« On a posé un acte significatif tout en maintenant le cap ». Ces propos de Benoît Hamon à propos du nouveau décret sur les rythmes scolaires, semble confirmés par les déclarations de la presse. On vante « l’habileté » du ministre. On le remercie pour de nombreuses consultations d’élus, y compris de l’opposition. On le félicite aussi pour la continuité de son action avec celle de V Peillon avec le maintien de 5 matinées de cours. Pourtant le nouveau décret ne règle pas tout et pourrait à son tour soulever des problèmes.
Luc Chatel s’était bien gardé de s’engager sur ce chemin. Réunissant un comité de prestigieux spécialistes, confié à Christian Forestier, il avait bien pris note des recommandations du comité. Mais il s’était bien gardé de les mettre en application, laissant cela à son successeur… C’est que modifier les rythmes scolaires impacte toute la société et est fatalement impopulaire.
Benoit Hamon a cherché à satisfaire les revendications des uns et des autres. Il n’hésite pas à rompre avec la règle des 5h 30 maximum de classe pour permettre de libérer une après-midi pour les enseignants. Les communes pourront regrouper le périscolaire sur une demi journée et libérer ainsi une demi journée de classe. Dans ces communes les enseignants seront bien sur 5 jours mais sur seulement 8 demi journées, comme sous Darcos. En regroupant le périscolaire, les villes facilitent aussi grandement le travail du directeur et limitent les mouvements d’humeur liées à l’occupation des salles de classe et à l’utilisation de leur matériel. Enfin le ministre a remis les conseils d’école dans la boucle décisionnelle. Avec cette même mesure de regroupement, le ministre facilite la gestion des communes. Elles pourront se partager les mêmes animateurs, chacune son tour et leur offrir un vrai emploi. Il rend aussi possible des organisations locales qui étaient impossibles sous Peillon. Toutes ces mesures vont dans le sens de l’apaisement dans les relations Etat-Communes. Même l’administration ministérielle y trouve son compte en faisant avancer l’idée de la baisse de la durée des vacances d’été.
Mais on voit aussi les limites de cet arbitrage. La première c’est son financement. L’Association des maires de France a estimé le cout de la réforme à environ un milliard. L’Etat a décidé de réduire ses versements aux collectivités territoriales d’environ 10 autres milliards. Cela suffit à aiguiller les protestations des élus. L’Etat devrait donc augmenter le fonds d’amorçage d’environ 400 millions. Mais il n’a pas encore décidé de le faire et il n’est pas certains qu’il trouve ces crédits.
Enfin il y a les élèves. Si le ministre prend soin de préserver 5 demi journées de classe le matin pour faciliter les acquisitions fondamentales, ses expérimentations imposeraient quand même 6 heures de classe plusieurs jours par semaine. La réforme des rythmes de B Hamon n’a pas réussi à alléger sensiblement la semaine de classe.
François Jarraud
Sur le site du Café
|