Un brûlot, l’ABCD de l’égalité ? Une lecture attentive du texte suffit pourtant à s’assurer qu’on est loin du tissu d’aberrations dénoncés par ses détracteurs. Mais ceux-ci ne cherchent pas à être plausibles. En jouant sur la frustration et le dépit de familles qui se sentent délaissées par l’institution scolaire, ils brandissent l’illusion d’un ordre traditionnel dont les foyers seraient garants et qui les protégerait contre les transformations imprévisibles de la société.
Favoriser la fluidité dans le partage des rôles, des fonctions, des compétences de tous les membres de la société, est un enjeu majeur face au défis du monde qui s’ouvre. Enfermer chacun dans les limites de stéréotypes hérités, qui gardent sans doute leur attrait dans le jeu social des convenances privées, mais qui entravent inutilement bien des talents et des aspirations, est une réaction vaine et dangereuse.
A l’heure où le gouvernement annonce qu’il repousse à 2015 l’examen du projet de loi sur la famille, Najat Vallaud Belkacem, Ministre des Droits des Femmes, tient bon sur le projet de l’ABCD de l’égalité, en dépit des attaques.
Sa force ? Le soutien de l’opinion publique majoritairement favorable au dispositif et à l’idée de l’égalité des sexes. Elle peut aussi compter sur le soutien de la profession, manifesté par les deux premiers syndicats d’enseignants du primaire. L’Ecole serait-elle plus forte que la ténacité des préjugés ?