques et pédagogiques que sur d’autres plus techniques ou relevant de l’ergonomie des applicatifs mobilisés, dans un système d’instruments plus large ».
L’étude conclue en montrant l’importance de la formation et de l’accompagnement des enseignants. Elle invite les collectivités à mettre en place les infrastructures nécessaires.