A quoi ça sert la réussite éducative ? Pour la Journée académique de la réussite éducative, l’académie de Paris a choisi comme thème, le 7 mai 2014, « Bien être et santé ». Près de 200 personnes, coordonnateurs de réseaux, médecins et infirmiers scolaires, personnels de la Ville de Paris, représentants des associations ont travaillé en ateliers et écouté des experts. Pour quel résultat ? Les réactions aux informations données montrent que la mise en réseau fonctionne. Et la qualité des projets présentés montre que les enseignants ont intérêt à s’intéresser de près aux démarches de réussite éducative.
La réussite éducative c’est d’abord l’école ouverte. C’est cette assemblée en apparence hétéroclite de représentants du rectorat, d’enseignants coordinateurs de réseaux de l’enseignement prioritaire, de médecins scolaires , d’associations intervenantes et de personnels de la Ville réunie à Paris le 7 mai pour travailler sur le thème « Bien être et santé ».
Ce qui motive ce thème va apparaitre rapidement dans les informations données par els experts participant à la Journée. Pour Alain Brunot, responsable du pôle prévention et promotion de la santé de l’Agence régionale de santé, il suffit de suivre le RER C pour lire les inégalités de santé dans la région francilienne. Au sud ouest on est en sous mortalité, au nord est en surmortalité. Il y a deux ans d’écart d’espérance de vie entre le 92 et le 93. Les écarts sont très forts également dans Paris et ils sont aussi importants entre types d’établissement. Par exemple le taux d’enfants obèses passe de 2% dans le privé à 5% dans les zep du public. Il recule rapidement dans le privé, 4 fois moins vite en zep. Ce tableau est précisé par Taraneh Sholaei, médecin conseil de la Ville de Paris. Elle montre les fortes écarts de santé entre les arrondissements parisiens. Ainsi 11% des enfants ont des caries dans le 11ème arrondissement mais 22% dans le 10ème et 25% dans le 19ème. Elle montre l’importance du dépistage précoce, particulièrement pour les maladies longues particulièrement présentes chez les jeunes parisiens. « C’est en agissant tôt qu’on réduit les inégalités sociales de santé », dit-elle. Sur ce point le rôle des enseignants lui semble important.
Psychiatre, en charge des relais lycéens, Dominique Monchablon voit passer de nombreux lycéens en souffrance. Elle aussi insiste sur le repérage. Actuellement le délai de latence entre l’apparition des troubles et la consultation est en moyenne de 5 ans. « C’est 5 années durant lesquelles le jeune va rendre malade l’institution scolaire ». Pour elle « en milieu scolaire le repérage est entravé par des raisons institutionnelles et idéologiques ». Les troubles psychiques finissent par être vus par des corps différents dans l’établissement scolaire. L’infirmière aura connaissance des troubles anxieux du fait des somatisations. Les enseignants percevront la dépression à travers les copies et les baisses de performance. Les troubles de la personnalité seront détectés par la CPE du fait des passages à l’acte. « Si ces corps de métiers réfléchissaient ensemble et faisaient circuler l’information il y aurait des approches plus exhaustives », dit D Monchablon. « Tout est fragmenté par un turn over des professeurs et des élèves. Les cas résolus ne sont pas mis en histoire car il y a trop de travail ». D Monchablon pose aussi la question de la souffrance générée par l’institution scolaire, par exemple els difficultés d’adaptation quand l’Ecole exige le reniement des valeurs familiales ou quand le cadre est trop homogène ou trop hétérogène.
« Mais quand on détecte quelque chose, les choix politiques empechent les prises en charge », témoigne un CPE parisien. Il cite les consultations en CMP inaccessibles sur des mois ou les mesures éducatives qui mettent des mois à se mettre en place. Si l’académie de Paris a inscrit à son projet académique 2013-2016 « créer un cadre serein respectueux de tous pour des apprentissages de qualité », les représentantes de l’académie ont du mal à donner des exemples concrets de déclinaison de cet objectif. Au rectorat des personnes ressources peuvent recevoir des personnels en souffrance.
Mais la réussite éducative c’est avant tout des projets sur le terrain dans les établissements populaires. Cécile Brun-Conty témoigne dans son réseau Eclair Rouault (Paris 19eme) de l’impact d’un atelier Théâtre improvisation sur l’expression orale et l’estime de soi chez des collégiens. L’atelier a été animé par la Ligue d’improvisation. Mais des professeurs de français y ont participé. Haud Lancien-Guignolet cite un projet de médiation français chinois dans le RRS Budé. A la demande de l’école, la mise à disposition d’une médiatrice maitrisant le chinois et le français, a permis de lever des ambiguîtés entre l’école et les parents et des échanges directs entre les enseignants et les parents. La médiatrice a pu aussi aider les parents dans leurs démarches administratives et de santé. Finalement la réussite éducative c’est à tous les niveaux cette meilleure compréhension de l’école.
François Jarraud