Par François Jarraud
« Les élèves pouvaient faire ce sujet », estime Erwan Le Nader, professeur de SES et vice-président de l’Association des Professeurs de SES. « Elle est conforme au programme. Les élèves m’ont dit en sortant qu’ils ont mis en avant leurs connaissances et savoir-faire et c’est bien ». Mais E Le Nader reste critique sur les finalités de l’épreuve. « On voit bien les défauts du nouveau programme. Il insiste sur la restitution aux dépens du débat et de la réflexion. Ca laisse la porte ouverte aux accusations de dérive idéologique ». Ainsi les épreuves demandaient aux élèves de justifier le bien fondé de l’ouverture des marchés alors que le protectionnisme peut dans certains cas être positif. Elles invitaient à dire « comment la flexibilité peut réduire le chômage ». Or pour E Le Nader, dans certains cas elle peut aussi l’augmenter.
Pour Florence Aulanier, professeure de SES, » les deux questions d’EC1 sont bien liées aux Indications Complémentaires du programme, en ce sens elles sont très faisables par les élèves ayant appris leur cours. Mais d’une part, ce sont des questions très larges, difficiles à traiter dans le temps imparti (si on considère qu’elles ne rapportent que 6 points sur 20, on consacrera environ 30 mn par question), d’autre part, il faut espérer que les élèves capables de nuancer leurs réponses, et donc de ne pas dresser le panégyrique du libéralisme, ne seront pas sanctionnés pour hors sujet. Le document d’EC2 ne présente pas de grandes difficultés. Il est même plutôt facile à comprendre et à analyser. L’EC3 correspond elle-aussi aux IC, mais le champ de l’analyse est assez restreint. Elle sera plus facile à faire pour les élèves se souvenant bien de leur cours de première et de la notion de groupe de référence. Toutefois, là aussi on peut craindre un intitulé qui empêche l’élève de vraiment prendre un peu de recul : la famille serait-elle la seule responsable de la reproduction sociale ? Ce thème ne sera abordé qu’en ouverture, alors que c’est le plus intéressant.
En ce qui concerne la dissertation : C’est un sujet correspondant au début de l’année, simple à traiter pour un élève connaissant bien son cours, et « dans les clous » également en ce qui concerne les IC. Par contre, tout élève essayant de vraiment débattre risque le hors sujet. On est plus dans la récitation que dans la vraie réflexion. Faut-il vraiment s’en réjouir ? Les deux sujets sont donc conformes au nouveau programme, qui oblige à asséner des connaissances aux élèves sur un rythme effréné, sans avoir vraiment le temps d’innover, de débattre et de problématiser. Ils sont faisables par les élèves, mais peuvent difficilement procurer du plaisir intellectuel à l’élève qui le rédige, et au professeur qui le corrige. Ils révèlent ainsi ce qui manque fondamentalement aux nouveaux programmes de SES, mais que la grande majorité des professeurs s’efforce tout de même de perpétuer : le bonheur de vraiment comprendre la société actuelle, de confronter les théories, de problématiser la réflexion ».
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