Professeure documentaliste, Chantal Courbon partage avec une collègue le CDI du lycée Branly de Lyon, un gros établissement polyvalent d’environ 1300 élèves. Avec ses trois branches, générale, technologique et professionnelle, le lycée entretient un important CDI doté d’un fonds documentaire d’environ 8000 ouvrages auxquels s’ajoutent 4000 fictions, une soixantaine d’abonnements et des ressources numériques. Elle participe à l’animation du site académique où elle vient de publier des fiches pratiques pour préparer la fin de l’année avec BCDI. C’est l’occasion de revenir avec elle sur les travaux qui ponctuent les dernières semaines avant vacances.
Qu’est ce qui change au CDI en fin d’année scolaire ?
Il n’y a plus d’élèves mais on a d’autres travaux de gestion et de bilan. Enfin il faut préparer l’année suivante.
Des travaux de gestion ?
D’abord le désherbage, c’est à dire enlever des rayons les ouvrages abimés ou hors programmes. Ca se prépare aves les coordinateurs de disciplines bien en amont. C’est eux qui nous disent ce qu’ils souhaitent garder mais qui ne sera plus à disposition des élèves et ce qu’il faut détruire. Dans el premier cas on transfère les ouvrages dans ce qu’on appelle le « CDI prof ». Il y a parfois des manuels périmés par exemple que les professeurs veulent retirer d ela consultation des élèves mais garder comme base documentaire. Ca arrive en histoire par exemple. Dans d’autres disciplines ils nous demandent de ne garder que ce qui est d’actualité, en économie par exemple. On enlève comme cela de nombreux titres en tenant compte aussi de l’espace limité du CDI. En gros il faut que le volume qui arrive soit compensé par un nombre équivalent de titres qui quittent le CDI. On s’occupe aussi de vérifier l’état des volumes. En même temps il y a le récolement des ouvrages , c’est à dire la comparaison entre la base documentaire et le fond réellement présent. Les deux opérations représentent pour notre CDI environ 60 heures de travail. La fiche que j’ai publiée sur le site académique montre de façon très concrète et pratique comment utiliser BCDI pour ces opérations. Elle montre par exemple 4 procédures pour afficher les exemplaires à désherber. Une autre fiche montre comment procéder au récolement topographique des ouvrages et des périodiques.
Les seconde taches concernent la gestion ?
C’est très important car ça permet de justifier les achats et la politique documentaire. On établit des statistiques qui permettent d’évaluer nos pratiques par rapport à cette politique. On peut voir les domaines où on n’a pas assez investi, les prêts liés à notre politique. Par exemple, dans mon lycée, les enseignants encouragent la lecture d’ouvrages en anglais en section européenne. On a donc acheté un fonds. Il est intéressant pour nous de voir comment il tourne et qui emprunte. Pareillement le professeur de philosophie invite les élèves à lire certains auteurs. On peut voir ce qu’il en est.
Ca permet aussi de voir quelles catégories d’élèves viennent le moins au CDI ?
Il y a des élèves qui viennent de façon autonome au CDI. D’autres avec un professeur. Il y a toujours un lien entre ce qu’on peut préparer avec les enseignants et la fréquentation du CDI. On voit les résultats de ce travail fait avec nous. Un bon exemple c’est les TPE. Cela fait réellement connaitre le CDI aux élèves. Ils y reviennent.
Comment utilisez vous ces statistiques ?
Le bilan nous permet aussi de voir ce qu’on a fait dans l’année. On voit aussi ce que les élèves empruntent, les différences entre les emprunts des lycéens généraux et professionnels. Cela va guider notre politique d’achat. On voit les enseignants. On observe aussi ce que font les collègues sur les listes de discussion et ce qui se dit dans les revues professionnelles. Enfin il y a les relations avec les enseignants. Quels professeurs sont venus ? Qui a été oublié ? Ca nous aide pour réfléchir à l’année prochaine. La fiche pratique éditée sur el site académique permet de sortir les indicateurs d’activité dans BCDI sur les documents empruntés et non empruntés, les emprunteurs, le taux d’emprunt pas classe etc. Au bout d’un an il faut aussi anonymiser les réservations d’ouvrages comme la CNIL nous le demande.
Enfin BCDI vous aide à préparer l’année ?
On fait le point sur la politique documentaire. On réfléchit à ce qu’on va lancer comme projets l’année prochaine. On réfléchit à nos acquisitions. On revoit aussi le portail documentaire. Par exemple cette année on a créé des pages pour le centenaire de la première guerre mondiale. Toute notre gestion n’a qu’un objectif pédagogique.
Comment les ressources numériques trouvent-elle place dans ce travail ?
Il faut distinguer les ressources pour les enseignants et les élèves. Pour les élèves c’est simple. Tout ce qui est gratuit est dans BCDI. Pour ce qui est payant il y a des problèmes de mot de passe. Pour les enseignants on assiste à un glissement du papier vers le numérique. C’est le cas par exemple pour la NRP ou la Documentation photographique. Pour nous c’est le risque de perdre des archives. Ca pose aussi le problème de a gestion des mots de passe. Pour le moment chaque site archive d’une façon différente et on accède avec mots de passe différents. Peut-être cela évoluera-t-il avec l’ENT. Si tout y est intégré ce sera beaucoup plus facile. Pour le moment on est entre deux mondes dans un moment de passage.
L’arrivée du numérique a totalement changé le métier. Je n’ai jamais fait moi même de fiche papier mais j’ai observé le passage du fichier papier au numérique. A terme on va vers un changement du contenu même du fond documentaire. Le numérique impose aussi de travailler beaucoup sur Internet avec les élèves. L’internet scolaire est très différent de celui des élèves. Il y a un gros travail à faire pour qu’ils aient de stratégies de recherche pertinentes. On travaille beaucoup plus qu’avant sur les questions de validation des sources.
Propos recueillis par François Jarraud
http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/documentation/spip.php?article247