Les enseignants rentreront le 1er septembre 2014 au lieu du 29 août. Les élèves le 2 septembre. Mais à lire la presse et les dépêches syndicales sur le report de la date de rentrée, ce report symbolique s’abat sur le ministre comme une volée de bois vert… Qui a buggé ?
« Je n’ai pas le beau rôle dans cette affaire. Mais la perception négative de l’affaire, nous la porterons tous ». Ces propos de Benoît Hamon sur le report de la date de rentrée ont fuité du Conseil supérieur de l’éducation réuni le 16 mai. C’est dire qu’au moment même où il annonce cette décision, qui devrait faire plaisir au moins à une majorité d’enseignants, le ministre est déjà convaincu qu’il fait une erreur.
Le ministre a décidé le 16 mai de reporter la rentrée des enseignants prévue le 29 août au 1er septembre. Il maintient l’idée d’une pré-rentrée. Par conséquent les élèves rentreront le 2 septembre. Au final, « la journée de cours des élèves, prévue initialement le 1er septembre, sera prise en compte selon des modalités décidées après concertation avec l’ensemble de la communauté éducative ». Autrement dit elle sera récupérée pour qu’on ne puisse accuser le ministre de faire cadeau ‘une journée de travail aux enseignants.
Car c’est bien le soupçon qui pèse sur cette décision. D’une part le syndicat majoritaire du secondaire s’est félicité de cette décision. D’autre part, la raison invoquée par le ministère est peu convaincante. « L’organisation de la prochaine rentrée scolaire, prévue initialement le vendredi 29 août pour la pré-rentrée des enseignants, se heurte à des difficultés organisationnelles qui pourraient compromettre l’accueil et la prise en charge d’un nombre important de personnels rejoignant l’éducation nationale pour la prochaine année scolaire », explique la rue de Grenelle. Maintenir la rentrée au 29 août ce serait « prendre des risques inconsidérés ». Mais qui peut croire que le système informatique du ministère n’est pas capable de faire rentrer les nouveaux enseignants le 29 août mais le peut dès le 1er septembre ?
Il faut donc chercher d’autres explications. Pour Le Monde, ce serait la peur d’une grève le 29 aout qui aurait fait reculer le ministre. Mais la probabilité que les enseignants se mobilisent et se lancent dans une action aussi impopulaire en tout début d’année semble bien surfaite. D’où l’autre hypothèse : Benoît Hamon aurait voulu faire plaisir aux enseignants et particulièrement au syndicat majoritaire du secondaire, le Snes. Il y a à cela des arguments. Le ministre semble nommé pour désamorcer tous les conflits qui n’ont pas été réglés par son prédécesseur. On l’a bien vu à propos des rythmes scolaires. Son parcours personnel le situe sur l’aile gauche du PS, une position assez proche de certains syndicats. Enfin le ministre connaît encore mal les subtilités de l’Education nationale…
Parce que le bilan de ce cadeau semble exécrable. Le « cadeau » ministériel est en train de se transformer en cauchemar. Comment résoudre la question de la récupération ? Faire revenir les élèves le 6 juillet 2015 semble impossible. D’ailleurs les parents de la FCPE sont contre. Faire récupérer la journée sur deux mercredis après-midi c’est pire encore. Alors que les nouveaux rythmes vont se traduire par une demi journée travaillée en plus le mercredi matin dans les écoles, la récupération le mercredi après midi ne pèserait que sur les enseignants du primaire. Dans le secondaire, le mercredi après midi est généralement travaillé et la récupération impossible. Les syndicats du primaire, y compris le syndicat majoritaire, ont unanimement dit non à cette éventualité. Ils s’opposent à tout report. Le ministre pourrait être tenté de reporter la décision finale aux hiérarchies locales. Il ne ferait ainsi qu’augmenter les inégalités de traitement entre primaire et secondaire et le rejet de cette décision.
Benoit Hamon découvre les tracas sous le cadeau. A l’Education nationale, sous le sapin il n’y a que des épines…
François Jarraud