Par Antoine Maurice
L’association pour l’enseignement de l’EPS à travers deux de ses trois groupes nous propose dans le cadre de la refondation de l’école et des productions ministérielles et du conseil supérieur des programmes plusieurs pistes pour la prochaine écriture des programmes. Ainsi le CEDREPS (Collectif Disciplinaire pour le renouvellement de l’Enseignement de l’EPS) invite à effectuer 4 bascules, quand le groupe « Plaisir et EPS » insiste sur la nécessité de sortir de la volonté de « faire étudier les élèves » pour en faire des pratiquants « hygiénistes » agissant plus par « devoir scolaire » que par désir de pratiquer !
Des limites aux programmes actuels
Pour le CEDREPS, par exemple, il est temps de mettre un terme entre les nombreuses confusions qui persistent dont celle entre EPS et « sport à l’école » et qui se confortent dans la compréhension des APSA comme « éducatives en soi ». Le collectif souhaite sortir de cette conception passéiste de la culture pour une compréhension plus dynamique. Autres limites, la multiplicité des niveaux de compétence, autour de 150 dans une trentaine d’APSA, et l’omniprésence d’une logique de performance « sportive ».
Pour le groupe Plaisir de l’AE-EPS, les compétences attendues des programmes, sauf pour le niveau 1 sont difficilement accessibles dans le cadre des horaires obligatoire de la discipline. Que ce soit pour le collège ou pour le lycée, notamment par rapport au niveau 4 de pratique, l’inaccessibilité des attentes sont souvent « source de déplaisir, de démobilisation, d’échecs, de mal-être chez les élèves et les enseignants ». Autre problématique intéressante soulevée, celle de la prise en compte du niveau 0. En effet, si la prise en compte du non nageur est une évidence en natation existe-il la même équivalence de ce non nageur (d’un point de vue pédagogique) dans les autres APSA ?
Les propositions du Groupe Plaisir et EPS
Il s’agit avant tout d’arrêter d’opposer effort et plaisir, et de sortir des intentions de plaisir affichées dans les programmes pour en faire une véritable priorité. Pour le groupe plaisir et EPS, l’enjeu d’une pratique régulière ne peut se limiter à une visée hygiéniste. A ce sujet, il est noté depuis plusieurs années que les pratiques physiques à visée hédoniste sont plus propices à la santé que des pratiques à visée hygiéniste. Par conséquent, il est évident que le plaisir ne peut pas être le but de l’EPS, il en est pourtant le moyen d’en atteindre les finalités, « inaccessibles sans son entremise ». Il convient dès lors que les compétences attendues dans leur formulation, cible l’essentiel à s’approprier tant d’un point de vue formatif qu’éducatif pour ainsi aller à l’essentiel !
4 bascules indispensables sont proposées par le CEDREPS
La première bascule mise en avant consiste à mieux finaliser la formation offerte par l’EPS autant en ce qui concerne les adaptations motrices ; les principes d’intelligibilité ou de sensibilité jusqu’à la socialisation. La deuxième bascule s’attache à mieux caractériser ce qui fait culture en EPS. Le CEDREPS évoque trois mondes pris comme référence. A la fois le monde du sport, mais aussi celui de l’art et plus récemment celui de la condition physique pour proposer une « tranche de vie singulière » aux élèves. Autre bascule, celle du changement de point de vue sur les savoirs de l’EPS, leur statut et leur utilité. Le collectif insiste par exemple sur la nécessité d’afficher les savoirs le plus significatifs et seulement ceux là. Enfin, il s’agit de changer de point de vue sur les compétences et l’évaluation. Pour le CEDREPS trop de savoirs sont supposés être intégrés dans les compétences. Et le savoir essentiel serait par conséquent « encapsulé ». Une compétence devrait donc être plus précise, spécifique, observable et traduisant un gain d’efficience ou de performance pour résoudre un problème.
Sortir des classifications et promouvoir la notion de forme de pratique scolaire
Les propos du CEDREPS sont explicites, il s’agit « de ne plus s’appuyer sur des classifications d’APSA pour structurer un parcours de formation « complet et équilibré » mais de structurer autour des savoirs identifiés, en référence aux étapes du curriculum de l’élève ». Il s’agit bien ici de déconstruire les pratiques sociales et les transposer en formes scolaires adaptées à la fois aux objets enseignés et à la diversité des élèves.
Des changements sur la forme et le fond
C’est une des volontés forte du CEDREPS de laisser aux équipes pédagogiques la possibilité de définir eux même les compétences attendues dans les spécialités qui pourrait être ensuite validées par l’institution. Le programme se limitant alors à proposer plusieurs savoirs à maîtriser. Les choix s’organiseraient alors autour de 3 mondes (celui du sport, de l’art et celui de la condition physique) avec 7 expériences.
Autres changements ou pistes celle de différencier le temps d’enseignement du temps de pratiques des élèves pour par exemple, dès la fin du collège proposer des « temps de pratique autonome supervisés par un enseignant de l’équipe pédagogique ». L’idée du CEDREPS et d’utiliser ce temps pour permettre aux élèves de poursuivre la conduite de projets technique ou d’entrainement, et ainsi, « ils constitueraient une forme de situation de transition entre la pratique en EPS et la pratique à l’extérieur de l’école ».
Les propositions
http://www.aeeps.org/component/content/article/86-generale[…]
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