Peut-on apprendre par soi-même ? A l’époque des Moocs, des jeux sérieux, du développement d’Internet et de la mobilité, la question d’un autre modèle d’apprentissage est posé. Le numéro de mars de Sciences humaines relève le défi des autres formes d’apprentissage en faisant appel aux meilleurs spécialistes. Et la Semaine de l’éducation mobile attire aussi l’attention sur le processus éducatif.
Dans Sciences humaines de mars, Gilles Brougère revient sur l’apprentissage par le jeu. « La dérive française est de penser que l’on ne peut apprendre que lorsqu’on a conscience de ce que l’on apprend et que l’on a mis en place les dispositifs d’apprentissage. Lorsque le jeu est utilisé ainsi en classe il perd ses caractéristiques : l’incertitude est levée par l’enseignant, la dimension de frivolité laisse la place au sérieux éducatif ».
Mais il revient à André Tricot d’aborder la question essentielle. « Peut-on se passer des profs ? ». « Nombre de personnes « , note-il, « ne savent pas en quoi consiste le métier d’enseignant. Ils ne le savent pas parce qu’ils ne font pas la différence entre enseigner et apprendre. .. Les humains ont une capacité d’apprentissage par adaptation fabuleuse. L’enseignement existe pour pallier les limites de cet apprentissage. .. L’école sert à ce que tous els enfants apprennent des connaissances qui ne correspondent ni à leur environnement immédiat ni à leur passion. Le coeur du métier d’enseignant réside dans cette capacité à faire apprendre à tous les élèves des connaissances qui ne leur sont pas immédiatement utiles, ne les passionnent pas particulièrement ».
Cette réflexion sur le métier et le caractère incontournable du professeur est aussi en filigrane dans les débats de la semaine du mobile dans l’éducation. L’utopie de l’apprendre partout et tout le temps se heurte à la réalité des systèmes éducatifs. Les outils mobiles perturbent l’organisation scolaire. Mais finalement ils en ont besoin pour que les élèves en tirent partie. C’est la capacité des enseignants à faire le lien entre eux et les élèves, entre ces savoirs disponibles et les stratégies d’apprentissage qui font la différence. Partout l’accès plus facile en apparence au savoir s’accompagne d’une requalification des enseignants et de nouvelles exigences sur leur formation.
François Jarraud