A l’occasion de la publication de son Livre blanc, le Snpden, premier syndicat des personnels de direction, met les pieds dans le plat. Ironisant sur les faiblesses de l’Etat, un peu méprisant envers les enseignants, le syndicat propose sa méthode pour lutter contre la ségrégation sociale à l’Ecole. Sa PALME brasse de l’air et ça fait du bien à l’Ecole…
GRH et harcèlement administratif
Publié il y a une dizaine de jours et commenté alors dans el Café pédagogique, le Livre blanc du Snpden est l’occasion de faire le bilan d’une décennie d’évolution du métier de personnel de direction. Selon le Snpden, le temps de travail des personnels de direction est « invraisemblable ». La moitié d’entre eux l’évalue entre 55 et 75 heures par semaine. Un gros tiers la situe entre 46 et 54 heures. Le Snpden souligne qu’il a évolué favorablement pour autant qu’on puisse le savoir car le professionnel se dilue de plus en plus dans le personnel. Le syndicat souligne que les personnels de direction font moins de tâches sans rapport avec leur métier qu’avant, comme ouvrir les portes ou surveiller les élèves.
La principale activité c’est la gestion des ressources humaines (GRH). Et pour le Snpden c’est une tâche difficile car le ministère transfert au niveau local tout ce qui est difficile. Le syndicat constate que ses adhérents doivent gérer des enveloppes d’heures supplémentaires sans avoir l’autorité pour les imposer par exemple. Une réflexion qui fait penser à l’analyse d’Anne Esquieu dans une revue ministérielle. Selon elle, les personnels de direction se rêvent faire du pilotage d’établissement et se désintéressent de la GRH et des relations humaines. La GRH c’est justement cela et non l’application de règlements…
Le Snpden se plaint du « harcèlement administratif » dont font l’objet les personnels de direction de la part de leur tutelle. Cela passe par une centaine de mels par jour demandant tout et n’importe quoi. Mais le Snpden est aussi venu avec des preuves. Ainsi cette circulaire publiée au BO du 27 mars sur l’évaluation des compétences expérimentales au bac S qui est tellement compliquée qu’elle est inapplicable. Ou « l’aide mémoire sur l’organisation du brevet ». Ou encore les circulaires académiques sur l’orientation qui peuvent aller jusqu’à 100 pages, suivies de modifications quotidiennes…Pour le Snpden, le ministère se débarrasse sur l’échelon local de ses responsabilités sans pour autant lui faire confiance.
La PALME pour la mixité sociale dans l’Ecole
« On est affolé par des évolutions en cours et leur non maitrise par l’Etat », affirme Philippe Tournier, secrétaire général du Snpden. L’absence de mixité sociale est au premier plan des préoccupations du syndicat. Il dénonce « l’ethnicisation de filières entières » au point que « c’est devenu un facteur d’orientation ». « Il se passe des choses graves », dit P Tournier. « L’Etat n’a rien fait. On a intégré l’idée que l’Ecole est inégalitaire… Ce qui est arrivé dimanche (la victoire du F.N. aux européennes) y est lié ».
Le Snpden veut prendre la question à bras le corps et propose le PALME : Plan d’Aménagement Local de Mixité à l’Ecole. Pour mettre de la mixité sociale dans les établissements, le Snpden pense qu’il faut agir localement et chercher des solutions locales et pragmatiques. « On ne trouvera pas de remède miracle valable pour toute la France. Essayons déjà de faire mieux », demande P. Tournier. Il propose la suppression d’Affelnet et la création de nouveaux secteurs mixtes socialement tenant compte des axes de transport. Des secteurs qui s’appliqueraient aussi au privé sous contrat. Pour le Snpden, on ne peut avoir en même temps la mixité et le proximité. C’est au niveau local, en associant inspection, directions, parents et élus locaux que les solutions peuvent être trouvées.
« Cette question crée de la désespérance chez ceux qui sont du mauvais coté de la barrière. Ils savent qu’ils ne peuvent pas compter sur l’Ecole », ajoute-il. « On tient des discours depuis 20 ans et on ne passe jamais à l’acte », souligne P Tournier. Il y a du ressentiment envers Vincent Peillon dans ces mots. « On est déçu », dit P. Tournier. Ah oui, « Peillon c’était un prof »…
François Jarraud
Les personnels de direction et le harcèlement administratif