Selon un sondage publié par Le Parisien le 2 février, 52% des Français auraient une mauvaise opinion de Vincent Peillon et 31% une bonne opinion. Les trois quarts des sympathisants de gauche le jugeraient positivement alors que 88% des sympathisants de droite le jugeraient insupportable, ce qui montre une politisation forte de son image. Le même clivage se retrouve sur la réforme des rythmes, rejetée par 63% des parents d’enfants scolarisés et 74% des sympathisants de droite alors que 70% des sympathisants de gauche y sont favorables. Une majorité de Français se déclare favorable à l’enseignement de l’ABCD de l’égalité mais 40% des Français, 63% des sympathisants de droite ont peur d’un enseignement de la théorie du genre.
Mais comment interpréter ces données ? On peut rapprocher ces chiffres du sondage yougov.fr de la mi janvier sur l’opinion des Français envers les responsables politiques français. Vincent Peillon y était crédité de 5% d’opinion favorable et 20% de défavorable. François Hollande avait 17% de favorable et 77% de défavorable, son gouvernement 79% de défavorable. Autrement dit, l’impopularité générale du gouvernement est probablement à prendre en compte dans celle de Vincent Peillon.
Le principal enseignement de ce sondage c’est la politisation de l’éducation. Ce que montre l’enquête BVA – Le Parisien, c’est que l’éducation est devenue un sujet politique. En pleine campagne des municipales, la question des rythmes scolaires s’est politisée. Les tentatives de l’UMP d’en faire un élément de reconquête du pouvoir trouvent un certain écho. On voit bien aujourd’hui comment la question de l’égalité des sexes est récupérée politiquement par une partie de la droite. On a là peut-être le vrai échec du gouvernement. Cette politisation empêche toute solution des vrais problèmes de l’éducation nationale.
Le sondage met en évidence la question sociale en matière d’éducation. Si 54% des catégories favorisées ont un regard positif sur l’éducation nationale, 53% des catégories défavorisées en ont une image négative. Cela s’explique aisément par le tri social que l’Education nationale opère, par le taux d’échec scolaire lié en France plus que partout ailleurs à la situation sociale. Notons aussi que cela veut dire que le clivage social ne recoupe pas forcément la coupure politique…
Or c’est justement quand l’Education nationale tente d’y répondre en intervenant sur le terrain de l’éducation qu’elle rencontre cette politisation et cette opposition. Malgré les maladresses, développer le périscolaire, mener une politique d’égalité des sexes va dans le sens de la réduction des inégalités scolaires et sociales. C’est aussi l’intérêt général. Mais plus il avance dans cette direction, plus le gouvernement s’éloigne du consensus nécessaire àla refondation de l’éducation. Les Français ne sont-ils d’accord que pour regarder le navire couler ?
François Jarraud