Pourquoi la mise en place des nouveaux rythmes scolaires se passe-t-elle bien à certains endroits ? Pour le savoir et sans doute aussi pour le promouvoir, George Pau-Langevin s’est déplacée le 10 février à Moissy-Cramayel, une commune de la ville nouvelle de Sénart qui a connu une multiplication par 8 de sa population en 40 ans. La commune scolarise 2 400 enfants dont 160 à l’école maternelle Jatteau où a lieu la signature du premier Pacte local de réussite éducative.
Le premier pacte local de réussite éducative
La réussite éducative c’est le crédo de G Pau-Langevin. « Vous concrétisez quelque chose pourquoi nous nous battons », dit-elle au maire et aux représentants des associations partenaires de l’école. « Pour élever un enfant on a besoin de parents qui se sentent épaulés », ajoute la ministre. « Les associations et l’école ont un rôle complémentaire. L’éducation nationale ne peut pas tout faire toute seule. Le pacte est une façon de décliner avec tous les participants les valeurs qu’on respecte ensemble et une façon de reconnaitre le travail du partenaire sans lequel il manque quelque chose ».
Autour de la table, pour la signature du premier pacte local de réussite éducative, il y a une directrice d’école, la principale du collège et le proviseur du lycée de Moissy. Et aussi les représentants d’une dizaine d’associations locales qui participent à la vie éducative locale : les associations de parents d’élèves mais aussi le club de judo local, une association de théâtre, les amis des jardins moisséens ou la coordinatrice Lire et faire lire. Toutes ce associations participent à l’accueil des enfants sur le temps scolaire. Elles ont chacune une anecdote à mettre en avant sur leur rôle éducatif. IL faut que Florence Rabine, rectrice de Créteil, leur rappelle qu’elles n’ont pas le monopole du plaisir éducatif : « »On peut aussi avoir du plaisir à apprendre à l’école ».
« Ici la mise en place des rythmes s’est passée sans problème« , nous a dit la directrice de l’école, Valérie Bourdenet. On la croit volontiers car la signature de son école c’est l’absence de tensions. Les enseignants accueillent la ministre avec beaucoup de gentillesse. Les parents , qui viennent chercher les enfants au moment où la ministre sort des classes, également. A Moissy il semble qu’on soit à des milliers de kilomètres d’Evry, où une manifestation de « gilets jaunes » hostiles aux rythmes a eu lieu quelques jours auparavant. Ici tout est calme et détente. La ville a choisi après consultation des horaires de classe de 8h30 à 11h30 puis de 13h30 à 15h45.
Les recettes du succès
Mais comment font-ils ? Le maire, Jean-Jacques Fournier, « a accueilli avec joie » les nouveaux rythmes et le retour aux 5 jours. « J’ai du mal à comprendre les difficultés dénoncées par certains », nous a-t-il déclaré. Lui n’a pas de problème pour trouver des intervenants. Pas de problème pour financer le périscolaire. Tout simplement parce que la ville a choisi dès les années 1990 de développer un projet périéducatif local. La première charte éducative date de 1996. Le premier CEL de 1999. Le projet éducatif local a été finalisé en 2010 et en 2013 Moissy a signé le premier PEDT de Seine et Marne.
Quand la réforme est apparue en 2013, la ville avait déjà organisé ses services périéducatifs. « On avait un centre de loisirs le mercredi avec déjà énormément d’enfants », nous a confié le maire. « On avait déjà des ateliers depuis 20 ans. On a simplement demandé aux animateurs qui venait à 16h30 de venir à 15h45. On n’a aucun mal à trouver des gens pour venir s’occuper des enfants ». La ville en occupe une centaine. La réforme n’a pas plus creusé le déficit communal parce que la ville est en expansion et qu’elle avait déjà beaucoup investi dans l’éducation. « »On demande une participation aux usagers en fonction du quotient familial pour que les contribuables ne soient pas les seuls à payer », précise le maire qui assure que ça ne pose pas de problèmes.
Et avec les enseignants ? Pour le maire c’est la plus grande difficulté rencontrée. « Leur demander d’abandonner le mercredi libre je comprends bien que c’était un bouleversement. Il a fallu plusieurs réunions où on a présenté plusieurs projets pour que enseignants et parents puissent choisir ». Aujourd’hui, « une grande majorité des enseignants ont adhéré au projet ».
Sans doute ont-ils été aidés par les caractéristiques architecturales des écoles. « On e partage pas les salles de classe avec le périscolaire », nous a dit V Bourdenet. Seule la salle de motricité est partagée durant la semaine mais jamais durant la même journée suite à un accord avec la mairie. La ville a aussi fait un gros effort pour concevoir des écoles adaptées à l’enseignement. A l’école maternelle Jatteau, l’école ne compte aucun couloir. On accède directement dans les salles de classe. L’espace prévu pour els couloirs (20% de la superficie) est investi dans les salles de classe. Chacune fait 70 à 80 mètres carrés et comporte un coin atelier. Ces larges espaces participent aussi à la réussite éducative.
François Jarraud