Par Marjorie Lévêque
Sans les nommer, Monsieur Paul Raoult, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) a fait entendre deux salves bien salées contre les options. Lesquelles en particulier, on ne le sait pas… mais on aurait presque envie d’y lire une mise au ban du latin et du grec…
Source : Wikimedia Commons |
La première a eu lieu le 23 juin dans une tribune publiée avec Maya Akkari, responsable du pôle éducation de Terra Nova sur le plus Nouvel Observateur pour attirer notre attention sur les résultats d’une enquête menée auprès d’une cinquantaine de conseils locaux qui les a poussés à publier le livret « Collège : Inventons la Réussite », résumé par 10 propositions dont la huitième est « 8. Éliminer les options ségrégatives ».
http://www.fcpe.asso.fr/index.php/focus/item/1092-college-inv[…]
http://www.fcpe.asso.fr/images/stories/fcpe/focus/Dossier_de_p[…]
L’expression est forte, mais la lecture du projet développé nous laisse toujours dans le flou. Quoi qu’il en soit, la FCPE condamne les « nombreuses options et sections créées [ au collège ], aboutissant à un système de plus en plus «filiarisé» et parfois même à une pré-orientation précoce des élèves. Cette multitude de «filières cachées» accentue bien souvent le manque d’hétérogénéité socioculturelle, scolaire, des classes ». Toutefois, elle précise qu’il ne faut pas y lire un rejet des options en soi (heureusement !), mais plutôt l’invitation à se diriger vers des « choix d’options basées sur l’acquisition du nouveau socle commun de connaissances, de compétences qui devront être proposés à tous les élèves, indépendamment de leurs résultats scolaires. »
http://www.fcpe.asso.fr/images/stories/fcpe/focus/Projet_FCPE[…]
Aucune de ces options dites « ségrégatives » n’est donc nommée clairement, mais début juin, en clôture du 68ème congrès de la FCPE à Dijon, Monsieur Raoult remet le couvert : « En organisant le tri des élèves à travers les notes et des options sélectives réservées à un petit nombre, en hiérarchisant les différentes formes de savoirs et de compétences, en hiérarchisant les voies et les filières au détriment de l’enseignement professionnel, en maintenant la course à la performance, en organisant la concurrence entre les élèves, les familles, les quartiers, le collège maintient et renforce les inégalités face à la réussite ! »…
http://www.fcpe.asso.fr/index.php/actualites/item/1118-disc[…]
Là, tout est clair : à moins d’être de mauvaise foi, on ne peut plus croire que Paul Raoult désignerait sans le dire le latin et le grec… Il semble en effet impensable que des spécialistes de l’éducation continuent à voir les langues anciennes comme des options « réservées » à une classe d’élèves favorisés… à des petits groupes privilégiés dont on écarte le grand nombre, au détriment des plus faibles qui n’y auraient pas accès…! D’autant plus que la proposition 7 était « Redonner du sens aux apprentissages » et quoi de mieux pour redonner du sens que des options qui remontent aux sources, transdisciplinaires, qui stimulent la curiosité intellectuelle… A moins que… ?
Hasard du calendrier, ou pas, Philippe Cibois vient de publier sur son blog une réponse indirecte claire et argumentée : non, le latin n’est plus l’apanage des privilégiés…
http://enseignement-latin.hypotheses.org/8315
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