Le Journal officiel du 26 mars publie la liste de la centaine de collèges expérimentant dans 13 académies le dernier mot aux parents à l’issue de la troisième. Cette expérimentation découle des arbitrages rendus lors de la rédaction de la loi d’orientation. Que penser de cette formule ?
Un décret publié en janvier 2014 a défini la procédure appliquée dans ces collèges. « Lorsque les propositions du conseil de classe sont conformes aux demandes des responsables légaux de l’élève ou de l’élève majeur, le chef d’établissement prend les décisions d’orientation conformément à ces demandes et les notifie aux responsables légaux de l’élève ou à l’élève majeur. Lorsque ces propositions ne sont pas conformes aux demandes, le chef d’établissement ou son représentant avec le professeur principal de la classe reçoivent l’élève et ses responsables légaux afin de leur expliquer les propositions du conseil de classe, de recueillir leurs observations et de proposer un entretien avec un conseiller d’orientation-psychologue dans un délai de cinq jours ouvrables. Si, au terme de ces cinq jours, le cas échéant après une nouvelle rencontre avec le chef d’établissement ou son représentant organisée à la demande de l’élève et ses responsables légaux, ces derniers maintiennent leur choix, le chef d’établissement prononce une décision d’orientation conforme à ce choix. Il en informe l’équipe éducative ».
Aujourd’hui en fin de troisième, 65% des élèves sont envoyés en seconde GT et 32% en seconde professionnelle ou CAP. Quelques progrès ont été réalisés depuis 1997, le taux de passage en 2de GT étant passé de 59 à 65%. Le taux de redoublement a reculé passant de 7 à 3%. Les appels pour décisions d’orientation ne concernent que très peu de cas et les décisions finales prises contre le gré des familles sont encore plus rares. Voilà qui plaide en faveur du libre choix des familles.
Pour autant les décisions d’orientation ne sont pas à l’abri des inégalités sociales. Ainsi si 89% des enfants de cadres sont orientés en 2de GT, ce n’est le cas que pour 36% des enfants d’inactifs et 43% des employés de service. Or les demandes des familles sont en cause selon une étude de la Depp. Ainsi 91% des cadres demandent la seconde GT pour leur enfant quand ce n’est que 36% des inactifs. A notes égales, les écarts de souhaits entre les classes sociales sont importants. Quand ils sont très bons, 98% des enfants de cadres demandent la seconde GT quand c’est seulement 80% des enfants d’ouvriers non qualifiés.
La conclusion c’est qu’on ne saurait, dans tous les cas, faire l’impasse d’une véritable éducation à l’orientation. Mais celle-ci peut elle avoir lieu si l’élève et sa famille sont convaincus que la décision finale sera prise sans eux ?
François Jarraud
Au JO
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?c[…]
Etude Depp
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2013/76/6/DEPP_NI_[…]
Sur le site du Café
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