Abrutis de travail et d’injonctions. C’est l’image que donnent d’eux-mêmes les personnels de direction consultés par le Snpden, de loin le principal syndicat de ce corps, pour la publication d’un Livre blanc. Avec des journées interminables et sous la pression constante d’une hiérarchie omniprésentes , ils ont bien du mal à vivre ce qui constitue leur raison d’être : le pilotage, l’autonomie de l’établissement.
Près de 20% des personnels de direction ont participé à l’enquête lancée par le SNPDEN en 2014. Elle aboutit à la rédaction d’un Livre blanc, exactement 10 après la publication d’un premier Livre en 2004. Sur cette décennie certains progrès sont constatés comme , par exemple, l’augmentation du nombre de CPE. Mais l’allègement de certains taches est largement compensée par la pression croissante sur d’autres points.
De 55 à 75 heures par semaine
Selon le Snpden, le temps de travail des personnels de direction est « invraisemblable ». La moitié d’entre eux l’évalue entre 55 et 75 heurs par semaine. Un gros tiers la situe entre 46 et 54 heures. Les principales activités concernent la gestion des ressources humaines, la vie scolaire et le pilotage pédagogique.
Mais cette versions statistique efface une réalité beaucoup plus dense. Il faut lire ce qui constitue la journée moyenne du chef d’établissement telle que l’établit l’enquête du Snpden. C’est une succession de tâches émiettées, pas toutes menées au bout et qui relèvent d’un inventaire à la Prévert.
Le harcèlement administratif
Qu’est ce qui gêne les chefs d’établissement ? En premier lieu le manque de personnel, qui oblige à gérer en permanence les manques. Ensuite arrive, pratiquement au même niveau les injonctions venues d’en haut. Autrement dit ce sont les conditions faites par l’échelon supérieur qui pourrissent al vie des personnels de direction. Loin derrière arrivent « certains professeurs » sur lesquels les chefs d’établissement ont peu prise. Le Livre blanc n’hésite pas à parler de « harcèlement » administratif. « Une pathologie banale de nature bureaucratique », écrit le Livre blanc, « un grand nombre de ces actes administratifs ne constitue pas la contrepartie d’un acte pédagogique ou éducatif. Il sont en quelque sorte gratuit ».
Le Snpden dénonce ce transfert de charges d el’Etat vers l’échelon local, souvent parce que la tutelle est incapable de les appliquer. Pour lui c’est « une tentation permanente de détournement des missions essentielles confiées aux établissements scolaires ». Les chefs d’établissements considèrent favorablement la mission de pilotage pédagogique mais dénoncent la gestion d’une variété croissante de personnels. La gestion des ressources humaines est devenue « un quotidien complexe et source de tensions ». Plus que jamais les personnelsd e direction dénoncent les « injonctions des tutelles ».
Alors que le développement de l’autonomie des établissements semble être considérée par l’institution comme une réponse aux problèmes de gouvernance, le Livre blanc montre que l’autonomie reste à conquérir et que l’institution continue à peser de façon inutilement lourde qur la vie compliquée des chefs d’établissement.
François Jarraud