Le Web 2.0 c’était la coopération. Place maintenant au Social 3.0, le temps de la collaboration pour comprendre. En ouverture de la Semaine de l’éducation mobile organisée par l’Unesco, l’atelier de C Norris et E Soloway propose les nouveaux outils d’un enseignement qui a mis l’élève au centre.
Il y a des choses qui semblent aller de soi dans cette assemblée d’une quarantaine d’enseignants venus des Etats-Unis, de Turquie, de Singapour ou de Malaisie. Des pays fort différents mais où l’école anglo -saxonne, celle de Dewey, a planté ses marques. Par exemple, des adages. « Celui qui n’est pas capable d’expliquer de trois façons différentes sa leçon n’est pas capable d’être professeur » affirme Cathie Norris, dans l’approbation générale. Répéter n’a rien d’un art de l’enseignement. « Il n’y a rien de mieux qu’apprendre en faisant », écrit Elliot Soloway, et ça semble à tous une évidence.
L’école du Web 2.0 au Social 3.0
Cathie Norris, professeur à l’Université du Nord Tecas et Elliot Soloway, professeur à l’Université du Michigan, sont les deux fondateurs de « Intergalactic Mobile Learning Center » (IMLC), un éditeur de logiciels financé par leurs deux universités. Truculent, drole, volubile, E Soloway électrise la salle que C. Norris prêche par la raison et la douceur. Tous deux n’hésitent pas comme les prêcheurs à faire des prédictions.
Leur principale prédiction c’est qu’on va passer du Web 2.0, l’époque de Facebook, au Social 3.0. Les technologies mobiles envahissent le monde avec des outils, tablettes et smartphones, au prix toujours plus bas et à la puissance toujours plus grandes. Alors que l’école a loupé la révolution de l’ordinateur, celle d’Internet et de l’ordinateur portable, elle ne va pas manquer celle des technologies mobiles. Car il y a déjà plus de 5 milliards de téléphones mobiles dans le monde. En 2015 tout enfant dans n’importe quelle école des pays développés aura son smartphone ou sa tablette. Ces nouveaux outils seront disponibles en permanence pour l’enseignement. La révolution du Social 3.0 est en marche. Pour C Norris et E Soloway, en 2015, les programmes seront revus pour utiliser les capacités de ce soutils, les élèves auront des logiciels collaboratifs. Et les parents vivront la preuve que le « learn by doing » avec des outils collaboratifs c’est efficace…
Une suite logicielle pour collaborer
C. Norris et E Soloway font leur part dans ce travail en éditant des logiciels qui permettent le Social 3.0. Leur suite, Wecollabrify veut « amener les élèves à échanger et à construire une compréhension commune ». Pour exu la collaboration c’est la compréhension en commun dans la classe, en synchrone. L’outil phare c’est Wekwl. Ce logiciel gratuit pour Android et Apple (bientôt Windows 7 et 8) permet de travailler ensemble à l’intérieur d’un groupe d’amis. « Les élèves voient l’idée du copain s’inscrire à l’écran », explique E Soloway. « Ca rend visible le raisonnement d’un élève aux autres. La technologie encourage l’entraide et la construction en commun. De nouvelles idées naissent de cette confrontation ». Le professeur peut se connecter à chaque groupe pour voir le travail se construire. Chaque groupe peut enregistrer le travail réalisé ensemble.
Un autre logiciel, WeMap , permet de construire des cartes heuristiques en commun. Là aussi le professeur voit le travail du groupe et il eput voir si un élève a mis plus de contenus que d’autres. WeMap s’interface aussi avec HangOut une messagerie vocale sous Android.
Yes, We Khan !
Le dernier bébé de l’IMLC c’est « YesWeKhan », un logiciel qui permet de partager un écran commun tout en regardant dans un groupe une des vidéos de la Khan Academy. C Norris et E Soloway y croient beaucoup. « On apprend en partageant avec quelqu’un. On n’apprend jamais seul. Ca permet à chaque élève d’expliquer ce qu’il comprend aux autres alors que la Khan Academy a juste prévu de repasser la vidéo ».
On touche là à la limite du genre. Les difficultés de compréhension peuvent-elles toutes disparaitre dans le groupe d’élèves ? Surement pas. Les auteurs ne sont pas dupes des difficultés. Ils observent comment garçons et filles s’emparent fort différemment de leurs logiciels. Mais les outils de l’Intergalactic Mobile Learning Center fabriquent de la société et civilisent les jeunes. Ils développent ce que notre système éducatif ne sait pas bien faire. des apprentissages basés sur la compréhension plus que sur le par coeur. Des compétences mises en action. Des compétences sociales jugées aussi indispensables que le savoir. Il y a du chemin de l’Ecole.0 au Social 3.0… La Semaine de l’Education Mobile n’a pas fini de nous le rappeler…
François Jarraud